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Voltaire « grand poète des petits vers »

Publié le 16/02/2012

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voltaire

 

C'est là un éloge restrictif et quelque peu ironique. Ne revient-il pas à dire : « La haute poésie lui fut interdite « ? Oui, Voltaire a brillé dans les petits genres en proportion même de son incapacité à exceller dans les grands. Après avoir démontré son insuffisance poétique dans l'épopée, la tragédie, la poésie lyrique, philosophique et scientifique, nous rappellerons certains de ces « petits vers « qui lui ont valu une juste renommée et, chemin faisant, nous rechercherons comment il y réalise une poésie de second ordre.

voltaire

« Examinons ces 1 petits vers 3., et demandons-nous si leur reputation n'est pas exageree, sinon usurpee.

Pour en bien juger, it faut citer : tache difficile, choix scabreux!...

Declarons d'abord sans hesiter que des milliers - le plus grand nombre - de ces deca ou octosyllabiques sont tout au plus des vers de mirliton; mais reconnaissons que ce torrent charrie des perles et des dia- mants. Passons vite sur les vers de college : a sa Tabatiere; pour un Invalide.

Its denotent de la facilite, une malice naissante, mais ne meritent qu'une simple mention.

Arretons-nous un instant au spirituel compliment adresse it Chau- lieu - le vrai maitre d'Arouet adolescent -.

Chapelle est apparu en songe au jeune disciple et lui parle en ces termes : . Pour chanter toujours sur la lyre Ces vers aises, ces vers coulants, De la nature heureux enfants, Oh Part ne trouve rien a dire, Amour, me dit-on, et le vin Autrefois me firent connaitre Les graces de cet art divin; Puis a Chaulieu Pepicurien Je servis quelquefois de maitre : II faut que Chaulieu soil le Lien. Ce dizain, en verite, n'a rien de remarquable; c'est pourtant un precieux document.

Il definit les « petits vers ) de Voltaire autant que ceux de Chau- lieu et de Chapelle : aises, coulants, naturels, strictement corrects; it nous renseigne sur leurs sources : societes galantes, beuveries distinguees; it nous decouvre son ideal poetique : la grace...

«plus belle encor que la beaute ) et son ideal moral : un epicurisme raffine.

Tres souvent ces vers refietent is pensee intime de Voltaire, ses goats, ses sentiments...

presents, et l'on a pu dire gulls forment a eux seuls une autobiographie. Vorci une devise rimee, destinee it la « Belle Emilie ), et qui ne fut jamais adoptee ni par la dame ni par son hole.

Ce quatrain, tant de fois comment& par les candidate an baccalaureat - et souvent de travers - nous indique de facon claire, piquante et legere, la conception voltairienne du Bonheur, au temps de Cirey. Du repos, des riens, de Petude, Peu de livres, point d'ennuyeux, Un ami dans la solitude : Voila mon sort, 11 est heureux. Ces vers, devenus classiques, traverseront les siecles.

Ceux-ci, extraits d'une lettre it Falkener, un ami riche et Anglais, ne sont pas moins -Mares.

Its resument assez bien l'opinion du siècle « philo- sophique r sur le chef-d'ceuvre de Corneille De Polyeucte la belle Ame Aurait faiblement attendri Et les vers chretiens qu'il declame Seraient tombes dans le decri N'eftt ete l'amour de sa femme Pour ce paien, son favori, Qui meritait bien mieux sa flamme Que son bon devot de mari. Oil done est la poesie, en ces vers impertinents et, somme toute, assez plats? On peut se le demander.

Its rappellent ceux des gazetiers du siecle prece- dent, les Loret et les Robinet, et c'est tant pis pour eux.

Il faut pourtant les connaitre, car ils definissent it la fois Paine de Voltaire, incapable de corn- prendre l'heroisme du martyre et la mentalite antichretienne du monde dis- tingue sous la Regence.

Ne cherchons pas davantage dans ses epigrammes l'elan poetique, le coup d'aile qui souleve, l'indignation qui fremit.

