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W ou le souvenir d'enfance

Publié le 24/11/2012

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Georges Perec : W ou le Souvenir d'enfance W ou le Souvenir d'enfance, comme les mots de Sartre, tout en racontant la vie du narrateur enfant, fait référence à toute une vie et à toute une ?uvre, créant ainsi un « espace autobiographique «. Mais là s'arrête la ressemblance : autant le livre de Sartre est brillant, littéraire et séducteur, autant celui de Perec refuse le travail du style et décourage le lecteur. Attention : vous risquez d'être déçus si vous attendez de ce texte, comme tout le monde, la séduction des souvenirs d'enfance, l'évocation d'un paradis perdu, la fraîcheur des premières fois : « Je n'ai pas de souvenirs d'enfance «, tels sont les premiers mots en caractères romains dans ce texte (1ère partie, p. 17. Les références renvoient à l'édition « L'Imaginaire « de 1997 ; l'édition précédente a conservé la pagination de l'originale chez Denoël. ), qui tentera de faire ressurgir des faits, sans complicité affective entre l'enfant et l'adulte narrateur. Sans doute aurez- vous envie de sauter les énumérations des épreuves sportives, des classements et des récompenses de l'île de W. Pire encore, vous attendrez en vain, dans les chapitres explicitement autobiographiques, l'expression d'une émotion : le narrateur semble anesthésié. Vous n'aurez pas non plus le sentiment d'une continuité, d'une aspiration vers l'avenir, d'un sens : « Désormais les souvenirs existent, fugaces ou tenaces, futiles ou pesants, mais rien ne les rassemble « (début de la 2ème partie, p. 97). Philippe Lejeune exprime cela de manière provocante : Lire W ou le souvenir d'enfance est une vraie torture. C'est une machinerie à laquelle le lecteur doit collaborer pour accéder à l'insupportable, à cette vérité qui n'est pas dite et qu'il doit prendre en charge. La Mémoire et l'oblique. Georges Perec autobiographe, P.O.L., 1991, p. 61. En revanche, ce texte presque rebutant à lire selon les habitudes de lecture les plus répandues, est très intéressant à étudier en deux directions : . D'une part, il donne l'exemple d'une écriture qui ne se distingue pas de la vie, poussant à ses limites l'engagement autobiographique : le livre décrit « l'histoire d'un cheminement «, mais sa rédaction a permis à son auteur de réaliser « le cheminement de son histoire « (W, chapitre II, p. 18). Sa rédaction fait partie d'un effort pour survivre, contemporain d'une psychanalyse. Et il s'accompagne d'une frange de textes qui laisse soupçonner que toute écriture de Perec est à des titres divers autobiographique. . D'autre part, s'il peut se lire dans une perspective psychologique, pour montrer le drame d'une vie construite sur ce qui n'a pas pu être dit; qui a été oublié ou censuré et ne peut être retrouvé, il apparaît dans toute sa dimension historique et collective si on le confronte de près à une série de témoignages sur les camps de concentration et d'extermination. La « fiction W « acquiert alors une portée polémique profonde, en montrant comment une société fondée sur la sélection, sportive, naturelle, ethnique, aboutit à la barbarie. Bibliographie La bibliographie sur Perec et sur W est abondante Retenons quatre ouvrages ; il vous suffira de lire l'un d'entre eux, pour susciter votre recherche personnelle. Celle-ci est indispensable pour que le texte puisse vous intéresser : le mode d'écriture de ce livre invite le lecteur à résoudre des énigmes en nombre indéterminé. Il a le sentiment qu'aucune des lectures qui en ont été faites n'en épuise le sens. . Pour une première approche : . Anne Roche commente W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec, Foliothèque, 1997. Ouvrage très accessible, dans tous les sens du terme. La structure de l'étude est complexe et éclatée, mais le contenu est très riche et clair ; elle met en valeur l'originalité de l'entreprise autobiographique de Perec. Le dossier qui l'accompagne contient des documents externes : avant-textes, textes de l'auteur liés à W, mais aussi des études ponctuelles et variées : des exemples de « sutures « (terme de Bernard Magné pour désigner les détails analogiques qui unissent les chapitres de la « fiction W « aux chapitres de souvenirs), les relations entre W et trois romans d'aventures, Impressions d'Afrique de Raymond Roussel, Moby Dick d'Herman