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Le Mythe D'Orphée

Publié le 29/09/2010

Extrait du document

 

Le mythe d’Orphée, notamment rapporté par Ovide dans ses Métamorphoses, constitue l’une des légendes les plus singulières de la mythologie grecque, celle-ci étant en particulier rattachée à la religion des mystères (Le mythe ayant donné naissance à un courant religieux de la Grèce Antique : l’Orphisme). Cette recherche relative au mythe, tout en se concentrant sur la geste du protagoniste principal, Orphée, et sur les évocations artistiques du mythe, s’articulera autour d’un texte source issu du livre X des Métamorphoses d’Ovide et du tableau Orphée devant Pluton et Prosperine de François Perrier.

 

Texte source :

 

Après avoir longtemps imploré par ses pleurs les divinités de l'Olympe, le chantre du Rhodope osa franchir les portes du Ténare, et passer les noirs torrents du Styx, pour fléchir les dieux du royaume des morts. Il marche à travers les ombres légères, fantômes errants dont les corps ont reçu les honneurs du tombeau. Il arrive au pied du trône de Proserpine et de Pluton, souverains de ce triste et ténébreux empire. Là, unissant sa voix plaintive aux accords de sa lyre, il fait entendre ces chants : "Divinités du monde souterrain où descendent successivement tous les mortels, souffrez que je laisse les vains détours d'une éloquence trompeuse. Ce n'est ni pour visiter le sombre Tartare, ni pour enchaîner le monstre à trois têtes, né du sang de Méduse, et gardien des Enfers, que je suis descendu dans votre empire. Je viens chercher mon épouse. La dent d'une vipère me l'a ravie au printemps de ses jours. "J'ai voulu supporter cette perte; j'ai voulu, je l'avoue, vaincre ma douleur. L'Amour a triomphé. La puissance de ce dieu est établie sur la terre et dans le ciel; je ne sais si elle l'est aux enfers : mais je crois qu'elle n'y est pas inconnue; et, si la renommée d'un enlèvement antique n'a rien de mensonger, c'est l'amour qui vous a soumis; c'est lui qui vous unit. Je vous en conjure donc par ces lieux pleins d'effroi, par ce chaos immense, par le vaste silence de ces régions de la Nuit, rendez-moi mon Eurydice; renouez le fil de ses jours trop tôt par la Parque coupé. Les mortels vous sont tous soumis. Après un court séjour sur la terre un peu plus tôt ou un peu plus tard, nous arrivons dans cet asile ténébreux; nous y tendons tous également; c'est ici notre dernière demeure. Vous tenez sous vos lois le vaste empire du genre humain. Lorsque Eurydice aura rempli la mesure ordinaire de la vie, elle rentrera sous votre puissance. Hélas ! c'est un simple délai que je demande; et si les Destins s'opposent à mes vœux, je renonce moi-même à retourner sur la terre. Prenez aussi ma vie, et réjouissez-vous d'avoir deux ombres à la fois."

Ovide, Métamorphoses, Livre X.

 

1-Qui était Orphée ?

 

Héros de la mythologie grecque, aède de Thrace,  fils du roi de Thrace Œagre et de la muse Calliope, il savait par les accents de sa lyre charmer les animaux sauvages et parvenait à émouvoir les êtres inanimés. Il fut comblé de dons multiples par Apollon, et on raconte qu'il ajouta deux cordes à la traditionnelle lyre à sept cordes que lui donna le dieu, en hommage aux neuf Muses, protectrices des arts et des lettres, auxquelles appartenait sa mère. Héros voyageur, il participa à l'expédition des Argonautes au cours de laquelle il triompha des sirènes et se rendit jusqu'en Egypte, puis revint en Grèce. À la fin de son périple, il rentra en Thrace, dans le royaume de son père.

 

2-Orphée et Eurydice : le mythe de la descente aux Enfers.