Le rythme et la rime ne servant ici qu'a enfoncer mieux le trait mechant et perfide. Savez-vous pourquoi Jeremie A taut pleure pendant sa vie? C'est (Wen prophete 11 prevoyait Qu'un Jour Le Franc le traduirait. L'autre jour au fond d'un vallon, Un serpent pique Jean Freron. Que pensez-vous qu'il arrive? Ce fut le serpent qui creva. Examinons ces «petits vers», et demandons-nous si leur réputation n'est pas exagérée, sinon usurpée. Pour en bien juger, il faut citer : tâche difficile, choix scabreux!... Déclarons d'abord sans hésiter que des milliers — le plus grand nombre — de ces déca ou octôsyllabiques sont tout au plus des vers de mirliton; mais reconnaissons que ce torrent charrie des perles et des dia­ mants.

Passons vite sur les vers de collège : à sa Tabatière; pour un Invalide, ils dénotent de la facilité, une malice naissante, mais ne méritent qu'une simple mention. Arrêtons-nous un instant au spirituel compliment adressé à Chau­ lieu— le vrai maître d'Arouet adolescent —. Chapelle est apparu en songe au jeune disciple et lui parle en ces termes : .

Pour chanter toujours sur la lyre Ces vers aisés, ces vers coulants, De la nature heureux enfants, Où l'art ne trouve rien à dire, UAmour, me dit-on, et le vin Autrefois me firent connaître Les grâces de cet art divin; Puis à Chaulieu l'épicurien Je servis quelquefois de maître : Il faut que Chaulieu soit le tien.

Ce dizain, en vérité, n'a rien de remarquable; c'est pourtant un précieux document. Il définit les « petits vers » de Voltaire autant que ceux de Chau­ lieu et de Chapelle : aisés, coulants, naturels, strictement corrects; il nous renseigne sur leurs sources : sociétés galantes, beuveries distinguées; il nous découvre son idéal poétique : la grâce...

« plus belle encor que la beauté » et son idéal moral : un épicurisme raffiné.

Très souvent ces vers reflètent la pensée intime de Voltaire, ses goûts, ses sentiments... présents, et l'on a pu dire qu'ils forment à eux seuls une autobiographie.

Voici une devise rimée, destinée à la « Belle Emilie », et qui ne fut jamais adoptée ni par la dame ni par son hôte.

Ce quatrain, tant de fois commenté par les candidats au baccalauréat — et souvent de travers — nous indique de façon claire, piquante et légère, la conception voltairienne du Bonheur, au temps de Cirey.

Du repos, des riens, de Pétude, Peu de livres, point d'ennuyeux, Un ami dans la solitude : Voilà mon sort, il est heureux.

Ces vers, devenus classiques, traverseront les siècles.

Ceux-ci, extraits d'une lettre à Falkener, un ami riche et Anglais, ne sont pas moins célèbres.

Ils résument assez bien l'opinion du siècle « philo­ sophique » sur le chef-d'œuvre de Corneille : De Polyeucte la belle âme Aurait faiblement attendri Et les vers chrétiens qu'il déclame Seraient tombés dans le décri N'eût été l'amour de sa femme Pour ce païen, son favori, Qui méritait bien mieux sa flamme Que son bon dévot de mari.

Où donc est la poésie, en ces vers impertinents et, somme toute, assez plats? On peut se le demander. Ils rappellent ceux des gazetiers du siècle précé­ dent, les Loret et les Robinet, et c'est tant pis pour eux.

Il faut pourtant les connaître, car ils définissent à la fois l'âme de Voltaire, incapable de com­ prendre l'héroïsme du martyre et la mentalité antichrétienne du monde dis­ tingué sous la Régence.

Ne cherchons pas davantage dans ses épigrammes l'élan poétique, le coup d'aile qui soulève, l'indignation qui frémit.

Le rythme et la rime ne servant ici qu'à enfoncer mieux le trait méchant et perfide.

Savez-vous pourquoi Jérémie A tant pleuré pendant sa vie? C'est qu*en prophète il prévoyait Qu'un jour Le Franc le traduirait.

L'autre jour au fond d'un vallon, Un serpent piqua Jean Fréron.

Que pensez-vous qu'il arriva? Ce fut le serpent qui creva.. »

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