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Victor HUGO, Ruy Blas, acte III, scène 5 (vers 1395 -1431) : lecture analytique.

Publié le 16/09/2011

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• dans sa gestuelle : « Don Salluste, qui jouait avec un couteau d’ivoire sur la table « (après v.1395) : le couteau, arme de l’assassinat, évoque la lâcheté à la différence de l’épée que les nobles portent sur le côté) et ajoute à la torture morale qu’il inflige à Ruy Blas, par une menace physique réelle.  • dans le ton qu’il emploie : l’adverbe « froidement « ouvre la seconde réplique de Don Salluste et reflète son cynisme : « Mais si. Je le savais « (v.1403) : ces deux phrases brèves, d’une grande simplicité lexicale, tombent comme un couperet dans les oreilles de Ruy Blas...

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« renvoie RB à son statut de laquais, la 2nde rabaisse à moins que rien les sentiments de RB pour la reine, la dernièrerabaisse l'homme du peuple insignifiant par rapport à son pays (alors qu'à ce moment-là de l'intrigue, RB est 1erministre d'Espagne) : toute l'ascension sociale et sentimentale de Ruy Blas se retrouve réduite à néant, il redevientle « ver de terre amoureux d'une étoile ».• des phrases exclamatives chargées de réveiller Ruy Blas : l'interjection familière « pardieu ! » (v.1403), « Ah cà,mais – vous rêvez ! / Vraiment ! » (v.1408), « Puis, grand-chose après tout que des chagrins d'amour ! » (v.1415),« Mais, que diable ! » (v.1421)• des phrases impératives qui l'enjoignent à agir pour don Salluste : v.1412 (x2), v.1414 (x1), v.1419(x1), v.1420(x1), v.1428 (x1), v.1431 (x1).

Don Salluste réduit le dilemme et la souffrance amoureuse de Ruy Blas au lieu commun du chagrin d'amour sansimportance ; il nie ainsi une des caractéristiques mêmes du drame romantique, qui fonde sur l'élection des cœurs lavertu des héros. Transition : Face à une telle assurance inébranlable de don Salluste, Ruy Blas s'effondre progressivement maissûrement.

L'expression pathétique de sa douleur va alors croissant au fur et à mesure qu'il se décomposemoralement et s'affaisse physiquement. III ) Le pathétique de la douleur de Ruy Blas : Tout d'abord, Ruy Blas subit le dialogue de don Salluste : ses répliques sont rares et ne font pas avancer l'actionmais la commentent par des exclamations de douleur : cf v.

1396, 1398 introduits par l'interjection « Oh ! », le vers1401 coupé à l'hémistiche par l'interjection « hélas !» qui exprime la plainte, le regret, la douleur.

Ruy Blas va mêmejusqu'à remettre son destin entre les mains de Dieu dans un appel pathétique à la miséricorde divine : « Il lève lesyeux au ciel.

/ Seigneur Dieu tout-puissant ! Mon Dieu qui m'éprouvez, / Epargnez-moi, Seigneur ! » (v.1407-1408) :à travers sa position corporelle, ses exclamations redondantes, il veut croire en une puissance supérieuregarantissant la suprématie du bien sur le mal mais ce comportement renforce son impuissance à affronterdirectement don Salluste, ce qui accentue le pathétique de sa situation. Et don Salluste pousse alors plus loin sa machination : de personnage manipulé, Ruy Blas devient un homme détruit,anéanti.

Le cynisme de don Salluste fait voler en éclats les rêves de Ruy Blas : le verbe « rêver » est employé auvers 1408 et renforcé par le vers suivant : « Vraiment ! Vous vous prenez au sérieux, mon maître.

» : l'adverbeplacé au début du vers sous une forme exclamative accentue le détachement de Ruy Blas par rapport à la réalitépar une forme de renchérissement qui montre bien que la situation de rêve ne peut être mise en doute.

L'appellation« mon maître », placé en fin de vers, reflète toute l'ironie de don Salluste face aux nouvelles fonctions de Ruy Blaset la conclusion qu'il tire « C'est bouffon » (v.1410) finit d'affirmer la négation de la force des sentiments de RuyBlas, qui prêtent alors le seigneur à rire par leur caractère grotesque (rappel : le grotesque est un registre littérairequi consiste à traiter un sujet noble et héroïque en utilisant un registre trivial selon don Salluste, grand d'Espagneblasé, il est burlesque de voir un valet s'occuper d'une noble cause : celle du salut de l'Espagne). Conclusion : Cet extrait, par le retour brutal et imprévu de don Salluste qui dévoile sans ambages son caractère diaboliquepuisque malfaisant, pervers et manipulateur, constitue alors un coup de théâtre qui survient dans le cours del'action et change complètement la situation dans laquelle sont placés les personnages : cet événement finit denouer le nœud de l'intrigue et porte la tension dramatique à son comble pour le spectateur : Ruy Blas va-t-il réussirà réagir face à son maître ou va-t-il se laisser manipuler jusqu'à compromettre la Reine ?. »

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