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LE MYTHE DE SISYPHE

Publié le 17/01/2022

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sisyphe

Le mythe de Sisyphe a ceci de particulier qu'il est connu de tous pour le supplice du rocher dont est victime le roi de Corinthe : il doit en effet déplacer du bas en haut d'une montagne, située aux Enfers, un rocher qui retombera immanquablement sitôt atteint son but . Mis en exergue par CAMUS pour illustrer l'absurdité de la condition humaine, ce mythe évoque irrésistiblement la notion de répétition. Mais, la raison pour laquelle Sisyphe fut condamné si lourdement reste obscure. Plusieurs versions existent sur la manière dont Sisyphe irrita Zeus au point d'être condamné à mort. Il n'est pas question ici de les détailler, mais retenons simplement que Sisyphe, fondateur de la ville de Corinthe, décrit tantôt comme un honnête homme, tantôt comme plein de ruse, se serait trouvé être témoin d'une mauvaise action de la part de Zeus et l'aurait dénoncé

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« cette inflation de l’Autre qui n’existe pas à l’envers... Je voudrais dans cet atelier partir de ce point particulier et reposer cette question éternelle du traumatisme psychique, à la lumière de 2 boussoles que nous tendent Freud et Lacan à ce propos : en quoi réside le trauma ? et plus précisément, toute violence est-elle trauma , et inversement ? FREUD dans « Au delà du principe de plaisir » distingue effroi, peur et angoisse (5): peur et angoisse sont liées à l’attente d’un danger, mais la peur connait son objet, alors que l’angoisse l’ignore.

On sait de quoi on a peur, alors qu’on est angoissé justement lorsqu’on ne sait pas ce qui nous attend.

« Quant au terme d’effroi (sh reck), je cite FREUD, il désigne l’état qui survient quand on tombe dans une situa tion dangereuse sans y être préparé ».

Ces trois termes trés proches désignent des expériences que, précisément, la psychiatrie de guerre rapproche, fatigue de combat, choc de combat, pour arriver au modèle du stress.

Ce n’est pas pour rien que FREUD décrit cette séméiologie à l’issue de la guerre de 14-18, et son article, comme vous le savez, va s’appuyer sur la compulsion de répétition , à partir des cauchemars des névroses traumatiques de guerre précisément, pour introduire la pulsion de mort.

Il met l’accent sur le facteur surprise, l’angoisse préparant le sujet. C’est plus tard, dans « Inhibition, symptôme, angoisse », que FREUD précisera que l'angoisse est en relation avec l'attente, et qu’elle a pour caractères l'indéterm ination et l'absence d'objet: « Dans l'usage correct de la langue, son nom lui-même change lorsqu'elle a trouvé un objet et il est remplacé par celui de peur » (4).

En d’autres termes, l'angoisse, née de l'attente, a besoin d'un nom pour se nommer peur.

Le soldat a horreur de l’attente ( Cf le désert des Tartares de Buzzati). L’angoisse est une peur sans nom, mais pas sans objet, nous dit Lacan qui relève cependant dans son sém inaire sur « L’angoisse » que le FREUD de 1926 reconnait quand même à l’angoisse un objet: c’est l’angoisse-signal d’un danger.

« L’angoisse n’est pas sans objet » en conclue donc LACAN qui rapprochera, comme FREUD, angoisse et peur, la peur désignant un danger e xtérieur, l’angoisse signalant un danger intérieur.

(6) Mais pour lui, le plus important est l’adéquation de la peur à son objet (il est normal d’avoir peur d’un m issile), contrairement à l’angoisse qui signe une inadéquation fondamentale à un objet par essence caché. C’est la notion de réel « dans ce qu’il peut avoir de nécessaire et d’irréductible pour l’homme dans sa d ivision », (« quelque chose qui est le reste, le a ») qui permet à LACAN, dés ce sém inaire, de définir l’angoisse comme le seul affect qui ne trompe pas: l’angoisse, c’est l’affect qui signale la pro ximité du réel et de son élément de certitude, celle de l’objet soutien du désir et de l’abord de l’autre. L’effroi, c’est autre chose, un franchissement se produit…de manière acc identelle, c’est d’ailleurs cette notion d’accident qui signe pour Lacan la rencontre, par essence, m anquée avec le Réel (Cf l’acc ident de la circulation dans la vie c ivile ordinaire qui renvoie à chaque fois des images de guerre).

Fidèle à FREUD, il o pposera au couple peur-angoisse le schreck freudien, l’effroi, pour introdu ire le réel.

L’effroi, c’est l’effet de surprise produit par une rencontre, par nature ratée, avec le réel.

La fonction de la Tuché, c’est le traumatisme dans son acception du FREUD de « l’Au delà du principe de plaisir ».

Il s’en suit l’Automaton de la répétition, le prix à payer ce cette rencontre interdite que paye Sisyphe.

« Le réel est celà qui gît toujours derrière l’automaton, et dont il est si évident, dans toute la recherche de FREUD, que c’est là ce qui est son souci »(2) martèle Lacan dans le Séminaire XI. Mais de quel réel s’agit-il si ce n’est celui de la mort ? Dans le trauma, le sujet s'est "vu mort" : il a cru sa dernière heure arrivée et, comme Sisyphe, s'est vu, cadavre jeté dans le sable.

Ce corps, ce peut être celui du sujet, laissé pour mort sur le champ de bataille ou ne devant son salut, lui aussi, qu'à une ruse : faire le mort . Cela peut être celu i de l'Autre, le copa in, le passager, tué sous ses yeux, tué parfois à sa place : en temps de guerre pas plus qu'en temps de paix, comme le souligne FREUD dans "Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort", le sujet ne peut se représenter sa propre mort, irrémédiablement condam née à l’imaginaire.

Seul le corps de l'Autre vient ainsi figurer le Réel de la mort.

Ce Réel peut se présenter aussi sous des aspects moins passifs : le sujet est alors acteur de la mort de l'Autre, dans des circonstances "légalisées" par la guerre évidemment, mais aussi dans des circonstances moins claires "hors les lois de la guerre".

Il est ici celui qui, comme Sisyphe, s'est approprié pour sa propre jouissance les 2. »

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