ZAÏRE ET LITTERATURE
Publié le 01/06/2019
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ZAÏRE (littér.). Absent de la plupart des anthologies et ouvrages critiques qui, à partir de 1950, consacrent l'émergence d une littérature africaine d'expression française, l'ex-Congo belge a longtemps fait figure de parent pauvre dans le domaine littéraire. Les causes de ce retard sont à rechercher à la fois dans la politique scolaire mise en œuvre du temps de la colonisation et sans doute aussi, pour une part difficilement appréciable, dans les violents soubresauts qui, avec la sécession du Katanga, ont secoué le Zaïre au lendemain de son indépendance.
Il ne faut pourtant pas oublier que dès les années 1930 s'était formée à Léopold-ville une classe d'« évolués » qui, à l'instar de leurs compatriotes sénégalais ou dahoméens, entendaient se manifes-ter et qui purent s'exprimer soit dans des revues comme la Voix du Congolais, soit
à l'occasion de concours littéraires comme celui qui fut institué à partir de 1948 dans le cadre de la Foire coloniale de Bruxelles. À cette préhistoire des lettres zaïroises sont associés un certain nombre de noms parmi lesquels il faudra au moins retenir ceux d'Antoine-Roger Bolamba et de Paul Lomami-Tshibamba. Le premier, qui présida pendant longtemps aux destinées de la Voix des Congolais, était présent aux deux grands congrès des artistes et écrivains noirs de Paris et de Rome, et il est l'auteur d'un recueil de poèmes, Esanzo (Chants pour mon pays), salué par Léopold Senghor comme un chef-d'œuvre de la sensibilité bantoue. Quant au second, Lomami-Tshibamba, il a été étroitement associé au destin de plusieurs revues littéraires comme la Croix du Congo, puis, à partir de 1950, Liaison, revue des cercles culturels d'A.-E. F., éditée à Brazzaville.
Après une période de marasme politique, l'essor culturel reprend cependant au lendemain de la prise du pouvoir par le président Mobutu, en 1965. Il se manifeste surtout par l'activité, souvent brouillonne, de très nombreux cercles littéraires relayés par des revues estudiantines éphémères, le lancement de plusieurs prix littéraires et la création de maisons d’édition aux moyens limités et d'une diffusion incertaine. Le second champ d'expression qui manifeste la vitalité de la culture zaïroise est celui du théâtre. Dès ses origines, que l'un de ses pionniers, Mongita Likeke, fait remonter aux années 1925-26, le théâtre zaïrois d'expression française s'engage dans la voie de l'imitation.
«
à
l' oc casi on de concours littéraires
comme celui qui fut institué à partir de
1948 dans le cadre de la Foire coloniale
de Bruxelles.
À cette préhistoire des
lettres zaïroises sont associés un certain
nombre de noms parmi lesquels il faudra
au moins retenir ceux
d'Antoine -Roger
Bolamba et de Paul Lomami -Tshibamba.
Le premier, qui présida pendant long
temps aux destinées de la Voix des
Congolais, était présent aux deux grands
congrès des artistes et écrivains noirs de
Paris et de Rome, et il est l'auteur d'un
recueil de poèmes, Esanzo (Chants pour
mon pays}, salué par Léopold Senghor
comme un chef-d'œuvre de la sensibilité
bantoue.
Quant au second, Lomami
Tshibamba, il a été étroitement associé
au destin de plusieurs revues littéraires
comme la Croix du Congo, puis, à partir
de 1950, Lü:zison, revue des cercles
culturels d'A.·E.
F., éditée à Br azzaville.
Après une pèriode de marasme politi
que, l'essor culturel repre nd cependant
au lendemain de la prise du pouvoir par
le président Mobutu, en 1965.
Il se
manifeste surtout par l'activité, souvent
brouillonne, de très nombreux cercles
littéraires relayés par des revues estu
diantines éphémères, le lancement de
plusieurs prix littéraires et la création
de maisons d'édition aux moyens li m ités
et d'une diffusion incertaine.
Le second
champ d'expression qui manifeste la
vitalité de la culture zaïroise est celui du
théâtre.
Dès ses origines, que l'un de ses
pionniers, Mongita Likeke, fait remonter
aux années 1925-26, le théâtre zaïrois
d'expression française s'engage dans la
voie de l'imitation.
Ce théâtre de patro
nage sera néanmoins à l'origine de
plusieurs entreprises scéniques auxquel
les les évolués ont fréquemment recours
pour s'exprimer : le Cercle théâtral de
Léopoldville, sous l'impulsion de
N.
Aumba, la Ligue folklorique congo
laise, animée par A.
Mongita, les Ball ets
congolais d'Alexis Tshibangu.
le Théâtre
de l'Est africain d'Élisabethville.
Au
lendemain de l'indépendance, en revan
che, l'activité théâtrale se met en veil
leuse, pour repartir bientôt de plus belle
avec une effloraison d'initiatives qui,
pour la plupart, émanent des milieux universitaires.
C'est ainsi qu'au Shaba,
à l'école normale de Chimambo, Denis
Franco lance le « M won do théâtre >>,
qui, tout en puisant son inspiration dans
la tradition zaïroise, cherche à renouve
ler l'expression dans une forme dramati
que située résolument aux antipodes des
modèles scolaires.
La poésie zaïroise connaït également
un essor remarquable.
Ses premiers
balbutiements remontent à la fin des
années 1960, date à laquel le le surgis
sement d'une conscience littéraire
suscite la création spontanée de nom
breux cercles littéraires qui viennent de
découvrir la poésie de la négritude.
La
création par Mudirnbe des éditions du
Mo nt-N oir sera pour un certain nombre
de poètes l'occasion de faire entendre
une voix singulière, en particulier
N'Gayé-Lussa Sumaili dans Testament
(1971), Nzanzu Mabelemadiko Masega
bio, avec Somme première, Clémentine
Nzuji avec Lianes, Mudimb e avec Déchi
rures, enfin Matala Mukadi Tshiaka
tumba, auteur de Réveil dans un nid en
flammes.
Bien que le nombre des romans soit
encore assez limité, contrairement à
d'autres pays africains, le Zaïre n 'est pas
demeuré en reste dans le domaine de la
production romanesque, qu.i apparaït
aujourd'hui dominée par la figure de
V.
Y.
Mudimbe, auteur de trois œuvres
parues à quelques années d'intervalle,
Entre les eaux (1973), le Bel Immonde
(1976) et l'Écart (1979).
Mais, là encore,
l'œuvre magistrale du grand roman
cier zaïrois ne doit pas éclipser les
premières tentatives d'un Bolamba ou
d'un Lomarni -Tshibamba.
Narrateur de
Ngando le crocodile, qui raconte la
capture d'un jeune écolier par les croco
diles du fleuve Zaïre, Lomarni est égale
ment l'auteur de plusieurs récits comme
Ah! Mbongo et Nkunga Maniongo.
La
peinture des mœurs et de la société, dont
on connaît l'importance dans la littéra
ture africaine contemporaine, semble
assez curieusement reléguée au second
plan dans la plupart des œuvres mar
quantes de la nouvelle génération des
romanciers zaïrois.
Ainsi le héros
d' Entre les eaux, Pierre Lan du, app araï t-.
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