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VERLAINE : La Bonne Chanson

Publié le 11/02/2011

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verlaine

Le soleil du matin doucement chauffe et dore Les seigles et les blés tout humides encore, Et l'azur a gardé sa fraîcheur de la nuit. L'on sort sans autre but que de sortir : on suit, Le long de la rivière aux vagues herbes jaunes, Un chemin de gazon que bordent de vieux aunes. L'air est vif. Par moment un oiseau vole avec Quelque fruit de la haie ou quelque paille au bec, Et son reflet dans l'eau survit à son passage. C'est tout.

Mais le songeur aime ce paysage Dont la claire douceur a soudain caressé Son rêve de bonheur adorable, et bercé Le souvenir charmant de cette jeune fille, Blanche apparition qui chante et qui scintille, Dont rêve le poète et que l'homme chérit, Évoquant en ses vœux dont peut-être on sourit La Compagne qu'enfin il a trouvée, et l'âme Que son âme depuis toujours pleure et réclame.

VERLAINE

La Bonne Chanson, 1870-1872.

Vous ferez un commentaire composé de ce poème dédié, par Verlaine, comme le recueil lui-même, à Mathilde Mauté de Flanville, sa fiancée, poème qui s'inscrit dans la tradition lyrique du poème d'amour. Vous pourrez par exemple être attentif aux procédés (composition, rythme, choix du vocabulaire, etc.) par lesquels s'établit une correspondance harmonieuse entre le paysage et le songe amoureux.

Le lyrisme de ce poème ne doit pas donner lieu à des considérations vagues sur les sentiments amoureux et sur la fraîcheur du paysage. L'étude des procédés stylistiques, nombreux et variés, permet d'échapper à la paraphrase. Dans un premier temps, nous relèverons ces procédés sans les relier à une signification d'ensemble.

Cette étape, qui fait surtout appel à l'observation, s'effectue rapidement grâce à un entraînement régulier pendant l'année.

verlaine

« Les couleurs : « azur », « jaunes », « claires », « blanche », « scintille ». Les végétaux : « seigles », « blés », « herbes », « gazon », « aunes », « fruits », « haie », « paille ». Les sentiments : « aime », « caressé », « bercé », « chérit », « pleure ». L'imagination : « le songeur », « son rêve », « rêve ». Le sacré : « adorable », « blanche apparition », « les vœux », « âme ». Ces quelques groupements tissent un réseau dans le texte.

Ils se répartissent suivant les deux parties : chaleur, fraîcheur, végétaux/sentiments, imagination, sacré.

Seules, les couleurs concernent l'ensemble du poème.

Par lasuite, il faudra organiser différemment ces groupes : l'essentiel du travail doit, en effet, porter sur la correspondance entre le paysage et le songe amoureux. Composition Le texte se divise en deux parties d'égale importance : neuf vers chacune.

Mais la séparation n'est pas absolue ; bien au contraire le vers : « C'est tout.

/ Mais le songeur aime ce paysage » appartient à l'une et l'autre strophes. C'est dire combien elles sont liées. Structure syntaxique La première partie procède par phrases d'inégales longueurs : de trois vers pour la plus longue à deux syllabes pour la plus courte.

Surtout, les tournures sont simples avec une seule relative : ...

« que bordent de vieux aunes ». • A l'inverse, la seconde partie ne constitue qu'une seule phrase aux relatives enchevêtrées avec la prédominance du pronom « dont ». plan du commentaire Une erreur à éviter Nous l'avons dit, le poème comprend deux parties : la description d'un paysage, l'évocation de la femme aimée.

Mais ce serait une erreur de calquer le plan du commentaire sur cette répartition. L'intérêt du texte réside entre la correspondance des sensations et des sentiments dans les liens qui unissent le paysage et le songe. Orientation de l'étude A priori, de façon sensible et presque immédiate, le lecteur perçoit une ressemblance entre les deux moments du texte.

Cette identité oriente donc l'étude dans un premier temps. Cependant, en étudiant de près les vers, en ajoutant d'autres groupements à ceux que nous avons d'abord relevés, nous voyons que l'identité n'est pas parfaite et que chaque partie conserve des caractéristiques qui lui sont propres. Toutefois, cette distinction ne doit pas être accentuée, elle ne débouche par sur des oppositions ; elle permet simplement de comprendre comment s'effectue le passage entre deux registres, deux réalités, c'est-à-dire de mieux cerner le symbolisme de cette poésie lyrique. Plan du commentaire Première partie : les équivalences entre le paysage et le songe amoureux La composition (nombre impair des vers), la coupure du vers central soulignent les similitudes des deux parties. Une versification qui use de l'enjambement (voir la partie rythme de l'étude préliminaire). Le goût de l'imprécis. La chaleur et la fraîcheur dans la première partie = la douceur dans la seconde. La variété des couleurs de la première partie correspond à la lumière et au blanc de la seconde. Deuxième partie : d'un registre à l'autre L'anonymat dans la première partie/la présence humaine. Des structures syntaxiques différentes. Un instant fugitif/la permanence. La nature/le sacré.. »

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