Vallès journaliste et romancier

« d'un blagueur ( 1869), autant de feuilletons plus ou moins avortés, qui témoignent d'influences littéraires dont aucune n'est décisive.

Seule émerge cette ébauche de L'Enfant, le feuilleton Le Testament d'un blagueur, qui agglomère l'évocation de l'enfance autour d'un souvenir charnel, unique et global (La Polonie), et« blague» le pathétique de la sainte Trinité : Père, Mère, Fils; c'est là l'embryon de l'œuvre qui devait peindre la génération de la défaite sociale et poli­ tique (de juin 1848 à mai 1871 ), vieux projet vallésien.

Car Vallès était né en 1832, au Puy, et avait vécu, à Nantes, le printemps de 1848 : «conscrit révolutionnaire», seize ans; dans sa vingtième année, le «coup de maillet» du 2 décembre...

L'échec politique et social coïncide avec l'échec scolaire (baccalauréat), et «couronne» l'échec d'une enfance, d'un déclassement et d'une culture.

Romancier privé de toute «destinée» de romancier, provincial incapable de créer des destinées de provinciaux, Vallès doit parcourir, en journaliste toujours provisoire, le second Empire, pour découvrir, dans la solitude de l'exil, ce qu'il a à « romancer».

Certes, le journaliste Vallès a préparé le romancier et les révoltes du pamphlétaire ont forgé le romancier de la révolte.

Mais l'inverse est vrai: il fut pamphlétaire à cause d'une enfance malheureuse.

Cette prétendue destinée de journaliste n'est elle-même qu'un envers déterminé par l'échec universitaire, par le refus des carrières littéraires ou juridiques : on ne sera ni professeur ni avocat.

La «vocation» journalistique de Vallès est à la fois un acquiescement à son temps et une négation de ce temps : l'adhésion provocante et lyrique de la première «œuvre» de Vallès, à vrai dire brûlot publicitaire, L'Argent, dédié au financier Mirès, en 1857, ne dément qu'en apparence l'attitude initiale de refus qui, en Vallès, naquit de l'expérience amère de ce qui fut plutôt prolétariat intellectuel que bohème littéraire; L'Argent ouvrit à Vallès les portes du journalisme, c'est-à-dire du Figaro.

Il y donna, en 1861, son premier célèbre article, titré, comme le sera son premier livre, Les Réfractaires, et, en 1862, son article capital, Les Victimes du livre : il avait été lui-même un «réfractaire» et une «victime du livre».

Mais ce journalisme, auquel Vallès paraissait acquiescer comme à la forme la plus moderne, la plus industrielle, la plus populaire de la pensée imprimée, était chez lui hanté de protestations, de. »