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Victor Hugo, génie antithétique.

Publié le 23/03/2011

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hugo

Matière. — M. J. Lemaître, rapprochant Lamartine et Victor Hugo, écrit « : De ces deux imaginations souveraines, l'une nous ravit par sa spontanéité et sa grandeur, l'autre nous étonne par son énormité et sa violence. L'une nous enchante d' « harmonies «, l'autre nous éblouit d'antithèses. Lamartine disait que « les ombres n'ajoutent rien à la lumière «. Lumière et ombre, c'est toute l'esthétique de Hugo. « (Les Contemporains, série VI : Lamartine, p. 120.)    Peut-on en effet définir le génie de Victor Hugo un génie antithétique ?    Plan proposé :    Introduction. — Il est naturel de comparer Hugo à Lamartine ; les deux rivaux ont été si dissemblables que l'étude de l'un éclaire celle de l'autre. De là le passage de J. Lemaître dans la VIe Série des Contemporains.    1° Avant tout, il ne faut pas donner à la formule un sens trop étroit, les passages qui l'entourent lui donnent toute sa portée. Lumière et ombre, grand et petit, beau et laid, bien et mal s'opposent en effet chez V. Hugo. Mais il y a d'autres qualités dans V. Hugo, et il serait facile de faire voir qu'il n'hésite pas, lorsqu'il doit en tirer un effet artistique, à pratiquer le procédé de la symétrie aussi bien que celui de l'antithèse, mais l'idée générale du passage est vraie : V. Hugo est avant tout un artiste qui cultive l'antithèse.

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« Faites des remarques analogues dans les Pauvres Gens, dans l'Aigle du casque...

(notez l'antithèse du langage trèsvif du pêcheur qui entre et la phrase haletante de Jenny, ou encore le diptyque des deux minuits...). D) Antithèse pour la versification. (a + b + c + d) On est tenté ici de multiplier les exemples au point d'arriver à citer presque tout : il faut savoirchoisir ; par exemple, on pourrait étudier dans le Mariage de Roland comment sont marqués les efforts des deuxguerriers qui luttent avec acharnement l'un contre l'autre, et comment ces alexandrins coupés s'opposent auxalexandrins qui marquent la continuité du cours du fleuve ; — puis, on étudierait les vers du début d'Aymerillot,âpres, durs, et ceux qui traduisent la superbe explosion de la colère de l'empereur ; — ou encore, montrez dans lesdeux « minuits » des Pauvres Gens, comment les antithèses de versification mettent en relief les antithèses de lapensée ; — ou encore dans l'Aigle du casque, comment les effets de rapidité s'opposent à ceux de lenteur, ceux dedouceur à ceux de brutalité, etc... 3° a) S'il n'y avait là que des procédés, il faudrait dire qu'ils sont employés par un artiste, par un ouvrier de premierordre.

Mais il y a plus. L'antithèse a, dans Hugo, des causes beaucoup plus profondes : c'est l'expression naturelle de sa philosophie, etc'était son procédé de vision : il a prononcé à l'heure de sa mort sa dernière antithèse : « C'est ici le combat du jouret de la nuit.

» Depuis 1861, il était tout entier persuadé que sa métaphysique dualiste expliquait l'univers toutentier, et il y avait quelque chose d'analogue qui se passait pour son œil ; il voyait des reliefs prodigieux, mais illaissait s'affaiblir d'autant certaines lignes jusqu'à leur disparition complète.

Le réel était puissamment saisi, mais ceréel se déformait et touchait au fantastique.

C'est chez lui un penchant invincible à mêler l'idéal et le réel, l'idéal semêlant au réel et le réel au symbole.

Il y a eu du procédé chez V.

Hugo ; cependant on aurait tort de ne voir que duprocédé là où il faut voir le naturel.

On peut dire qu'il y a eu surtout chez V.

Hugo un emploi sincère et spontané deses facultés natives.

Derrière l'artiste, on trouve l'homme. b) C'est là, remarquons-le, une des causes de la haute valeur de la Légende des siècles; c'est ce qui fait parexemple que même contre le merveilleux de l'Aigle du casque nous ne songeons pas à nous révolter.

Aymerillot estune œuvre d'art magnifique, parce qu'on y sent une sincérité qui est le premier mérite de cette admirable épopée. Conclusion.

— Une fois cet hommage rendu à V.

Hugo, une fois cette explication donnée de la phrase de J.Lemaître, on est loin d'avoir tout expliqué ; on n'a même pas expliqué la prodigieuse plasticité des vers, l'art aveclequel la nature est intimement mêlée aux sentiments, aux passions et aux faits : art à la fois puissant ou discretdans telle ou telle pièce, force lyrique ou épique, sublimité de l'éloquence, imagination incomparable, pitié humaine,est-ce que la formule indiquée pourrait éclairer tout cela? Sans doute, quand on compare Hugo à Lamartine, on voitbien que l'opposition entre lumière et ombre est au fond même du génie de Hugo, mais son génie est beaucoup tropvaste pour qu'on puisse jamais le résumer dans une formule, quelle qu'elle soit.

La formule étudiée est vraie : «Victor Hugo est un génie antithétique », mais elle est bien incomplète.. »

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