LA LITTÉRATURE JAPONAISE
Publié le 23/10/2011
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La période de Nara (710-784) du nom de la première capitale fixe construite sur le modèle chinois, qui a vu naître les compilations officielles, a donné aussi la première grande anthologie poétique : le Manyôshû. Plus de 4 500 chants, dus à près de cinq cents poètes et soixante-dix poétesses. Dans la grande majorité il s'agissait de tanka, mais il y avait également 260 chôka. La plupart des poèmes sont précédés d'un texte explicatif en chinois, qui expose les circonstances de leur composition. Les poémes sont pris dans un contexte qui les éclaire ; s'ils se rencontrent seuls, c'est que les faits auxquels ils se réfèrent sont jugés trop connus des lecteurs pour qu'il soit nécessaire de les rappeler expressément.
«
La langue est un exemple frappant, un lieu
privilégié où se développent ces contradictions.
Le Japonais est apparenté au groupe des langues altaï
ques, où l'on trouve le mongol, le turc et le coréen.
C'est une langue fondamentalement différente du
groupe
auq).lel appartient le Chinois.
Les premiers
écrits japonais sont d'époque tardive et montrent
une langue déjà très évoluée, · ne permettant pas
d'élucider son origine de façon satisfaisante.
Cer
tains caractères de cette langue reflètent la réalité
d'une société très fortement hiérarchisée, avec une
étiquette stricte.
Les bouleversements sociaux, poli
tiques, de l'époque moderne, l'influence des langues
occidentales, l'emploi nouveau par les écrivains de la langue parlée à la place de la langue classique,
ont donné naissance à une langue commune, par
fois abâtardie, en mutation.
Des traits qu'elle con
serve
de la langue ancienne, devenus anachroni
ques, ne jouent plus leur rôle.
Les Japonais reçurent
les écrits Chinois vers le IV• siécle par l'intermédiaire de lettrés chinois et
coréens.
Le système des idéogrammes ne corres
pondait pas du tout aux besoins de leur langue.
Ils se servirent d'abord du chinois pour rédiger les tex
tes officiels, comme nous avons utilisé le latin
durant le Moyen Age ; et ce, en passant par diver ses phases, notation phonétique des noms propres,
lecture en japonais de textes écrits en chinois grâce
à l'adjonction de signes diacritiques, création d'un
syllabaire de cinquante signes dérivés des caractè
res chinois, un système original s'élabora, dont la
mise
au point s'achevait à la fin du vm• siècle.
Combinant les signes phonétiques nationaux et les idéogrammes, ce système d'écriture est extraordi
nairement compliqué et mal équilibré.
Il a pourtant
permis une création subtile dans la littérature, la
calligraphie.
Conservateur
des grands classiques,
instrument de création, expression d'une forme
d'esprit, ce système d'écriture, malgré
ses inconvé
nients, n'est sans doute pas près d'être abandonné
- à sa défense on peut ajouter d'ailleurs qu'il n'a
pas empêché
le Japon moderne de se développer, de démocratiser l'enseignement et généraliser la
culture écrite.
La littérature japonaise représente un ensemble
impressionnant, romans, recueils
de contes et nou
velles, poésie, œuvres dramatiques.
Ensemble
impressionnant par sa quantité, mais aussi par la
manière dont
le génie japonais a su recréer, dans
des périodes de repli, par des cheminements spécifi
ques, les grands genres, communs semble-t-il à
toute l'humanité et traiter des thèmes fondamen
taux.
Nous ne disposons pas dans l'arsenal de la
critique occidentale classique des termes convena
bles pour différencier
les genres, en ce qui concerne
la littérature japonaise ; ainsi la discrimination
entre prose et poésie est en grande partie artificiel
le.
De même les divisions historiques que nous avons
commodément adoptées, en imitant
les chro
niqueurs japonais, ne représentent le plus souvent que les moments d'une longue suite de luttes et de querelles entre clans rivaux ou factions pour la
conquête d'un pouvoir politique qui appartenait à
des castes et ne changeait pas de nature.
Cette his
toire, se déroulant au sommet de l'échelle sociale,
amenait des infléchissements mais pas de profonds
bouleversements dans la vie tant sociale que cultu relle.
Des traces, des persistances de cette violence et de ce conservatisme, peuvent s'observer encore
dans le Japon moderne, industriel et démocratique.
Les écrits officiels fondateurs
L'entrée dans l'histoire du Japon, royaume déjà
puissant, était marquée par l'adoption de l'écriture
chinoise et l'étendue des rapports avec la civilisa
tion continentale qui était dans une période parti
culièrement brillante et créatrice.
Aussi
le pouvoir
royal avait-il besoin de s'affirmer autant sur le plan
international, par rapport à l'empire chinois, que
sur
le plan intérieur en consolidant son autorité
dans l'archipel : construction d'une capitale, éta
blissement
de chroniques officielles, émergence
d'une civilisation sédentaire et complexe.
L'importation
de l'écriture, des valeurs poli
tiques, se fit au cours des IV• et v• siècles, presque en même temps venait le bouddhisme, avec son
système de pensée et son imaginaire.
La littérature de langue japonaise apparaissait à l'aube du VIII• siècle.
Après que les maîtres du Y amato, ancêtres de la lignée impériale eurent étendu leur domina
tion sur le pays, le grand régent Shôtoku-Taishi
(572-621) avait créé les structures d'un Etat centra
lisé.
Il avait instauré le bouddhisme, introduit
depuis peu en religion d'Etat.
L'ensemble épars de croyances tribales anciennes, après avoir été conta
minées ou transformées, se maintenaient pourtant
jusqu'à nos jours, vidées de leur sens premier et
désignées sous le terme générique de Shintô.
Le pouvoir réel devait être doublé et confirmé par le pouvoir symbolique : à la suite des premières tenta
tives avortées du grand régent, l'empereur Temmu
ordonnait, en 682, à un personnage qui demeure
obscur pour nous, Hieda no Are, de rassembler et
d'analyser les documents ot}iciels et les généalogies des clans.
Ce travail ne voyait pas le jour du vivant de l'empereur, mais il continuait, relancé en 711 par l'impératrice Gemmyô: Elle ordonnait à 0 no
Yasumaro de composer l'ouvrage, sous la dictée de Hieda no Are, qui avait pu consacrer une part de sa vie à recueillir et emmagasiner dans sa mémoire les données.
C'était la naissance du Kojiki, « Chro
nique des choses anciennes », le premier livre
important écrit en langue japonaise..
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