Melville, L'Épave du Cinthia de Jules verne, « Perec et la judéité «, les « chiffres, lettres, figures « (tentative d'interprétation des jeux sur les signifiants dans ce texte). . de Marie-Christine Bellosta et Hans Hartje : « W ou le Souvenir d'enfance «, dans L'Humain et l'inhumain, Belin, 1997. Cet ouvrage, destiné aux élèves des classes prréparatoires scientifiques, dont le programme change chaque année, est excellent, encore disponible mais inséré dans un ensemble sur les autres textes de ce programme, Médée de Sénèque et Frankenstein de Mary Shelley. Il est solidement structuré, bien documenté ; il met l'accent, en raison du thème du livre, sur la « fiction W « et les documents qui la sous-tendent, dont la liste sera donnée ci-dessous. Cette étude met en valeur la dimension historique du livre qu'une lecture essentiellement psychologique risque de manquer et d'affadir. . Pour approfondir : . Philippe Lejeune : La Mémoire et l'oblique. Georges Perec autobiographe, P.O.L., 1991. (130 F). Ce livre, qui se lit comme un roman d'énigme, étudie avec chaleur et sympathie les avant-textes de W et ceux d'un projet abandonné, Lieux. Il fait le portrait de Perec autobiographe en neuf points (pudeur, convivialité, intertextualité, opérabilité, sabotage, obliquité, blocage, remplissage, cloisonnement). Puis il trace la genèse de W (voir ci-dessous, l'histoire du texte). On y trouve présentées et analysées six versions, dans le texte et hors du texte, du souvenir du départ à la gare de Lyon, et sept versions du premier souvenir présenté dans W, celui de la lettre hébraïque, pour montrer comment mémooire et imagination travaillent autour du vide de l'oubli. . Cahiers Georges Perec n° 2, « W ou le Souvenir d'enfance «, une fiction. Textuel 34:44, S.T.D., Paris 7, n° 21, réédition de 1997. . Pour appréhender l'ensemble de l'?uvre : . Claude Burgelin : Georges Perec, Les Contemporains-Seuil, 1988. Ce livre décrit les ?uvres principales de Perec ; il contient une brève biographie et reproduit les photos. Plan d'étude I. - Structure du livre Membre de l'OULIPO21 depuis 1967, Perec est attentif aux formes et aux signifiants. Le travail de l'écrivain ne consiste pas à fignoler le style, mais à organiser le texte de façon à suggérer du sens, en soignant particulièrement les « lieux stratégiques « du texte, sa typographie, son organisation. 1. - Le titre. Laissons de côté le sous-titre de l'édition originale, « récit, « ainsi que la typographie ombrée du caractère W dans l'édition de « L'Imaginaire «. Ce titre en deux parties, l'une expliquant l'autre à l'aide de la conjonction de coordination ou, annonce la construction du livre en chapitres alternés. Chacune de ses deux parties est énigmatique et trouve dans le texte une explication qui laisse le lecteur insatisfait. W est expliqué deux fois ; d'abord au chapitre XII, p. 93 : c'est le nom de l'île imaginaire, peut- être fondée par des Wasp (p. 95), que l'on verra ensuite frappé dans le dos des survêtements sportifs (p. 96). Ensuite au chapitre XV, p. 109-110, dans un développement sur la « géométrie fantasmée dont le V dédoublé constitue la figure de base et dont les enchevêtrements multiples tracent les symboles majeurs de l'histoire de mon enfance. « On peut ensuite chercher des significations surdéterminées à cette première partie du titre : la forme de cette lettre double convient à un récit en deux parties alternées. On peut aussi penser que, dans la première partie, le nom de l'enfant et de l'adulte qui le lui a emprunté, Winckler, lie ses deux personnages à l'histoire de la Nation W, sans que ce lien puisse être précisé. : le texte nous laisse des énigmes sur lesquelles nous ne pouvons qu'émettre des hypothèses. Vous en trouverez sûrement d'autres. Le Souvenir d'enfance, qui paraît annoncer la série des chapitres autobiographiques, surprend parce qu'il est au singulier. Or le texte hésite sur le nombre des souvenirs d'enfance : aucun, au chapitre II, p. 17 ; deux au chapitre IV, p. 26-27 ; puis « mes premiers souvenirs précis concernent l'école «, chapitre X, p. 76 ; « trois souvenirs d'école «, p. 78-79, et enfin le quatrième, le départ à la gare de Lyon, p. 80, que l'adulte ne parvient pas à reconstituer, et qui provoque la rupture entre la première et la deuxième partie. Après cette rupture, « désormais, les souvenirs existent « (chapitre XIII, p. 97). La structure du texte d&...

