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La déesse Athéna dans Ajax de SOPHOCLE.

Publié le 05/09/2018

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Si au début, on ne la voit pas - mais on l'entend - sa présence dans l'oeuvre est de plus en plus fantomatique. On ne parle d'elle que par paroles rapportées : \" où j'allais frapper, une déesse invincible, qui porte l'épouvante, lafille de Zeus, a égaré mon bras, en m'inspirant un affreux délire, et souillé mes mains du sang de ces vils troupeaux. \" 
Mais la déesse n'est pas non plus uniquement implacable et cruelle, et laisse à Ajax la possibilité de changer sa destinée : s'il ne sort pas de sa tente pendant toute une journée, il vivra. Si non, le courroux de la déesse le poussera à se suicider. C'est à ses proches de le retenir. Si bien que le suicide d'Ajax n'est plus de son propre ressort, ni même celui de la déesse : c'est le Fatum qui reprend ses droits. 
Ainsi, l'Ajax de Sophocle montre la divinité Athéna comme un deus ex machina qui tire les ficelles du destin selon sa volonté. Les hommes, eux, comme l'écrit, Sophocle doivent être humbles face à cette toute-puissance. Le rapprochement avec l'oeuvre d'Homère est plus qu'évidente, puisque d'une part, cette-dernière est clairement la source de Sophocle. L'emprise des dieux sur la guerre de Troie se fait ressentir dès le départ, lors de la dispute de la pomme d'or (notons que cette dispute n'est pas présente chez Homère). Les dieux prennent part dans les batailles, tout comme ils prennent part dans les disputes entre hommes, comme c'est le cas dans l'Ajax de Sophocle lors du partage des armes entre Odysseus et Ajax. Cette oeuvre permet aussi de voir le caractère ambigu de la déesse : on la dépeint comme une déesse noble, mais elle sait aussi être rusée, cruelle, et, on peut le dire, machiavélique.

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« La relation avec Ajax est, elle, plus ambigu, et nous assistons lors du dialogue entre Athéna et Ajax, une sorte de théâtre dans le théâtre.

Nous avons déjà relevé le fait qu'il y a deux séries de questions/réponses.

Dans celle avec Ajax, se met en place une sorte de jeu de rôle.

Athéna l'affirme d'elle-même lorsqu'elle dit à Odysseus : " N'est-il pas doux de rire d'un ennemi " ? Il est clair qu'elle joue un autre personnage, et qu'elle se joue d'Ajax.

Athéna change de rôle, et joue celle qui ne connait pas et qui veut savoir, elle donne l'apparence de laisser Ajax maître de sa volonté.

Par conséquent, la différence entre Ajax et Odysseus est claire : bien sûr, Ajax rend hommage à son ex-protectrice " Salut, ô Athéna, salut, fille de Jupiter! ", " Spectacle charmant, ô ma maîtresse!" mais on sent dans sa voix, une arrogance, une superbe qui est accrue par sa folie.

Face à la déesse, Ajax reste très orgueilleux : "Je puis m'en vanter, et je suis loin de le nier.", " Athéna, je désire te complaire en tout le reste; mais ce châtiment sera le sien." L'ubris (sentiment de démesure) est encore prégnant en lui, et il refuse même de concéder à la fausse prière d'Athéna.

On peut même jusqu'à dire que ses propos sont blasphématoires.

Lorsque, après le prologue, il recouvre la raison, il s'aperçoit, mais trop tard, de son erreur.

Cependant, Athéna lui laisse une chance de s'en sortir, et amoindrit sa vengeance implacable en lui laissant un échappatoire : si, pendant une journée, on le retient dans sa tente, alors, il ne périra pas.

Malheureusement pour lui, le poids du destin - immanquablement cruel dans une tragédie - l'écrase, le broie, le tue.

III) Deus ex machina En fait, ces relations mettent en exergue le fait que c'est bien Athéna qui maîtrise le cours du destin.

Sophocle fait en quelque sorte une morale sur la toute puissance divine et les héros eux -mêmes y font allusion : " A la vérité, tout est possible, quand un dieu s'en mêle." Et en effet, sa divine origine lui permet tout.

La morale est dispensée par la bouche d'Athéna elle-même : "Devant un tel spectacle, garde-toi donc de jamais outrager les dieux par des paroles superbes, et de t'enorgueillir si tu remportes sur d'autres par ta force ou par tes richesses ; un seul jour abaisse ou relève les grandeurs humaines; les dieux aiment les hommes modestes et détestent les méchants." Quoi de plus clair pour le peuple athénien, attentif au spectacle de l'ingénieux tragédien ? Cette caractéristique d'Athéna l'élève, en réalité, au-delà du simple schéma opposant/adjuvant : c'est véritablement un deus ex machina : c'est elle la créatrice du destin d'Ajax, et d'Odysseus.

Elle décide qu'Ajax soit punit de son orgueil : celui-ci périt de sa propre honte.

Elle décide qu'Odysseus reçoive les armes d'Achille : on le lui accorde. Elle décide, malgré l'ire de Poséidon, qu'Odysseus puisse revenir dans sa patrie : celui-ci, après dix ans de pérégrinations, revoit sa tendre Ithaque.

Le présentatif "C'est moi qui offrant à ses yeux de trompeuses visions, le privai de celte horrible jouissance, etc." est très clair à cet égard.

Lors du récit du massacre du troupeau, les marqueurs de l'énonciation, montre qu'Athéna a été elle aussi actrice lors de cet évènement : " Mais moi, j'excitais les accès de son délire furieux, et je l'égarais encore davantage." Même lorsqu'elle n'apparait plus après le prologue, sa présence, menaçante, plane au-dessus d'Ajax. Si au début, on ne la voit pas - mais on l'entend - sa présence dans l'oeuvre est de plus en plus fantomatique.

On ne parle d'elle que par paroles rapportées : " où j'allais frapper, une déesse invincible, qui porte l'épouvante, la fille de Zeus, a égaré mon bras, en m'inspirant un affreux délire, et souillé mes mains du sang de ces vils troupeaux.

" Mais la déesse n'est pas non plus uniquement implacable et cruelle, et laisse à Ajax la possibilité de changer sa destinée : s'il ne sort pas de sa tente pendant toute une journée, il vivra.

Si non, le courroux de la déesse le poussera à se suicider.

C'est à ses proches de le retenir.

Si bien que le suicide d'Ajax n'est plus de son propre ressort, ni même celui de la déesse : c'est le Fatum qui reprend ses droits.

Ainsi, l'Ajax de Sophocle montre la divinité Athéna comme un deus ex machina qui tire les ficelles du destin selon sa volonté.

Les hommes, eux, comme l'écrit, Sophocle doivent être humbles face à cette toute-puissance.

Le rapprochement avec l'oeuvre d'Homère est plus qu'évidente, puisque d'une part, cette-dernière est clairement la source de Sophocle.

L'emprise des dieux sur la guerre de Troie se fait ressentir dès le départ, lors de la dispute de la pomme d'or (notons que cette dispute n'est pas présente chez Homère).

Les dieux prennent part dans les batailles, tout comme ils prennent part dans les disputes entre hommes, comme c'est le cas dans l'Ajax de Sophocle lors du partage des armes entre Odysseus et Ajax.

Cette oeuvre permet aussi de voir le caractère ambigu de la déesse : on la dépeint comme une déesse noble, mais elle sait aussi être rusée, cruelle, et, on peut le dire, machiavélique.. »

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