 

Si l’on a que peu d’informations sur la participation d’Orphée à la quête de la toison d’or, on connaît mieux le mythe d'Orphée et d'Eurydice. Sa femme Eurydice ayant été frappée par la mort le jour même de leur mariage (Un jour, près de Tempé, dans la vallée du fleuve Pénée, Eurydice refusa les avances d’un dieu champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser. En s'enfuyant, elle posa le pied sur un serpent caché dans l'herbe, et elle mourut de sa morsure), Orphée décida de descendre aux Enfers pour faire fléchir Hadès et récupérer sa bien-aimée. Après avoir endormi Cerbère, le monstrueux chien à trois têtes qui en gardait l'entrée, et les terribles Euménides grâce à sa musique, il charma le Dieu des Enfers pour que celui-ci libère Eurydice. Hadès le laissa repartir avec sa bien-aimée à condition qu'il ne se retourne pas et ne lui parle pas tant qu'ils n’auraient pas regagné tous les deux le monde des vivants. Mais au moment de sortir des Enfers, Orphée ne put s'empêcher de se retourner vers Eurydice et perdit définitivement sa bien-aimée. Le héros, inconsolable, fut finalement déchiqueté et jeté dans le fleuve Hébros par les Bacchantes (qui sont les accompagnatrices de Dionysos). Sa tête, jetée dans le fleuve, vint se déposer sur les rivages de l'île de Lesbos, terre de la Poésie. Les Muses, éplorées, recueillirent les membres pour les enterrer au pied du mont Olympe, à Leibèthres.

 

3-Evocations artistiques :

 

Le mythe d’Orphée, illustrant le pouvoir ensorcelant du chant et de la poésie, a été une source d’inspiration pour bien des artistes, qu’ils soient sculpteurs, peintres, poètes ou musiciens. L'épisode d'Orphée déchiré par les Ménades était le thème des Bassarides, une tragédie perdue d'Eschyle. Ovide, dans ses Métamorphoses, livres X et XI, et Virgile, au livre IV des Géorgiques ont illustré le personnage d'Orphée dans la littérature latine. Claude Monteverdi a composé sa «fable en musique« Orfeo. A l'égal de cette œuvre connue et souvent jouée, l'Orphée de Gluck peut être considéré comme une des plus belles œuvres inspirées de la mythologie. Tous les passages en sont célèbres dont le fameux «J'ai perdu mon Eurydice ?«. Offenbach a, quant à lui, traité sur le mode plaisant, avec une verve endiablée, cet épisode de la recherche d'Eurydice dans son opéra bouffe, Orphée aux Enfers. Cocteau a été séduit par ses sortilèges et a produit deux films sur le sujet : Orphée (1951), et Le Testament d'Orphée (1959). Le cinéaste Marcel Camus est l'auteur d'Orfeu Negro (1959).Dans le domaine de la peinture, certains tableaux évoquent Orphée parmi les animaux qu'il charme par sa musique, d'autres Orphée et les Ménades, mais la plupart retracent aussi les aventures d'Orphée et d'Eurydice : Eurydice piquée par un serpent, de Poussin, au musée du Louvre, Orphée aux Enfers, de P. Brueghel le Jeune au musée des Offices à Florence. La sculpture a aussi donné des œuvres célèbres comme Eurydice mourante, une sculpture en marbre de Charles François Leboeuf, dit Nanteuil (1822) conservée au musée du Louvre.

 

« les ténèbres de l'absence, la rencontre morbide de l'amour et de la mort, la cruauté :autant de thèmes en résonance avec leur propre sensibilité.

Pour eux, Orphée représente la poursuite d'un idéal, un être combatif, mais inca­ pable de détruire le mal.

Ils se sont interrogés sur l'interdiction du regard en arrière :"les divinités ne veulent pas être vues".

Le regard en arrière est sa­ crilège ; est damné l'homme qui a violé l'interdit et osé regarder l'invisible.

Nerval, dans Aurélia, Rimbaud, dans Une Saison en enfer ne diront pas autre chose.

Et tous tombaient d'accord sur le sens à donner au tragique dé­ nouement de l'histoire d'Orphée: c'est l'affirmation que l'art est plus fort que la mort, le seul moyen de la transcender.

Les peintres Delacroix et G.

Moreau, les poètes Nerval, Rimbaud et Rilke- parmi bien d'autres- ont repris le mythe et l'ont traité à la lumière de leurs propres préoccupations.

C'est ce célèbre sonnet de Nerval qui nous semble assurer le mieux le lien entre les poètes maudits et le mythe d'Orphée: 36 El Desdichado Je suis le Ténébreux, -le Veuf,- l'Inconsolé, Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie: Ma seule Etoile est morte, -et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du Tombeau, Toi qui m'as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie, La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé Et la treille où le Pampre à la Rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phœbus ? ...

Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encore du baiser de la Reine ; J'ai rêvé dans la Grotte où nage la Sirène ...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée Les soupirs de la Sainte et les cris de la Fée.

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