VOLKOFF (Vladimir)
Publié le 23/05/2019
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VOLKOFF (Vladimir), écrivain français d'origine russe (Vanves 1932). Né dans une famille d'émigrés russes, arrière-petit-neveu de Tchaïkovski (à qui il consacrera une étude en 1983), il fit des études de lettres, enseigna l'anglais à Amiens, puis, après un doctorat de philosophie, fut professeur de français et de russe aux États-Unis. Auteur de récits de science-fiction {Métro pour l'enfer, 1963 ; le Tire-bouchon du bon Dieu, 1983), de pièces de théâtre [la Confession d'Igor Maksimovitch Popov du KGB, 1982 ; L'amour tue, 1983 ; la Tragédie de Yalta, 1984), d'essais [le Complexe de Procuste, 1981), d'une biographie du fondateur de la Sainte Russie [Vladimir, le soleil rouge, 1981), il a cherché dans ses romans à définir son territoire d'homme et d'écrivain (« En ce qui concerne ma généalogie littéraire, j'estime que Dostoïevski est mon grand-père et Lawrence Durrell mon oncle »), entreprise sur laquelle il réfléchit dans les entretiens réunis dans L'exil est ma patrie (1982). Bilan des rêves et des illusions d'une époque, notamment dans la tétralogie des Humeurs de la mer (Olduvaï, 1980 ; la Leçon d'anatomie, 1980 ; Intersection, 1980 ; les Maîtres du temps, 1981), ses récits qui veulent fonctionner « comme un jeu de meccano », s'efforcent d'être des instruments de lucidité dans un univers livré aux pollutions intellectuelles et aux intoxications politiques [le Retournement, 1979 ; le Montage, 1982 ; le Professeur d'histoire, 1985).
«
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Vladimir (né en 1932).
Son nom ne trompe
pas.
Bien que né à Paris, Vladimir Volkoff appartient à
cette lignée d'écrivains russes, de naissance ou d'origine,
qui ont enrichi la lirtérature française du xx• siècle.
Parmi ses aînés : Joseph Kessel, Henri Troyat, Romain
Gary, Zoé Oldenbourg, Jean Blot, etc.
Tous ceux-là, de
forts tempéraments, ont largement contribué à maintenir
la figure traditionnelle du roman où l'histoire à conter,
les personnages à faire vivre, le reflet du monde contem
porain à transmettre passent avant les recherches formel
les.
N'oublions pas cependant qu'un des rénovateurs les
plus doués de notre roman, Nathalie Sarraute, vient,
comme eux, de cette Russie lointaine.
Ainsi ces émigrés
de la première ou de la seconde génération auront-ils
fécondé tous les pôles de notre planète littéraire.
L'apparition de Vladimir Volkoff est postérieure à la
révélation en France de Soljenitsyne et au « retourne
ment» que celui-ci opère dans notre intelligentsia.
Or le
Retournement, c'est précisément le titre du roman avec
lequel Volkoff fait sa percée en 1979.
Il n'en est pas
alors à son coup d'essai.
Ce fils d'émigrés russes qui
a appartenu, comme officier français, aux services des
Renseignements généraux pendant la guerre d'Algérie,
qui a quitté 1 'armée pour s'établir aux Etats-Unis, avant
de revenir en France, a, sous pseudonyme, plusieurs
romans à son actif.
Les uns relèvent de la science-fiction
et lui ont valu un prix Jules-Verne en 1963.
Les autres,
parus chez un petit éditeur de province non conformiste,
Robert Morel, dessinent déjà les grandes lignes de l'œu
vre.
C'est l'Enfant posthume et surtout le Trêtre (1972)
qui met pour la première fois aux prises, dans l'U.R.S.S.
d'aujourd'hui, J'Église chrétienne et le Parti commu
niste.
Ces livres sont passés à peu près inaperçus, s,._auf
de deux éditeurs, Je directeur de Julliard et celui de l'Age
d'homme, qui s'associent pour publier un écrivain dont
la fécondité semble requérir des épaules solides.
De fait,
sous ce double sigle, vont déferler en un an, de septembre
1979 à décembre 1980, plus de mille pages de Vladimir
Volkoff.
