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les campagnes

Publié le 04/05/2020

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Les campagnes Introduction Au cours de l’époque moderne, les campagnes occupent une place centrale en France du point de vue démographique ou économique. Elles concentrent en effet plus de 80% de la population du royaume, produisent l’essentiel de ses richesses jusqu’au XIXème siècle (captées pour l’essentiel par des urbains). Elles se caractérisent aussi par une société complexe, mouvante, hiérarchisée. L’historiographie de la ruralité a connu un profond renouveau au cours des années 1960, notamment grâce aux travaux en histoire sérielle (études des sources chiffrées pour analyser l’économie, les mentalités, la démographie), comme les thèses de Jacques Dupâquier (La Population rurale du Bassin parisien à l'époque de Louis XIV), d’Alain Croix (La Mort quotidienne en Bretagne, 1480-1670) ou de Pierre Goubert (Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730). Problématique Quelles sont les caractéristiques des campagnes au cours de l’époque moderne (1515-1815) ? Quels liens entretiennent-elles avec les villes, l’Église et l’État ? Plan I) Une société inégalitaire II) Les cadres de la vie III) Modes de vie I) Une société inégalitaire 1) Une minorité de priviliégiés a) La noblesse Elle forme entre 0,3 et 1,2% de la population et contrôle 22% des terres. Il y a environ 28000 familles nobles de conditions très diverses : la très haute noblesse (plus de 50000 livres de revenus) représente environ 250 familles (les d’Orléans, les Conti,…) contrôlant de multiples seigneuries, la noblesse seconde (entre 1000 et 10000 livres de revenus, 65% des familles nobles) est bien représentée dans les campagnes (ce sont les gentilshommes), au bas de l’échelle sociale se trouve une noblesse pauvre (moins de 1000 livres de revenus, 20% de la noblesse) risquant de déroger. Jusqu’au XVIIème, les nobles vivent essentiellement à la campagne, ils tendent ensuite à venir en été dans leur manoir, puis à vivre uniquement en ville (au XVIIIème), elle laisse alors la gestion de ses terres à des bourgeois. La noblesse se caractérise par ses privilèges (exemption de taille personnelle, droit de chasse,rendre la justice, droit d’avoir un pigeonnier et une girouette, banalités), par son mode de vie (château ou manoir, chasse, interdiction du travail manuel, excepté greffe des arbres et verrerie, au risque de déroger). Elle se montre parfois proche des paysans, surtout dans le cas de la basse noblesse : parrainage des enfants des paysans, cabaret, festivités (cf le livre de raison du sire de Gouberville). b) Le clergé L’Église contrôle environ 8% des terres en France, elles sont souvent mal gérées. Il y a environ 40000 paroisses en France, correspondant généralement aux communautés villageoises, avec un curé (nommé par l’évêque, les chanoines ou le patron) à sa tête. Le curé joue un rôle de notable pour la communauté : il s’occupe de l’état civil (enregistrement des naissances, baptêmes, mariages et décès, célébration des mariages, proclamation des décisions royales). Le clergé forme environ 1% de la population rurale ; ils sont privilégiés : ils sont exempts d’impôts et jugés par les officialités. Avant le Siècle des Saints, le curé, souvent originaire de la paroisse, joue un grand rôle dans la vie de la paroisse : il participe aux festivités, fréquente le cabaret ; le concubinage est fréquent, la résidence l’est moins, il maîtrise mal le dogme et le latin, voire pas du tout. Les réformateurs catholiques changent cette situation : les curés sont formés dans des séminaires, les évêques organisent des visites pastorales ; le curé est alors en général un urbain (ce n’est pas le cas des vicaires et desservants qui sont pour la plupart originaires du village) qui s’efforce d’être un modèle de vertu et de contrôler les mœurs. Pour subsister, les curés touchent la dîme correspondant en général à 8% des récoltes, mais celle-ci est détournée par les évêques et chanoines ou des laïcs (dîme inféodée), il ne touche donc que la portion congrue, il reçoit aussi des dons en nature. Les vicaires sont salariés du curé, les desservants ne perçoivent aucun revenu. La Constitution civile du clergé de 1790 fait des clercs des fonctionnaires : ils perçoivent un traitement (1200 livres pour les curés), l’Empire maintient cette disposition dans les Concordat de 1801. c) La bourgeoisie Ils sont rarement présents dans les campagnes, excepté dans les gros villages. Ce sont des propriétaires qui font exploiter leurs terres par des paysans ; les plus riches d’entre eux sont les fermiers (bail à ferme) d’Île-de-France qui exploitent en moyenne au XVIIIème siècle 150 hectares et qui ont une fortune de 100000 livres. On trouve aussi parmi eux des notables : notaires, tabellions, juges seigneuriaux. Ils imitent les élites : ils envoient leurs enfants au collège. 2) Une majorité de paysans a) Les coqs de village Ce sont les paysans aisés. Ils sont propriétaires de leurs terres qu’ils exploitent avec des outils (charrue au Nord, araire au Sud) et une main-d’oeuvre salariée. Ils jouent un rôle important au sein des assemblées des habitants (ils sont souvent syndic), rendent une infra-justice (justice d’arbitrage), sont parfois officiers seigneuriaux (intendants,…). Ils savent en général lire et écrire. b) Diversité des petits propriétaires Ils sont très dépendants de la situation climatique : une mauvaise récolte peut les déclasser socialement. En plus des productions de leurs champs, ils vendent les produits de leur jardin (fruits, légumes, chanvre, bétail) et des produits artisanaux (toiles en chanvre, laine cardée, …). Les plus riches sont les laboureurs : ils possèdent en général 5 à 10 hectares qu’ils exploitent avec une main-d’oeuvre salariée, ils possèdent en général une charrue ou un araire en propre (des associations de laboureurs existent aussi pour acheter des outils). Les vignerons jouissent en général d’une assez bonne situation : leur production trouve toujours un débouché. Ils cultivent de petites parcelles (moins de 5 hectares) sans main-d’oeuvre salariée. Les alleutiers sont minoritaires en France, la plupart des paysans sont des tenanciers. Le bail peut être à ferme (redevance fixe) ou à métayage (redeva...

