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Marcel Carné franchit les portes de la nuit

Publié le 03/12/2018

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Mort à 90 ans, en septembre 1996, Marcel Carné était devenu une véritable institution nationale, le symbole d'une sorte d'âge d'or du cinéma français. Mais, alors que les fïlms qui l'ont rendu célèbre, entre 1936 et 1946, n 'ont pas cessé d'être projetés et admirés, il semble que la consécration précoce dont il a fait l'objet l'ait quelque peu isolé : d'une part, d'une nouvelle génération de critiques qui n 'ont voulu voir en lui qu 'un habile orchestrateur de talents (Prévert, Trauner, Arletty...) ; d'autre part, dans l'exercice même de son métier, qu 'il eut de plus en plus de mal à poursuivre.

 

Sa disparition invite à revenir sur cette notoriété à double tranchant.

UN COMPAGNONNAGE D'EXCEPTION

 

C’est une représentation du groupe Octobre qui attira l’attention de Camé sur Prévert, et le conduisit à l’imposer comme dialoguiste de son premier long métrage, Jenny (1936). Il devait s’ensuivre une émulation sans équivalent dans l’histoire du cinéma français : si Drôle de drame est d’abord un film de dialoguiste, marqué précisément de l’esprit provocateur du groupe Octobre, les œuvres suivantes consacreront un contraste fructueux. Au lyrisme de Prévert, à son épanchement de gouaille et de tendresse qui donne lieu à des formules désormais célèbres, la rigueur froide de la mise en scène offre un parfait contrepoint. Après l’échec commercial des Portes de la nuit, les deux complices se sépareront (non sans que Prévert apporte une ultime retouche, en 1949, au scénario de la Marie du port...). Et jamais le dialoguiste-poète n'aura rencontré un cinéaste capable, autant que Camé, de brider et de stimuler tout à la fois son inspiration.

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