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« Crépuscule du matin », Les Fleurs du mal de Baudelaire (Commentaire)

Publié le 12/09/2006

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baudelaire

   La diane chantait dans les cours des casernes,  Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.    C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants  Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents;  5 Où, comme un oeil sanglant qui palpite et qui bouge,  La lampe sur le jour fait une tache rouge;  Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,  Imite les combats de la lampe et du jour.  Comme un visage en pleurs que les brises essuient,  10 L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,  Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.    Les maisons çà et là commençaient à fumer.  Les femmes de plaisir, la paupière livide,  Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide;  15 Les pauvresses, traînant leurs seins maigres et froids,  Soufflaient sur leurs tisons et soufflaient sur leurs doigts.  C'était l'heure où parmi le froid et la lésine  S'aggravent les douleurs des femmes en gésine;  Comme un sanglot coupé par un sang écumeux  20 Le chant du coq au loin déchirait l'air brumeux  Une mer de brouillards baignait les édifices,  Et les agonisants dans le fond des hospices  Poussaient leur dernier râle en hoquets inégaux.  Les débauchés rentraient, brisés par leurs travaux.    25 L'aurore grelottante en robe rose et verte  S'avançait lentement sur la Seine déserte,  Et le sombre Paris, en se frottant les yeux  Empoignait ses outils, vieillard laborieux.

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« second temps, nous nous intéresserons aux personnages crépusculaires. I - Une atmosphère contrastée (combat entre le jour et la nuit)1° Un tableau réaliste…Cadre urbain / les lieux évoqués « casernes », « maisons », « la Seine », « Paris ».Les bruits qui révèlent le moment (l'aube) : « la diane = le clairon », « le coq ».La description de Paris : emploi de l'imparfait descriptif et anaphore du présentatif « c'était ».Une atmosphère sordide : lenteur (longueur des phrases avec enjambement, allitérations en liquide et sifflantes et lexique).Enfermement (opacité et obscurité).

Douleur (souffrance due à la misère « les pauvresses… seins maigres » et souffrancephysique « les femmes en gésine ».

A noter aussi l'emploi des rimes plates pour rendre compte de la médiocrité (pauvreté,tristesse et monotonie).2° … et symboliqueLe moment est important (d'où le titre puisque que crépuscule peut aussi bien s'employer pour désigner la fin de la nuit que la findu jour).

La fin d'un moment d'où passage à autre chose, instant de la métamorphose, étrangeté, mystère et idée d'un combat.Lutte entre la nuit et le jour : vers 6 (lumière artificielle comparée à la lumière naturelle avec « sanglant » repris par « tacherouge ») puis explicite au vers 8 « imite les combats de la lampe et du jour ».Lutte entre le corps et l'esprit (vers 7), entre la réalité pesante et sordide « le poids du corps revêche et lourd » et le rêve.

A noterl'idée de passage par le choix d' « adolescent » (vers 4). II - Les personnages crépusculaires :1° Les figures féminines : une « lugubre harmonie » (cf.

« le crépuscule du soir » en prose)Les prostituées : « les femmes de plaisir »« Les pauvresses » (vers15)Les futures mères : « les femmes en gésine ».2° Les figures masculines : plusieurs catégories représentéesLes dandys rentrant d'une nuit de plaisir « les débauchés » (vers 24)Les ouvriers : « le sombre Paris » (métonymie) qui se lèvent pour aller travailler durement « laborieux » (vers 28)Les malades « les agonisants dans le fond des hospices » (vers 22)Un tableau du peuple de Paris « Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer » (vers 11) le poète et la prostituée, le rêve et laréalité, le spleen et l'idéal ( multiplicité des visages, complexité, entre jour et nuit. Conclusion (deux étapes)Bilan des études développées en réponse à la problématique : un tableau de Paris qui s'éveille, à la fois réaliste et énigmatique, àtravers lequel le poète exprime la dualité de l'homme tiraillé entre ses rêves d'idéal et la triste réalité.

Les personnages quicomposent ce tableau sont également représentatifs de l'idée de dualité.Prolongements possibles :1° un autre poème du même auteur soir autre auteur mais sujet similaire à expliquer (« crépuscule du soir » / « A une passante »pour l'idée de dualité).

L'ouvrage s'il est connu (Les Fleurs du mal)2° histoire littéraire ou Histoire (modernité en poésie, le Parnasse). »

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