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Variations péronistes en Argentine

Publié le 05/12/2018

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En vérité, le projet d’une nouvelle réélection a d’abord été contrarié par les résultats décevants des élections législatives d’octobre 1997, qui ont donné la victoire à une opposition hétéroclite, où l’on retrouve, hormis le « menémisme », toutes les nuances du tableau politique argentin. Puis la contestation sociale est venue s’y ajouter, pour rappeler au président le mécontentement des laissés-pour-compte des réformes économiques. La popularité de Carlos Menem, d’après les sondages publiés à Buenos Aires, a atteint (en juillet 1998) son niveau le plus bas. Comment envisager alors la « re-réélection » ?

 

L’opposition accuse le président de chercher à prolonger son pouvoir personnel et de transgresser l’ordre constitutionnel, puisqu’il fait pression sur la Cour suprême pour que celle-ci interprète le texte de la Constitution dans un sens favorable à sa réélection. Pour y parvenir, dit l’opposition, la plus haute instance de la justice argentine est appelée à déclarer et à confirmer que le mandat actuel du président, qui a débuté en 1995, n’est en réalité que le premier. En effet, ce mandat n’aurait pas été possible sans la réforme de la Constitution de 1994, qui à l’origine interdisait toute réélection et qui maintenant interdit une deuxième réélection. Élu ainsi sous un «nouveau régime» constitutionnel, Menem pourrait tenter sa « première » réélection.

 

La stratégie du président, encouragé par la rhétorique de ses partisans et convaincu d’avoir été l’homme providentiel «de la patrie et du mouvement», est bien celle d’un homme qui s’accroche au pouvoir. Soit pour briguer un troisième mandat consécutif «si les circonstances m’y obligent» ; soit pour obtenir le contrôle du parti, avec le droit de choisir le prétendant de 1999 et, ensuite, préparer une candidature personnelle en 2003. C’est bien un retour aux sources du péronisme.

Terre d’accueil de millions d’immigrants européens à la fin du XIXe siècle, l’Argentine était devenue, vers 1935, l’une des économies les plus prospères du monde. Puis ce fut la stagnation et le déclin, en particulier dans les années 70, lorsqu’elle était dirigée par une terrible dictature militaire. Revenue à la démocratie parlementaire et replacée au rang des pays «émergents», elle assiste aux tentatives de Carlos Menem pour prolonger son pouvoir.

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