Les empoisonnements

« comme le manioc amer, qui contient du cyanure et dont la farine doit être bouillie et fermentée , ou les graines de ricin , dont on tire la ricine, poison mortel, mais aussi l'huile de ricin, utilisée en potion laxative .

i!if.!i!MOlll transmettent par leurs morsures, leurs piqûres , voire par simple contact avec la peau.

Les serpents venimeux sont les plus célèbres , les p lus craints, mais en réalité peu nombreux .

En France, les morsures viennent presque exclusivement des vipères : leur morsure provoque un gonflement, avec des tâches rouges et des plaques blanches , puis des troubles digestifs , de la fièvre , voire une perte de connaissance si les soins tardent à être apportés .

Certains poissons sont au moins aussi dangereux : c'est le cas de la raie armée , avec son aiguillon sous la queue qui pique le promeneur distrait lorsqu 'il marche sur le sable dans lequel elle s'est cachée, mais aussi du fugu , un poisson du Japon dont les viscères constituent un poison violent.

Les estivants savent aussi qu'il convient de se méfier des méduses , notamment de la méduse à crinière de lion (Cyanra capillata ), dont le poison provoque des arrêts respi ratoires.

Les araignées sont toutes venimeuses , mais une centaine d 'espèces seulement est dangereuse pour l'être humain et, pour la plupart , elles vivent dans les pays chauds.

La seule espèce dangereuse vivant naturellement en France est la malmignatte, une petite araignée avec des taches rouges sur l'abdomen.

On trouve également quelques mygales, importées pour l'élevage.

Leur morsure provoque une douleur , parfois une infection, u n œdème et de la fièvre, avec des ~flets variables d'un individu à l'autre.

Certaines piqûres d'insectes peuvent provoquer une réaction allergique.

C'est le cas essentiellement de l'abeillr , de la guêpe et du frelon dont la piqûre fait l'effet d'un poison chez certaines personnes et est responsable d 'une quinzaine de morts par an en France.

La maison est le repère le plus banal des poisons courants .

Si les empoison ­ nements provoquent une centaine de décès par an en France , les rmpaison ­ nrmrnts domrstiques sont responsables de l'hospitalisation de 50000 personnes chaque année, essentiellement .,,...,._ ;;:.;;..,,.,.....

des enfants, dont plus de la moitié a ingéré des médicaments ou des produits ménagers : eau de javel, produit à vaisselle , produits nettoyants , désodorisants , mais aussi trichloréthylène (produit servant à détacher ) , produits de jardinage et même des piles .

Les produits alimentaires défectueux , notamment les conserves avariées (responsable du botulisme) et la viande périmée ou contaminée peuvent également empoisonner ..

Certains médicaments s 'avèrent des poisons dangereux : les substances qu'ils contiennent peuvent être mortelles à certaines doses.

C'est le cas des barbituriques (nom générique d 'une catégorie de somnifères) , de la digita line, de l'atropine (utilisée pour accélérer le rythme cardiaque et diminuer les tremblements chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson) , de la morphine, de la codéine et de l'adrénaline.

Au-delà de cette liste, la plupart des médicaments sont gravement toxiques quand ils sont pris en automédication et inadaptés au cas du patient ou quand ils sont mal dosés , notamment quand il y a confusion entre un dosage adulte et un dosage enfant.

Ainsi, le paracétamol, les sirops pour la toux , l'aspirine , les somnifères, le fluor et les pilules contraceptives sont des causes majeures d'hospitalisation en urgence des jeunes enfants .

En dehors des pays déve loppés , le trafic de faux médicaments , qui concerne 10% du marché mondial , est une source essentielle d 'empoisonnement.

Certains produits sont peu dangereux (comprimés fabriqués avec du talc, par exemple) , sauf à ne pas soigner le patient.

D'autres sont mal fabriqués ou contiennent d 'autres principes que celui annoncé, par exemple une molécule moins coûteuse que celle servant à la fabrication du vrai médicament.

ijliffi De nombreux gaz sont dangereux au quotidien , à commencer par les plus courants : le gaz de ville, le méthane , le propane et le butane.

