VAUGELAS (Claude Favre de)
Publié le 20/05/2019
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VAUGELAS (Claude Favre de), grammairien et écrivain français (Meximieux 1585 - Paris 1650). Son père, Antoine Favre, était un magistrat (sénateur en Savoie, il devint en 1597 premier président du Conseil de Genevois à Annecy) épris de belles-lettres (il travailla à la publication des Épltres morales d'Honoré d'Urfé et fonda avec François de Sales l'Académie florimontane). Vau-gelas entra au service du duc de Nemours et lors de ses séjours à Paris fut en relation avec le cardinal du Perron, Malherbe, Faret, le salon de Mme de Rambouillet (où sa connaissance des langues étrangères fit de lui une sorte d'introducteur des écrivains espagnols et italiens : il y présenta ainsi Marino, l'auteur de l'Adone}. Et, surtout, il y introduisit Coëffeteau, qui le poussa à traduire les sermons de Christobal de
«
Fonseca
(1615).
n se lança ensuite dans
une traduction de la Vie d'Alexandre de
Quinte-Curee, qui l'occupera toute sa vie
et qui ne para!tra qu'en 1653.
Pensionné
par Louis XIII (1618), Vaugelas obtint
en 1626 la charge de gentilhomme
ordinaire de Gaston d'Orléans : il suivit
son protecteur dans sa rébellion contre
le pouvoir royal.
Rentré en France, il fut
l'un des premiers membres de l' Acadé
mie française, à laquelle il fit part dès
1637 de « plusieurs belles et curieuses
observations sur la langue », qui consti
tuent une première ébauche des Remar
ques sur la langue française, utiles à
ceux qui veulent bien parler et bien
�crire ( 164 7).
Mais, sans ressources.
Vaugelas sera réduit à dénoncer les
repris de justice qui vivaient largement
sans avoir purgé leur peine ni payé leur
amende.
avant que Richelieu ne réta
blisse sa pension et ne lui confie.
en
1639, la préparation du Dictionnaire de
l'Académie.
Devenu gouverneur des fils
du prince Thomas de
Savoie-Cari gnan , Vaugelas mourra cependant a ccablé de
dettes.
Ses Remarques paraîtront en
1687, dans une nouvelle édition avec des
notes de Thomas Corneille, puis en 1704
avec des observations de l'Académie
française.
Ni par la forme de son œuvre ni par
sa méthode, Vaugelas n'apparaît comme
un grammairien, au sens moderne du
mot.
Ses Remarques se présentent plutôt
comme un chapitre d'un code de savoir
vivre.
Son rôle essentiel est d'avoir défini
une éthique linguistique en rapport avec
un mode de vie propre à une certaine
société.
Vaugelas présentait son œuvre
non comme le bilan dogmatique d'un
savant, mais comme le témoignage d'un
« honnête homme » : « Je ne prétends
passer.
dit-il dans sa Préface, que pour
un simple témoin qui dépose ce qu'il a
vu et oui.
>>
L'absence délibérée de classement
dans l'édition que Vaugelas donna lui·
même des Remarques ajoute au livre
l'agrément d'un entretien familier à
bâtons rompus.
Cependant.
tel quel,
l'ouvrage risquait de laisser le lecteur
sur son désir d'un exposé d'ensemble.
Aussi, au moment de le livrer au public, Vaugelas
sentit la nécessité d'un effort
de synthèse en vue de dégager les
principes généraux auxquels il avait plus
ou moins consciemment obéi : il le fit
dans une préface substantielle expri
mant les points fondamentaux de sa
doctrine.
Celle-ci est simple et tient dans
le mot d'us ag e.
La reconnai ssance de la
souveraineté de l'usage n'était pas une
nouveauté : elle était déjà proclamée
dans l'Art poétique d'Horace.
Pourtant,
on la chercherait en vain dans le princi·
pal manifeste linguistique du siècle pré·
oédent, la Défense et Illustration de la
langue française : elle implique en effet
une attitude tout opposée à celle de la
Pléiade, en excluant toute recherche de
singularité dans l'expression.
Ce qui est
plus nouveau.
c'est l'analyse que Vauge·
tas fait de cette notion assez vague
d'usage.
En distinguant le bon et le
mauvais.
définis par référence à des
catégories sociales.
il traduit en juge
ment de valeur l'ébauche d'une différen
ciation de systèmes linguistiques.
Seul
l'intéresse le «bon usage».
celui de
l'élite ; tout ce qui s'en écarte est désigné
sous le nom général de « mauvais
usage » : c'est le domaine du grand
nombre.
Vaugelas ne manque pas une
occasion de marquer sa désapprobation
du mot fameux du « plus célèbre de nos
écrivains » (Malherbe), qui prétendait
prendre comme maltres de langage les
croche tems du Port-au- Foin.
Sa principale référence est la Cour, et,
s'il arrive qu'elle soit partagée.
« la plus
saine partie de la Cour » -.
il faut bien
en venir à des appréciations subjectives.
La caution de « la plus saine partie des
auteurs du temps » est une garantie
supplémentaire.
Il est rare qu'apparais
sent dans les Remarques des cas de
divergence entre les bons écrivains et les
courtisans recommandables; à l'occa
sion, cependant, Vaugelas met en garde
contre l'emploi de termes admis par les
meilleurs auteurs.
mais qui risqueraient
d'être mal compris par les femmes ou
par « les courtisans qui n'ont pas étu ·
dié ».
Enfin, dans les cas où l'usage est
malaisé à discerner, il a recours à
l'opinion des doctes ou à un raisonne
ment fondé sur l'analogie.
Mais jamais.
»
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