Devoir de Philosophie

Victor Hugo, Chateaubriand et Lamartine

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

hugo
Sa vie familiale fut, à tout prendre, assez mélancolique. La vie politique du poète eut en soi une certaine importance, mais si elle mérite l'attention, c'est surtout par le retentissement qu'elle eut sur son oeuvre. Notre-Dame-de-Paris, si l'intérêt n'était soutenu que par une intrigue ressortissant au roman feuilleton, serait peu de chose. Adolescent, Victor Hugo a proclamé qu'il voulait être "Chateaubriand ou rien". Chateaubriand est né à Saint-Malo le 4 septembre 1768 et est mort à Paris le 4 juillet 1848. Elle impose une oeuvre et une vie mêlées, une vie mise en oeuvre, où l'oeuvre s'empare de la vie.
hugo

« France et qu'il commence les Misérables).

Au début de la révolution de 48, il est élu député sur une liste de droite etvire rapidement vers la gauche.

En 49, un an après avoir déposé bon gré mal gré son manteau de pair de France, ilcommence sa carrière d'apôtre de la République et de prophète des Temps Futurs, qui devait le mener au Panthéon.Au 2 décembre 51, il s'oppose au coup d'État de Louis Bonaparte et, payant bravement de sa personne, risque savie et sa liberté.

Pour échapper à la police, il se réfugie à Bruxelles, puis à Jersey et enfin à Guernesey où, pendantprès de vingt ans, il partage "l'exil de la liberté".

Sa figure de prophète prend de plus en plus de relief et s'orne d'unebarbe.

En septembre 1870, lorsque Bismarck fait cadeau à la France de la IIIe République, il peut enfin regagnerParis.

L'affaire de la Commune le laisse assez désemparé, mais lorsqu'elle est terminée, il prend généreusement partipour les vaincus.

Élu sénateur en 1876, il ne cesse de réclamer l'amnistie pour ceux qui ont échappé au massacreet, le moment venu, se dresse résolument contre les entreprises de Mac-Mahon.

Aussi, l'avenir de la Républiqueenfin assuré, ses chefs n'oublient-ils pas d'en faire hommage au poète.

De son vivant même, Victor Hugo devientune sorte de dieu tutélaire de la République et du progrès en marche et, à sa mort, qui survient le 15 mai 1885, lespouvoirs publics lui font des obsèques grandioses, telles qu'on n'en avait jamais vues à Paris.Pour l'essentiel, l'Oeuvre de Victor Hugo se divise en trois parties : la poésie, le théâtre, le roman.

Il faudrait yajouter des relations de voyage et des mélanges, dont certains comptent parmi ses plus heureuses réussites.L'Oeuvre poétique seule est considérable par la quantité, ce qui ne manque pas de la desservir auprès des jeunesgénérations.

Avec un peu de malchance, en l'ouvrant au hasard, on peut tomber sur une longue enfilade de vers- àpeine médiocres, qui décourage d'aller plus avant.

Le lecteur n'est pas tenu de savoir ni même d'espérer que lessplendeurs commenceront à la page suivante.

Hugo le savait-il lui-même ? Voici ce qu'écrivait à ce propos Péguy,grand admirateur du poète : "Faire de mauvais vers lui était parfaitement égal, pourvu que tous les matins il fît, ileut son compte de vers.

Il pensait qu'il valait mieux faire des mauvais vers que de ne pas en faire du tout."Editées en 1822, les Odes et Poésies diverses ont été refondues et augmentées en 1826 dans un recueil définitifintitulé Odes et Ballades.

Les vers de ce premier volume, comme aussi ceux des Orientales parues en 1829, valentdavantage par la facture que par l'inspiration.

Le poète, dans ses Odes et Ballades, traite des sujets fournis parl'actualité, tels que La Mort du duc de Berry, Le Rétablissement de la statue de Henri IV, Les Funérailles de LouisXVIII, ou bien il choisit des thèmes dans un pittoresque médiéval que Chateaubriand avait mis à la mode.

Ceschâtelaines, ces damoiseaux, ces sorcières et ces palefrois qu'à l'époque on accueillait avec plaisir ne noustouchent pas plus aujourd'hui que la mort du duc de Berry ou celle de Louis XVIII.

Le romantisme de Victor Hugo esten somme très extérieur, beaucoup plus que celui d'un Lamartine ou d'un Musset.

Il est surtout dans l'expression,dans la variété des rythmes, dans le choix des images, dans le sens de la couleur et la sonorité des mots, touteschoses qui lui permettent d'atteindre parfois, dans ses meilleurs moments, à ce que l'on a appelé depuis la poésiepure.