L'.utilisation concomitante de certains produits domestiques, comme les détartrants et l'eau de javel, mis ensemble dans la cuvette des toilettes pour la nettoyer, provoque une réaction chimique laissant échapper des gaz dangereux .

Le monoxyde de carbone émis par certains chauffages , invisible et inodore , a longtemps été responsable de décès nocturnes, dont celui d 'Émile Zola : les risques sont moindres de nos jours du fait des contrô les et des systèmes de sécurité mis en place sur les appareils .

Les gaz d 'échapprment des voitures sont également des poisons efficace s.

Les empoisonnements au gaz peuvent avoir lieu à grande échelle , comme lors des accidents industriels : à Bophal , en Inde , en 1984 , une fuite d'isocyanite de méthyle dans une usine de pesticide a fait 20 ooo victimes .

Certains gaz sont d'ailleurs utilisés comme armes chimiques , tels le gaz moutarde pendant la Première Guerre mondiale (incapacitant 111ais aussi mortel ), le gaz sarin et le zyklon B (acide prussique ) employés dans les chambres à gaz pendant la Seconde Guerre mondiale .

LES EMPOISONNEMENTS VOLONTAIRES Les suicides causent 11 000 morts par an en France (150000 tentatives) , environ un million de décès dans le monde.

Tous ne sont pas dus aux poisons et, lorsque le poison est utilisé , les formes en sont variées : l'arsenic pour Madame Bovary chez Flaubert , la morsure de cobra pour Cléopâtre ...

Le poison sert aux crimes individuels.

Le code pénal préci s e que : • le fait d'attenter à la vie d 'autrui par l'emploi ou l'administration de substance de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement.

L'.empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle.

»(Article 221-5 ).

La jurisprudence en donne une acception large qui indu~ notamment , le fait de contaminer un partenaire avec le virus du sida .

L'.empoisonnement criminel a fait les beaux jours de la litt érature , de Shakespeare à Joseph Kesserling (Arsenic et vieilles dentelles ) mais aussi de la presse : l'affaire Marie Capelle Lafarge , accusée d 'avoir empoisonné son mari à l'arsenic en 1840 , l'affaire Violette Nozière, coupable d 'avoir tué son père et tenté de tuer sa mère avec des barbituriques en 1934 , l'affaire Marie Besnard , accusée de plusieurs meurtres en 1949 ...

Si l'usage du poison ne fait aucun doute dans la famille Borgia, des doutes subsistent en revanche autour de la mort d 'hommes illustres, de Mozart à Napoléon.

En 2004, le président de la République d'Ukraine , Viktor louchtchenko, a été victime d'un empoisonnement qui l'a défiguré pendant sa campa gne électorale .

Dans les faits, l'empoisonnement n 'est pas si courant : la • soupe à l'arsen i c » consommée en famille est rare.

En effet les progrès de la médecine légale permettent trop facilement de détecter un poison dans le contenu de l'estomac ou dans le sang et son usage laisse des indices (vomissements avant le décès, traces de piqûres ...

) qui mettent les enquêteurs sur la piste du criminel.

Il reste néanmoins de nombreuses incertitudes et tous les cas d'empoisonnement suspectés ne sont pas, loin de là, élucidés.

L'.empoisonnement est utilisé dans certaines exécutions : celle, célèbre, de Socrate à la ciguë en 399 avant notre ère, mais aussi celles de la majorité des condamnés à mort aux États-Unis (bien plus que la chaise électrique) .

L'.euthanasie recourt également à l'empoisonnement essentiellement le chlorure de potassium , qui provoque un arrêt cardiaque et la morphine, qui provoque une dépre ssion respiratoire .

En dehors des périodes de guerre, les empoisonnements collectifs sont rares et relèvent essentiellement de l'accident.

En 2002 , dans une petite ville chinoise près de Nankin , des produits alimentaires ont été empoisonnés avec un raticide, ce qui a provoqué une centaine de décès .

Les risques terroristes sont en revanche, importants et ont déjà donné à l'histoire quelques cas célèbres : la contamination d 'agrumes au mercure en Israël en 1977 , celle de bouteilles de champagne consommée s par des officiers russes au Tadjikistan en 1995 , l ' usage du gaz sarin , inodore et incolore , dans l'attentat du métro de Tokyo en 1995 ...

