Devoir de Philosophie

Une soirée chez le cardinal de Retz

Publié le 13/02/2012

Extrait du document

retz

Les Femmes savantes furent représentées le 11 mars 1672. Quelques jours après Molière vint lire la pièce chez le cardinal de Retz : "Nous tâchons d'amuser notre bon cardinal, écrit Mme de Sévigné; Molière lui lira samedi Trissotin, qui est une fort plaisante chose." - Ecrire la lettre par laquelle Mme de Sévigné raconte cette soirée à sa fille.

Paris, ce 20 mars 1672.

Croyez-vous, ma fille, que notre bon cardinal soit l'homme le plus heureux de la terre ? Non, me direz-vous, puisqu'il vieillit dans la disgrâce et que l'inaction lui pèse. Eh bien! vous vous trompez. Tout le monde s'empresse autour de lui pour le consoler et le distraire, si bien qu'il jouit mieux de son infortune que d'autres de leur triomphe....

retz

« ces selles à tous chevaux qui n'exigent que peu d'invention.

Henriette est une fille à marier.

Trois pecques, ·- mère, tante, sœur, -'--- lui voudraient faire épouser, contre sa volonté et pour l'amour de la poésie, un certain Trissotin, maître ès sonnets galants et autres telles épiceries.

Elle parvient à épouser enfin celui qu'elle a choisi, grâce à son père et à son oncle, grâce surtout au bon plaisir tout puissant de l'auteur.

C'est tout.

Mais dans ce cadre, que de scènes amusantes, et comme les personnages se trouvent habilement.

figurés! Au premier plan, le trio entêté de science.

Elles· savent la grammaire, elles savent l'astronomie, elles savent la philo­ sophie, elles savent la physique; que ne savent-elles pas? et elles en mettent partout.

La bell~ conquête, en vérité! Philaminte est une sorte de Grand­ Turc enjuponné; impérieuse, dure, elle gouverne sa maison, y-compris son mari, au doigt levé, tyranniquement.

Chose abominable! on la voit sacrifier, sans l'ombre d'un scrupule, le bonheur et l'avenir de sa propre fille.

Sa belle-sœur Bélise n'est qu'une oie bridée qui va droit.

aux petites-maisons.

Elle se croit aimée de quelqu'un· qui se soucie d'elle autant que de son pr'emier haut-de-chausse; nul moyen de la sortir de là.

Pour Armande, ~œur d'Henriette, la détestable personne! Elle est moins folle que sa tante; mais èomme elle est fausse, jalouse, aigre, méchante! ...

D'autres personnages font contraste à ces sottes orgueilleuses.

Henriette est simple et gaie; elle a un jugement sain; elle me plairait infiniment ·si elle n'était « un peu forte en gueule ».

Rien ne dispense une fille du respect qu'elle doit à sa mère.

Elle a grandement raison de préférer Clitandre à Trissotin; cet homme-là parle d'or et je suis toujours de -son avis.

D'où vient donc que je ne puis parvenir à l'aimer? · J'aime Chrysale pour la figure amusante qu'il fait auprès de sa femme Philaminte; elle absente, il retrousse fièrement sa vieille moustache, et jure qu'il ne se laissera point, ~ non, morbleu! ·- conduire par le bout du nez.

Elle paraît; tranche-montagne redevient tout soudain petit gàrçon.

Avec ~ela, il a un gros bon sens et un cœur excellent; c'est bien le meilleur homme du monde.

Je lui trouve un certain air de ressemblance avec notre bon Abbé; cette rencontre m'a fait bien rire.

Je veux voir là mine de nos savantes lorsqu'elles l'entendront juger leurs billevesées.

Il y a une servante qui entre pleinement à ce sujet dans les idées de Chrysale; mal lui en prend : pour avoir manqué à la grammaire, on lui signifie son congé.

· Si, de fortune, elle vient frapper à votre porte, ne la refusez.

pas; elle a nom Martine et parle jargon, mais je vous la garantis bonne cuisinière.

· Trissotin et son compère Vadius, qui embobelinènt les ·esprits faibles et introduisent la discorde au sein d'honnêtes familles sont deux cuistres bons à .

mettre dans le même sac.

Ils mériteraient le nâton.

Nous avons eu un moment l'espoir ·de les voir se charger eux-inêmes de cette besogne et s'administrer mutuellement une salutaire correction : ·après s'être abordés ·avec de fins compliments, ils se quittent en s'injuriant comme des bouviers.

La scène est des plus comiques.

Toutefois j'en veux à Molière d'avoir visé Ménage dans Vadius et l'abbé Cotin dans·Trissotin.

La chose ne se peut nier; le dessein est trop visible; d'ailleurs ni l'auteur ni Despréaux ne s'en ca­ chent.

Je n'ai pu me garder d'exprimer à haute voix mon sentiment là­ ·dessus.

Cela est d'un bel exemple vraiment, que de se manger ainsi les oreilles! A quoi bon mettre le public dans le secret de ces inimitié.s~là? Est-ce que cela l'intéresse? Il répète avec Martine : Qu'ils s'accordent entre eux ou se gourment, qu'importe? Vous me direz que Cotin doit au contraire à son ennemi de la reconnais­ sance, puisque, grâce à lui, le voilà assuré de vivre dans la mémoire des générations.

Etre empaillé pour les siècles dans une attitude ridicule? ~erci.

de .votre.

gloire, ma fille ..

Je songe plutôt que le génie est un privi­ lege a fa1re trembler; ses momdres actes ont parfois.

des conséquences infi~ies.

La pierre I>hilosophale changeait ()nor ce qui .l'approchait; le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles