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LA DÉCOUVERTE DU LAOCOON

Publié le 14/09/2014

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laocoon

La réaction des artistes

Bien entendu, les collectionneurs ne sont pas les seuls à se passionner pour la découverte de la statue ; les artistes aussi vont la voir, et s'enthousiasment pour ses formes. Progres­sivement, le Laocoon infléchit ainsi les formes esthétiques de la Renaissance, Au premier style de Raphaël et de Michel-Ange, dont la décou­verte de la statue est à peu près contemporaine, elle propose une alternative : non pas le canon d'une beauté idéale figée dans une immobilité presque totale (comme les figures du Parnasse de Raphaël, ou les Ignudi peints par Michel-Ange 

laocoon

« La beauté de l'œuvre suscite l'enthousiasme.

Le réalisme des visages crispés de douleur, la finesse avec laquelle le grain de la peau est rendu, l'expression du mouvement, tout cela porte la signature d'un maître talentueux et non d'un simple imitateur.

Les Romains d'alors - et tous les historiens de 11 art jusqu'à aujourd'hui - s'accordent pour penser que le Laocoon est une pièce originale et digne du plus grand intérêt.

Restaurations et copies Aussitôt acheté par Jules II, le groupe sculpté vient rejoindre dans la cour du Belvédère , au Vatican, une autre statue antique célébrée par Pline et retrouvée au début du xv1• siècle, l'Apollon.

La statue a peu souffert, en regard du temps qu'elle a passé sous terre, mais Laocoon a quand même perdu son bras droit et les deux enfants leur main droite.

Dans les années 1530, ces pièces manquantes sont remplacées par de nouveaux fragments sculptés exprès, tandis que - pudeur chrétienne oblige -l'on pose sur le sexe des personnages des feu illes de vigne en marbre afin de les dissimule r.

La statue ainsi restaurée fait l'objet de tous les commentaires et de toutes les convoitises.

Les visiteurs multiplient les demandes d'autorisa­ tion au pape pour venir voir l'œuvre, et les princes se disputent le privilège d'acquérir une copie de la statue célèbre .

En 1510 , Bramante, architecte et artiste favori du pape , organise un concours entre quatre sculpteurs renommés de Rome pour copier en cire le Laocoon .

C'est Raphaël, nouvel arrivé dans la cité, qui est chargé de juger les résultats.

Le travail du jeune Jacopo Sansovino est primé, et l'on décide aussitôt de l'utiliser pour réali­ ser une empreinte en plâtre d'après laquelle est fondue une version en bronze du Laocoon - envoyée bientôt à Venise.

Treize ans plu s tard, le roi de France Fran çois !" intervient auprès du pape Léon X pour lui ache­ ter la statue.

Le pontife refu se, mais il tient à ménager le souve rain français.

Sur son ordre, Baccio Bandinelli exécute alors la première Laocoon , le Greco , vers 1610-1614 (Washington , National Gallery of An).

Taddeo Zuco copie les statues antiques, dessin de F.

Zuccari (Florence , galerie des Offices , cabinet des dessins).

copie en marbre grandeur nature du Laocoon, que le pape destine à François I".

Mais des pres­ sions diplomatiques agissent pour détourner loin de la France , même la copie : le Laocoon de Bandinelli se retrouve, finalement, à la cour de Florence (il est exposé aujourd'hui aux Offices), tandis que François ! " reçoit une seconde ver­ sion de l' œuvre ...

en bronze (elle est alors ins­ tallée à Fontainebleau ).

D'autres copies et varia­ tio ns sur le modèle existent encore : des réductions en bronze ou en marbre, destinées au plaisir des amateurs , des fontes en bronze grandeur nature d'un seul des trois personnages - le plus impressionnant : Laocoon.

La réaction des artistes Bien entendu, les collectionneurs ne sont pas les seuls à se pas sionner pour la découverte de la statue; les artistes aussi vont la voir, et s'enthousiasment pour ses formes.

Progres ­ sivement, le Laocoon infléchit ainsi les formes esthétiques de la Renaissance.

Au premier style de Raphaël et de Michel-Ange , dont la décou­ verte de la statue est à peu près contemporaine, elle propose une alternative : non pas le canon d'une beauté idéale figée dans une immobilité presque totale (comme les figures du Parnasse de Raphaël, ou les lgnudi peints par Michel­ Ange sous la voûte de la Sixtine), mais des corps nerveux étirés à l'extrême , des figures gri- maçantes , des muscles noués, des membres agités par les mouvements les plus violents.

Michel-Ange sculpte ainsi dans les années 1510 des esclaves rebelles, ligotés par des liens qui ressemblent au serpent du Laocoon , et s'effo r ­ çant de s'extraire du marbre brut qui empri­ sonne encore leur corps, comme le prêtre troyen se débat pour se débarrasser de la bête qui enserre ses membres.

Raphaël, dans sa der­ nière toile , la Transfiguration , peint un enfant possédé qui bande aussi ses muscles pour échapper à ceux qui le retiennent , souvenir pos ­ sible de la pièce antique longuement regardée .

Plus généralement, les modifications de sty le qui se produisent chez les artistes, à partir des années 1520 , ne sont pas sans évoquer les caractéristiques présentes dans le groupe sculpté .

L'a llongement des corps, dans les œuvres maniéristes, la prédilection des peintres pour la rep résenta tion du mouve­ ment , le jeu outré des expressions chez les artistes baroques, tout cela évoque le souveni r de la statue retrouvée à Rome.

Mais c'est sans doute chez un artiste grec d'ori­ gine et passé à Rome en 1570 que l'on ressent le mieux l'influence du Laocoon : les corps étirés du Greco, la véhémence des mouvements et l'e xpressionnisme des attitudes, dans les œuvres de cet artiste, évoquent irrésistiblement la statue antique.

Influence avouée, obsédante, car le Greco, à la fin de sa vie, a représenté trois fois le thème du Laocoon.

Deux de ces œuvres, mentionnées dans l'atelier tolédan du peintre après sa mort , sont perdues; la troisième existe toujours.

Transposition très libre de la statue, cette toile étrange montre, sur fond de vue de Tolède , Laocoon et ses fils en présence de deux ou trois autres pers onnages , luttant contre les serpents qui ont déjà jeté à terre le père et l'un des fils, tandis que le deuxième garçon arque en vain son corps dressé pour écarter de lui le ser­ pent dont la gueu le approche son flanc.. »

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