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BUTOR Michel : sa vie et son oeuvre

Publié le 19/11/2018

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BUTOR Michel (né en 1926). Pour définir l’originalité de Michel Butor dans la littérature du XXe siècle, deux points essentiels sont à considérer. D’abord, il s’agit d'un extraordinaire inventeur de formes littéraires, qui a considérablement renouvelé le registre expérimental de l’écriture. Depuis l’époque du « Nouveau Roman » jusqu’à cette impressionnante tour de Babel des années 1980 qu’est Boomerang, l’œuvre de Butor n’a jamais cessé d’ouvrir le romanesque à des architectures nouvelles et à des mécanismes inauguraux sans pour autant s’empoisser dans le stéréotype d’aucune technique définitive : si chaque ouvrage s’est échafaudé à partir de grilles textuelles fort précises, il faut souligner que chacune de ses grilles s’est élaborée en dépassant et en modifiant toutes les autres.

 

Le second fait à retenir, c’est la souplesse de cette œuvre qui a fortement contribué à sortir la littérature de son ghetto tout en renforçant sa spécificité. Infatigable voyageur, enquêteur extra muros, Hermès présidant aux carrefours des arts, Butor a immergé l’écriture traditionnelle dans une stéréophonie enrichissante : musique, opéra, peinture, ethnologie, informatique, typographie, critique littéraire, autant de registres auxquels Butor a touché, en un vaste clavier modulant l’infinie variété des langages contemporains.

 

Michel Butor est né à Mons-en-Barœul, où son père travaille pour les Chemins de fer du Nord : détail qui a son importance, car il va donner au futur écrivain sa veine baladeuse, ce goût des aiguillages et de l’itération ferroviaire qui culminera avec la Modification, son roman le plus célèbre. Il a trois ans lorsque son père est muté à Paris. Il y passe son enfance et y fait ses études. Licence de philosophie à la Sorbonne, où il rédige un mémoire d'épistémologie sous la direction de Bachelard, tout en se livrant à diverses activités « marginales » : gravure, peinture, musique. En 1950, à vingt-quatre ans, il est professeur en haute Egypte : il commence à écrire Passage de Milan, et, un an après, le voici lecteur de français à l’université de Manchester. En 1954, il est professeur au lycée français de Salonique, pour une nouvelle année scolaire. Sa destination suivante le conduira à Genève, toujours comme professeur, mais sans que ces multiples déplacements entravent son travail d’écrivain : à cette époque, Butor donne les nombreux articles sur l’art qui seront réunis dans la série des Répertoires, il écrit des textes importants sur le roman, ainsi que des études qui témoignent de son cosmopolitisme culturel : Jules Verne, Boulez, Proust, Roussel, Leiris, Joyce, Pound, Faulkner, etc., il croque quelques « cartes postales » qui formeront le premier volume du Génie du lieu (Cordoue, Mantoue, Delphes...), et surtout il publie ses principaux romans : Passage de Milan (1954), /’Emploi du temps (prix Fénéon 1956) et la Modification (prix Renaudot 1957).

 

Après avoir publié son quatrième roman, Degrés, en 1960, Butor va recommencer à voyager : trois séjours successifs aux États-Unis, une année à Berlin. A partir de là, et pour toute la décennie à venir, son inspiration atteindra la dimension « mondialiste » et transculturelle : il poursuit ses Répertoires (5 vol. en 1982), continue les explorations du Génie du lieu (1958), crée un opéra avec Henri Pousseur (Votre Faust, 1962), fait des expériences radiophoniques (avec Réseau aérien [1962] où l’écriture se met à l’heure des avions à réaction, et avec 6 810 000 Litres d’eau par seconde [1965] où l’on suit en stéréo la grande saga du Niagara), entreprend de nouvelles rêveries sur des lieux ou sur des villes, Mobile (1962), et poursuit les recherches formelles qui aboutiront à ses Travaux d’approche, le plus élaboré de ses recueils de poésie.