D'abord le Retournem.ent (1979) qui reprend, en la
traitant différemment, la thématique du Trêtre : un agent
du K.G.B., manipulé par le contre-espionnage français,
se convertit non pas au service de l'Ouest mais à la
religion orthodoxe et finit en martyr; puis les quatre
tomes des Humeurs de la mer (1980), antérieurement
écrits (Olduwai; la Leçon d'anatomie, Intersection, les
Maîtres du temps).
Cette œuvre, beaucoup plus ambi- tieuse
que la précédente, tourne autour de la guerre d'Al
gérie et brasse l'histoire du xx< siècle à laquelle elle tente
de donner un sens.
Ces pavés tombant coup sur coup ont provoqué
enthousiasme et remous.
Ils dérangeaient à la fois les
opinions reçues et l'esthétique en cours.
Romans d'ac
tion, d'une construction aussi rigoureuse que complexe,
n'hésitant pas à insérer une pièce de théâtre en vers dans
un récit en prose (Oiduwai�.
ni à faire dialoguer des
anges (Intersection), faisant large place à l'espionnage
et au mystère, aussi riches en aventures qu'en discours
et en débats d'idées, mariant références bibliques et évé
nements contemporains, ils ramenaient le genre au dra
matique et l'agrandissaient jusqu'à l'épique.
Tout en eux
était lutte et quête : lutte entre foi religieuse et athéisme
politique; quête d'une paternité, plus choisie que reçue,
appelée à transmettre les valeurs indiscutables d'une
civilisation.
Plutôt que de reconnaître et de discuter la
dimension spirituelle d'une œuvre volontairement pas
séiste, on fit à son auteur de faux procès.
On l'accusa
de fascisme, de racisme, d'antisémitisme.
Le Montage,
publié en 1982, où Vladimir Volkoff revenait au roman
d'espionnage et prétendait montrer l'infiltration de J'in
telligentsia parisienne par les agents du K.G.B., fut atta
qué jusque sur Je plateau d'« Apostrophes».
Vladimir
Volkoff se fit rendre justice par les tribunaulc Aupara
vant l'Académie française avait accordé à cet ouvrage
retentissant son grand prix du Roman.
Toutes ces fictions ont été accompagnées d'essais
divers (le Complexe de Procuste, 1981; une biographie
de saint Vladimir, fondateur de la Russie chrétienne;
une étude en forme d'hommage sur le romancier anglais
Lawrence Durrell) et de deux pièces de théâtre jouées
sur des scènes parisiennes : une comédie, L'amour tue
(1983); une tragédie, Yalta (1984), fondée sur un mon
tage de textes historiques qui ressuscitent la fameuse
conférence où s'est joué Je sort du monde en 1945.
Aucune de ces œuvres n'a fait d'éclat ni suscité de polé
miques, pas plus que le Professeur d'histoire (1985), où
un chimérique et caricatural royaliste, égaré dans le
monde moderne, tente de le remettre sur ses pieds en
exaltant les notions de filiation et de paternité, ou encore
Les Faux Tsars (1992).
Le grand Volkoff n'est pas là.
Il est dans les Humeurs
de la mer et dans les trois romans d'espionnage le Trêtre,
le Retournement, le Montage qui ont donné au genre
comme une dimension métaphysique.
Homme de combat
et de certitudes, Vladimir Volkoff est à coup sûr un
romancier engagé et un romancier à thèse.
La foi dans le
triomphe à venir du christianisme, où la Russie, une fois
sortie de l'hérésie communiste, serait appelée à jouer un
grand rôle, imprègne son œuvre.
Cette philosophie et les
débats d'idées qui s'y développent n'empêchent pas sa
création d'être d'une force et d'une richesse romanes
ques peu communes.
Le xx1• siècle sera religieux ou ne
sera pas, prophétisait André Malraux.
Vladimir Volkoff,
maître de vie, d'ironie, de suspense et de foi, pourrait
bien annoncer cette ère-là.
BIBLIOGRAPHIE
A cons ult e r.- Les entretiens de Vladimir Volkoff avec Jacque
line Bruller, L'exil est ma patrie, Paris, le Cen tu rion .
J.
PlATrER.
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