Les principales inquiétudes pour l'avenir concernent la ricine, mille fois plus dangereuse quand elle est inhalée que quand elle est avalée (les enzymes de l'estomac la détruisent en partie ) et surtout la possibilité de produire et de dissém iner des bactéries transgéniques capables de produire des toxines .

LES SYMPTÔMES DE L'EMPOISONNEMENT Les symptômes d'un empoisonnement sont variés : salivation, mydriase (dilatation des pupilles) , nausées , vomissements, crampes intestinales , diarrhée, sueurs, incontinence, somnolence, déséquilibr e, étourdissement, excitation , confusion , hallucinations, perte d'équilibre , mouvements non coordonnés et involontaires , tremblements , convulsions puis , au stade ultime, troubles respiratoires , perte de connaissance, état de choc et coma .

•BU@i Le premier geste en cas d'empoisonnement consiste à éviter l'affolement , qui accroît la diffusion du poison et pousse la victime à commettre des erreurs : il convient, au contraire , de rester calme .

Les « remèdes de grands-mères » (boire du lait se faire vomir , sucer et aspirer le venin ...

) sont à proscrire , car ils peuvent faire plus de mal que de bien ! Un empoisonnement donne systématiquement lieu à une consultation d'urgence, dès qu'il y a un doute et sans attendre les symptôme s car il peut être déjà trop tard : la victime ou son entourage doit appeler le Samu ou l'un des 13 centres antipoison (Paris , Lyon , Lille , Mar seille , Bordeaux , Rennes , Strasbourg, Angers , Nancy , Reims , Toulouse , Rouen , Grenoble) .

Leur rôle consiste à informer le public et à répondre aux questions des professionnels dans les hôpitaux .

La victime ou son entourage doit tout mettre en œuvre pour faciliter le travail des soignants : savoir quel produit a été ingéré et en quelle quantité, apporter le champignon , les restes, les épluchures , la bouteille, la boîte du médicament, pouvoir décrire le champignon , avoir fait identifier la plante par le fleuriste ou le pharmacien , connaître l'espèce de l'araignée que l'on élève chez soi, identifier l'heure de l'empoisonnement la quantité ingérée ..

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L'.hôpital traite les empoisonnements de diverses manières: lavage d'estomac s'il n 'est pas trop tard , décontamination au charbon , traitement des réactions allergiques par l'adrénaline, les antihistaminiques et les corticoïdes et surtout surveillance médicale constante .

L'.organisme rejette en partie le poison (urine , sueur , respiration) ou le transforme (c'est le rôle joué par le foie) mais sa capacité peut s'avérer insuffisante .

lf#frifoi!.111 Le meilleur moyen de lutter contre les empoisonnements relève de la prévention .

Les produits dangereux sont étiquetés avec des symboles ------- facilement identifiables : une tête de mort indique un produit très dangereux, pouvant provoquer la mort ou des complications ; une croix indique un danger réel ••••••• mais moindre.

L'.essentiel des précautions à prendre concerne les enfants : il convient de ranger hors de leur portée les produits dangereux (produits ménagers , médicaments, produits de jardinage , combustibles), de ne jamais changer les produits de flacon pour ne pas les confondre, de bien les reboucher , de ne pas préparer les médicaments en les laissant à la portée des enfants , de ranger à des endroits différents les médicaments pour les enfants et ceux pour les adultes, de jeter les produits non étiquetés et surtout d 'éduquer les enfants aux dangers de la maison .

Plus généralement , il faut éviter de boucher les aérations , faire contrôler ses chauffages , aérer quand on utilise des produits potentiellement dangereux comme les produits de jardinage .

Et surtout ne jamais croire que l'on aura plus de chance que les autres.

Le roi Mithridate (vers 132-63 av.

J.-C) avait cherché à s'immuniser contre les poisons en les consommant à petites doses .

Son projet a suscité l'intérêt des médecins jusqu'au début du XX' siècle, ils ont cherché à mettre au point un remède miracle , sorte de •vaccin » contre les poisons : la mithridatisation .

Mais , en 1908, la potion concoctée et « amé liorée » depuis des siècles a été retirée du codex : il n'existe en réalité pas de moyens de se préserver des empoisonnements autres que la prudence.. »