« Il y a environ 40000 paroisses en France, correspondant généralement aux communautés villageoises, avec un curé (nommé par l’évêque, les chanoines ou le patron) à sa tête.

Le curé joue un rôle de notable pour la communauté : il s’occupe de l’état civil (enregistrement des naissances, baptêmes, mariages et décès, célébration des mariages, proclamation des décisions royales).

Le clergé forme environ 1% de la population rurale ; ils sont privilégiés : ils sont exempts d’impôts et jugés par les officialités.

Avant le Siècle des Saints, le curé, souvent originaire de la paroisse, joue un grand rôle dans la vie de la paroisse : il participe aux festivités, fréquente le cabaret ; le concubinage est fréquent, la résidence l’est moins, il maîtrise mal le dogme et le latin, voire pas du tout.

Les réformateurs catholiques changent cette situation : les curés sont formés dans des séminaires, les évêques organisent des visites pastorales ; le curé est alors en général un urbain (ce n’est pas le cas des vicaires et desservants qui sont pour la plupart originaires du village) qui s’efforce d’être un modèle de vertu et de contrôler les mœurs. Pour subsister, les curés touchent la dîme correspondant en général à 8% des récoltes, mais celle-ci est détournée par les évêques et chanoines ou des laïcs (dîme inféodée), il ne touche donc que la portion congrue, il reçoit aussi des dons en nature.

Les vicaires sont salariés du curé, les desservants ne perçoivent aucun revenu.

La Constitution civile du clergé de 1790 fait des clercs des fonctionnaires : ils perçoivent un traitement (1200 livres pour les curés), l’Empire maintient cette disposition dans les Concordat de 1801. c) La bourgeoisie Ils sont rarement présents dans les campagnes, excepté dans les gros villages.

Ce sont des propriétaires qui font exploiter leurs terres par des paysans ; les plus riches d’entre eux sont les fermiers (bail à ferme) d’Île-de-France qui exploitent en moyenne au XVIIIème siècle 150 hectares et qui ont une fortune de 100000 livres.

On trouve aussi parmi eux des notables : notaires, tabellions, juges seigneuriaux.

Ils imitent les élites : ils envoient leurs enfants au collège. 2) Une majorité de paysans a) Les coqs de village Ce sont les paysans aisés.

Ils sont propriétaires de leurs terres qu’ils exploitent avec des outils (charrue au Nord, araire au Sud) et une main-d’oeuvre salariée.

Ils jouent un rôle important au sein des assemblées des habitants (ils sont souvent syndic), rendent une infra-justice (justice d’arbitrage), sont parfois officiers seigneuriaux (intendants,…).

Ils savent en général lire et écrire. b) Diversité des petits propriétaires Ils sont très dépendants de la situation climatique : une mauvaise récolte peut les déclasser socialement.

En plus des productions de leurs champs, ils vendent les produits de leur jardin (fruits, légumes, chanvre, bétail) et des produits artisanaux (toiles en chanvre, laine cardée, …). Les plus riches sont les laboureurs : ils possèdent en général 5 à 10 hectares qu’ils exploitent avec une main-d’oeuvre salariée, ils possèdent en général une charrue ou un araire en propre (des associations de laboureurs existent aussi pour acheter des outils).

Les vignerons jouissent en général d’une assez bonne situation : leur production trouve toujours un débouché.

Ils cultivent de petites parcelles (moins de 5 hectares) sans main-d’oeuvre salariée. Les alleutiers sont minoritaires en France, la plupart des paysans sont des tenanciers.

Le bail peut être à ferme (redevance fixe) ou à métayage (redevance variable), les baux sont d’une courte durée, le plus souvent 9 ans.

La situation des tenanciers dépend de la récolte.. »

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