« d’écriture de ce livre invite le lecteur à résoudre des énigmes en nombre indéterminé.

Il a le sentiment qu’aucune des lectures qui en ont été faites n’en épuise le sens. · Pour une première approche : · Anne Roche commente W ou le souvenir d’enfance de Georges Perec, Foliothèque, 1997.

Ouvrage très accessible, dans tous les sens du terme.

La structure de l’étude est complexe et éclatée, mais le contenu est très riche et clair ; elle met en valeur l’originalité de l’entreprise autobiographique de Perec.

Le dossier qui l’accompagne contient des documents externes : avant-textes, textes de l’auteur liés à W, mais aussi des études ponctuelles et variées : des exemples de « sutures » (terme de Bernard Magné pour désigner les détails analogiques qui unissent les chapitres de la « fiction W » aux chapitres de souvenirs), les relations entre W et trois romans d’aventures, Impressions d’Afrique de Raymond Roussel, Moby Dick d’Herman Melville, L’Épave du Cinthia de Jules verne, « Perec et la judéité », les « chiffres, lettres, figures » (tentative d’interprétation des jeux sur les signifiants dans ce texte). · de Marie-Christine Bellosta et Hans Hartje : « W ou le Souvenir d’enfance », dans L’Humain et l’inhumain, Belin, 1997.

Cet ouvrage, destiné aux élèves des classes prréparatoires scientifiques, dont le programme change chaque année, est excellent, encore disponible mais inséré dans un ensemble sur les autres textes de ce programme, Médée de Sénèque et Frankenstein de Mary Shelley.

Il est solidement structuré, bien documenté ; il met l’accent, en raison du thème du livre, sur la « fiction W » et les documents qui la sous-tendent, dont la liste sera donnée ci-dessous.

Cette étude met en valeur la dimension historique du livre qu’une lecture essentiellement psychologique risque de manquer et d’affadir. · Pour approfondir : · Philippe Lejeune : La Mémoire et l’oblique.

Georges Perec autobiographe, P.O.L., 1991.

(130 F).

Ce livre, qui se lit comme un roman d’énigme, étudie avec chaleur et sympathie les avant-textes de W et ceux d’un projet abandonné, Lieux.

Il fait le portrait de Perec autobiographe en neuf points (pudeur, convivialité, intertextualité, opérabilité, sabotage, obliquité, blocage, remplissage, cloisonnement).

Puis il trace la genèse de W (voir ci-dessous, l’histoire du texte).

On y trouve présentées et analysées six versions, dans le texte et hors du texte, du souvenir du départ à la gare de Lyon, et sept versions du premier souvenir présenté dans W, celui de la lettre hébraïque, pour montrer comment mémooire et imagination travaillent autour du vide de l’oubli. · Cahiers Georges Perec n° 2, « W ou le Souvenir d’enfance », une fiction.

Textuel 34:44, S.T.D., Paris 7, n° 21, réédition de 1997. · Pour appréhender l’ensemble de l’œuvre : · Claude Burgelin : Georges Perec, Les Contemporains-Seuil, 1988.

Ce livre décrit les œuvres principales de Perec ; il contient une brève biographie et reproduit les photos. Plan d’étude I.

— Structure du livre Membre de l’OULIPO21 depuis 1967, Perec est attentif aux formes et aux signifiants.

Le travail de l’écrivain ne consiste pas à fignoler le style, mais à organiser le texte de façon à suggérer du sens, en soignant particulièrement les « lieux stratégiques » du texte, sa typographie, son organisation.. »

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