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), et surtout il publie ses principaux romans : Passage de Milan (1954), l'Emploi du temps (prix Fénéon 1956) et la Modification (prix Renaudot 1957).

Après avoir publié son quatrième roman, Degrés, en 1960, Butor va recommencer à voyager : trois séjours successifs aux États-Unis, une année à Berlin.

A partir de là, et pour toute la décennie à venir, son inspiration atteindra la dimension « mondialiste » et transculturelle : il poursuit ses Répertoires (5 vol.

en 1982), continue les explorations du Génie du lieu ( 1958), crée un opéra avec Henri Pousseur (Votre Faust, 1962), fait des expériences radiophoniques (avec Réseau aérien [ 1962] où l'écriture se met à l'heure des avions à réaction, et avec 6 810 000 Litres d'eau par seconde [1965] où l'on suit en stéréo la grande saga du Niagara), entreprend de nouvelles rêve­ ries sur des lieux ou sur des villes, Mobile (1962), et poursuit les recherches formelles qui aboutiront à ses Travaux d'approche, le plus élaboré de ses recueils de poésie.

Avec les années 70-80, l'œuvre de Michel Butor, qui vit désormais à Nice, s'ouvre encore davantage à la poly­ phonie des pratiques signifiantes :tour à tour, l'écrivain dialogue avec la musique (une variation poétique sur Beethoven), avec le roman (un livre sur Proust, après une étude sur Montaigne), avec l'utopie et l'ethnologie (la Rose des vents, 32 Rhumbs pour Charles Fourier, 1970, et Boomerang, 3• volume du Génie du lieu, 1978), avec les rêves et leurs syntaxes enfouies (les quatre volu­ mes de Matière de rêves), enfin avec les artistes contem­ porains, peintres, sculpteurs, graveurs, photographes, pour lesquels Butor a été un magnifique découvreur - ses réflexions sur la peinture se trouvent dans les Illus­ trations et dans les Mots sur la peinture (1969).

Pareil foisonnement pourrait sembler hétéroclite.

En fait, chez Butor, tout converge vers l'unité.

Dans cette œuvre de part en part musicale, la variation est produc­ trice de convergence : autant les motifs des livres sont diversifiés, autant la préoccupation formelle est restée constante.

Ainsi, Butor a métamorphosé tout ce qu'il a touché, en utilisant des moyens spécifiques à l'écrivain.

Aux choses et aux lieux, aux cultures et aux sensibilités, il a conféré une seconde existence, qui est celle du lan­ gage littéraire, de ses arcanes fabuleux et de sa passe­ menterie visionnaire.

Rien de moins réaliste que cette œuvre qui parle sans cesse du réel : ce qui intéresse l'écrivain, dans la grande lignée rousselienne, c'est la cuisine des mots, leur somptueux bricolage, leur combi­ natoire, celle génération spontanée qu'ils dissimulent dans le secret de leurs organisations.

En ce sens, Butor est avant tout un charpentier du langage.

Cela est évident dès 1' époque des grands romans, celle du« Nouveau Roman».

Avec quelques autres-Robbe­ Grillet, par exemple -, l'auteur de la Modification a largement contribué à renouveler les procédés littéraires de la seconde moitié de ce siècle.

C'est surtout à propos de la double question de l'es­ pace et du temps qu'il a le plus innové : tournant le dos à la vraisemblance et à la linéarité du récit traditionnel, le texte de Butor est une machine à décomposer la tem­ poralité et à briser les cadastres trop confortables de nos perceptions spatiales.

Dans l'Emploi du temps, par exemple, le lecteur est égaré par la ville-labyrinthe, et en même temps il assiste à une dissémination de la chrono­ logie, qui se démultiplie à la façon d'un canon musical.

Dans la Modification, roman qui s'adresse au lecteur, écrit à la deuxième personne,. »

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