Un crime absurde (Camus)
Publié le 27/06/2014
Extrait du document


«
Même si ce mouvement n’a guère de signification en temps normal, il prend ici une importance
démesurée, comme le souligne la répétition du mot « pas » : « je ne me débarrasserais pas du
soleil en me déplaçant d’un pas.
Mais j’ai fait un pas, un seul pas en avant ».
C’est alors que tout s’enchaîne : l’Arabe tire son couteau, où se réfléchit le soleil qui éblouit
Meursault.
Simultanément (« au même moment »), la sueur coule sur le visage de Meursault et
l’aveugle un peu plus.
La troisième étape est marquée par une formule d’emphase, visant à mettre en valeur une
action : « C’est ici que tout a vacillé » : ce sont à présent tous les éléments naturels qui semblent
se lier contre lui, en ce qui ressemble à une apocalypse (« la mer a charrié un souffle épais et
ardent », « le ciel s’ouvrait […] pour laisser pleuvoir du feu.
»)
Une autre formule d’emphase souligne la quatrième étape, le coup de revolver : « c’est là […]
que tout a commencé ».
Enfin, c’est le connecteur logique « alors » qui signale la dernière phase : les autres derniers
coups de feu.
B – Un personnage qui subit
À aucun moment Meursault ne semble avoir le choix de ses actions : le seul geste qu’il fait (le
pas en avant) et qu’il regrette aussitôt (« Je savais que c’était stupide ») ressemble à un geste
instinctif (il cherche simplement à se débarrasser du soleil), mais provoque toute une série
d’événements dont il semble être le spectateur impuissant.
Même le coup de revolver est indépendant de sa volonté : ce n’est pas lui qui appuie sur la
gâchette, mais la gâchette qui se déclenche seule : « la gâchette a cédé ».
Ce n'est pas lui qui tue délibérement, c'est sa main, il est entièrement déposédé de son corps. Il semble en quelque sorte manipulé par les objets (le revolver et le couteau de l’Arabe, qui agissent sur lui plutôt qu’il n’agit sur eux) et par son environnement (le soleil tout d’abord, mais également la mer et le ciel par la suite). C – Le thème de l’aveuglement La dimension tragique de la scène est également présente sous la forme d’un thème qui n’est pas sans rappeler Œdipe, à savoir l’aveuglement. Si Œdipe se crève lui-même les yeux pour se punir, ici c’est un élément extérieur, le soleil, qui aveugle le personnage. Il aveugle à la fois par sa lumière, vue comme une longue lame étincelante, et par sa chaleur, qui fait transpirer Meursault : la sueur lui coule sur les yeux et les couvre « d’un voile tiède et épais », d’un « rideau de larmes et de sel ». Symboliquement, ce n’est qu’après avoir tiré la première fois que Meursault voit de nouveau, en secouant « la sueur et le soleil ». C’est alors que le voile se lève et qu’il prend conscience de son geste et de ses implications : « J’ai compris que j’avais détruit l’équilibre du jour ». Transition : La dimension tragique de ce passage ne fait cependant pas de Meursault un héros de tragédie : terrassé par la chaleur, à peine acteur de ce geste qui va pourtant bouleverser sa vie, Meursault apparaît à plus d’un égard comme un anti-héros, même si son acte l’amène à ce qui semble être une prise de conscience III – Un anti-héros ? A – Un acte inexplicable Meursault ne peut acquérir un statut de héros tragique car rien n’explique son geste, même pas la légitime défense : l’Arabe était loin de lui et n’était armé que d’un couteau, Meursault aurait pu se contenter de l’intimider. C’est ce qui lui sera reproché au procès, de même que les quatre coups tirés ensuite, qui anéantissent l’argument de la légitime défense.. »
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