D'autre part, la langue, malgré son éclat, est remarquable par sa justesse, sa fermeté, sa santé, différente encela de celle qu'emploient la plupart des autres romantiques.

Enfin, ce premier volume d'un jeune poète étourdit sescontemporains par une étonnante habileté technique et par une maîtrise de son métier, qui nous surprend encoreaujourd'hui, en dépit du peu de substance qu'il contient.

Dans les Orientales, Hugo se livre à des variations sur unOrient de fantaisie, vieilli avec la mode qui l'a inspiré.

Mais son génie poétique, s'il ne s'est pas sensiblement élargi,s'affirme dans la sûreté du métier qu'il a encore perfectionné.Avec les Feuilles d'automne, le poète commence à livrer un peu de son intimité.

Il chante ses années d'enfance,évoque le souvenir de son père et célèbre le charme, la douceur de la vie familiale.

Il parle aussi de la mort dontl'idée commence à le hanter, mais les réflexions qu'elle lui inspire, sa concierge aurait pu, en prose, faire à peu prèsles mêmes.

Le recueil s'achève sur un envoi aux peuples martyrs, Polonais, Italiens, Irlandais, dont les accentsannoncent déjà Les Châtiments.

Avant l'exil paraîtront encore Les Chants du crépuscule (1834), Les Voix intérieures(1837), et Les Rayons et les Ombres (1840).

Toutes les belles qualités qui ont sauvé de l'oubli les deux premiersrecueils se retrouvent, pleinement épanouies, dans ces trois-là.

Mais en dépit des matériaux nouveaux que lui afournis sa propre vie, il parvient rarement à nous émouvoir et sa pensée reste pauvre.

L'Oeuvre lyrique de VictorHugo la plus considérable est certainement Les Contemplations parues en 1856 alors qu'il était en exil à Guernesey.Ce sont en quelque sorte des confessions poétiques intéressant toute une existence déjà longue, celle d'un poèteayant atteint l'âge de cinquante-quatre ans.

De l'Oeuvre lyrique de Hugo, c'est assurément cette partie-là qui est laplus chaude et la plus accomplie, celle qui exercera sur les poètes de la secondé moitié du XIXe siècle l'influence laplus profonde.

Mais c'est dans Les Châtiments, un pamphlet contre Napoléon III, qu'apparaît dans toute son ampleuret son efficacité la puissance de son génie verbal.

Il donne ici libre cours à sa veine épique dont les premiersrecueils laissaient apercevoir la promesse.

Hugo, apôtre de la paix, adorait les images violentes de la guerre, il aimaitle bruit des carnages, les tambours, les canons, le cliquetis des sabres et le galop des escadrons, et de tout cela, ila su tirer un admirable parti.

Avec des idées politiques médiocres, souvent peu valables pour la position qu'il achoisie, et sans se priver des contradictions les plus voyantes, il réussit à forger en empruntant à tous les mètres, àtous les rythmes, une satire inégalée qu'inspirent avec un bonheur presque constant la haine et la colère.

Dans LaLégende des siècles, publiée en 1859, Hugo a entrepris une sorte d'épopée de l'humanité, en ne retenant que lesplus hauts témoignages.

"Ces poèmes divers, écrit-il lui-même, n'ont entre eux d'autre nOeud qu'un fil, ce fil quis'atténue quelquefois au point de paraître invisible, mais qui ne casse jamais… le Progrès." À vrai dire, ce Progrèsn'apparaît pas dans la succession des siècles évoqués par le poète, mais nombre des petites épopées composant levolume sont des chefs-d'Oeuvre qui valent aussi bien par l'inspiration que par l'exécution.

D'autres recueilsparaîtront encore, qui n'auront pas l'importance de ces deux-là.Le théâtre de Victor Hugo, qui contribua à établir fortement sa réputation, est difficilement supportable par lesspectateurs de notre époque.

Si l'auteur d'Hernani et de Ruy Blas n'était pas le poète officiel de la République, il y abeau temps que ces deux pièces ne se joueraient plus.

Il semble que Hugo ait pieusement adopté toutes lespuérilités du drame romantique pour les resservir dans son théâtre.

Les imbroglios, les recherches de pittoresque etde couleur historique aboutissent à noyer le vrai sujet, qui pourrait parfois être valable, et à créer des personnagesd'une psychologie non seulement sommaire, mais fausse.

Enfin le goût de l'antithèse, qui se manifeste tout au longde son Oeuvre, en poésie comme en prose, est particulièrement voyant dans ses pièces où il prête à sourire.

Il reste. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles