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ACCOTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.

Publié le 30/09/2015

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ACCOTÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de accoter* 

II.—  Employé comme adjectif. 

A.—  [En parlant d'une chose]  Accoté à, contre, sur (Confer accoter I A 1) : 

Ø 1. La vue de cette hotte accotée au mur lui remit [à Jack] dans l'esprit la physionomie de Bélisaire.

ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 2, 1876, page 208. 

Ø 2. C'était une de ces vieilles demeures (...) dans lesquelles la cour d'honneur (...) avait souvent sur ses côtés des arrière-boutiques, des ateliers, voire quelque échoppe de cordonnier ou de tailleur, comme celles qu'on voit accotées aux flancs des cathédrales que l'esthétique des ingénieurs n'a pas dégagées...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 15. 

—  Emploi absolu : 

Ø 3. Elle [la maison] se trouvait scellée au flanc même de la cathédrale, entre deux contreforts, comme une verrue qui aurait poussé entre les deux doigts de pied d'un colosse. Et, accotée ainsi, elle s'était admirablement conservée...

ÉMILE ZOLA, Le Rêve,  1888, page 10. 

—  Au figuré : 

Ø 4. Nos réciproques estimes se maintiennent en respect, l'une contre l'autre accotée; il n'ose pas m'enlever la sienne, craignant qu'aussitôt la mienne ne retombe.

ANDRÉ GIDE, Paludes,  1895, page 99. 

Ø 5. Je m'endormis, ma misère accotée à celle des autres.

JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans,  1934, page 153. 

B.—  [En parlant d'une personne]  Accoté à, contre, sur (Confer accoter I A 2) : 

Ø 6. Elle passe là deux heures. Tantôt debout, avec des poses penchées de femme qui aime, accotée à Charles Edmond et le touchant pour lui parler.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  décembre 1859, page 679. 

Ø 7. Accotés, accroupis, couchés les uns contre les autres, ils agitaient des récipients inouïs...

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Marthe, histoire d'une fille,  1876, page 128. 

Ø 8.... tandis que tous deux étaient accotés l'un à l'autre (...) des heures remplies des bienheureux riens de l'adoration, passaient dans un farniente de félicité, où parler leur semblait un effort.

EDMOND DE GONCOURT, La Faustin,  1882, page 240. 

—  Emploi absolu (c'est-à-dire sans complément prépositionnel exprimant le point d'appui) : 

Ø 9.... il perdit l'équilibre et chancela contre le mur... Accoté d'une épaule, les jambes fléchissantes, il serrait les crosses au point que ses mains ne les sentaient plus...

ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines,  1911, page 271. 

Ø 10.... un oratoire surmonté de la statue de la madone, au pied de laquelle, accoté dans ses hardes, (...), se tenait en permanence, (...), un vieillard qui n'avait plus l'aspect humain...

BLAISE CENDRARS, Bourlinguer,  1948, page 158. 

—  Vieux. Accoté de. Soutenu par (une chose, au propre, ou au figuré) : 

Ø 11.... Napoléon a eu son Waterloo, Charles X ses journées de juillet.

Ainsi les choses se présentent au monarque infortuné; il reste immuable, accoté des événements qui calent et assujettissent son esprit. À force d'immobilité, il atteint une certaine grandeur...

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 255. 

Ø 12.... un grand et vieux chef de pasteurs (...), entre les hêtres et les pins sauvages, accoté de son bâton, contemple son troupeau.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Cours familier de littérature, 40e.  entretien, 1859, page 274. 

C.—  Emplois techniques. 

—  HÉRALDIQUE.   [En parlant d'une pièce]  Accoté de. Pourvu sur ses côtés de, flanqué de. Synonyme usuel : accosté* :  

Ø 13. Il portait une croix accotée de deux fouets.

Dictionnaire de l'Académie française, Compléments.  1842. 

·    Au figuré : 

Ø 14.... Hérodias apparut, (...). Deux monstres en pierre, pareils à ceux du trésor des Atrides, se dressant contre la porte, elle ressemblait à Cybèle accotée de ses lions...

GUSTAVE FLAUBERT, Trois contes, Hérodias, 1877, page 195. 

Remarque : Dans cet emploi, signalé dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL  (ANTOINE FURETIÈRE), 1701, domine nettement l'influence étymologie de côté (confer infra étymologie). Il est possible qu'il s'agisse d'un dérivé direct de ce dernier mot, comme tendrait à le démontrer le synonyme plus usuel accosté. 

—  MARINE.  \" Incliné sur le côté. Accoté se dit d'un navire qui, pliant sous l'effort du vent, se couche sur le côté et court le risque de s'engager, et même de chavirer. \" (Nouveau glossaire nautique (AUGUSTIN JAL)). 

Remarque : Cet emploi, signalé pour la première fois en 1773 (Französisches etymologisches Wörterbuch (WALTHER VON WARTBURG)), est mentionné, entre autres dictionnaires, dans le Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Dictionnaire universel de la langue française (Louis-Nicolas Bescherelle) 1845, qui ajoute qu'on dit mieux engager, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), etc. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 76. 

 

Forme dérivée du verbe \"accoter\"

 accoter

ACCOTER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif, vieilli. 

A.—   [Le sujet désigne une personne] 

1. Accoter une chose (à, contre, sur quelque chose). La soutenir en la plaçant au contact de quelque chose : 

Ø 1.... il se fit à la surface de l'essaim comme une évaporation brusque, lorsqu'il approcha l'échelle et qu'il monta dessus pour accoter la perche contre la branche. Tout fut enfin si bien disposé que, le poids de la perche et de la ruche inclinant légèrement la branche, tout l'appareil vint s'appuyer contre l'échelle et s'y soutint,...

ANDRÉ GIDE, Journal,  1906, page 217. 

Ø 2. Le portail de Saint-Jean-d'Acre, église chrétienne, église des croisés, a été accoté à une mosquée.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-1908, page 159. 

—  Sans complément préposition.  Soutenir à l'aide d'une cale : 

Ø 3. Il faut accoter ce pot, de peur qu'il ne tombe. Accoter les roues d'une charrette.

Dictionnaire de l'Académie française.  1878, 1932. 

2. Accoter une personne, une partie du corps, etc. (à, contre, sur quelque chose ou quelqu'un). La soutenir en la plaçant au contact de quelqu'un ou de quelque chose : 

Ø 4.... il se remit à manger son pain et son fromage en accotant son épaule sur le montant de la fenêtre, car il se reposait debout...

HONORÉ DE BALZAC, Le Colonel Chabert,  1835, page 7. 

Ø 5. On se contente de le [le blessé] mettre à l'abri dans un coin, de l'accoter à un arbre ou au revers d'un fossé...

ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 1, 1876, page 267. 

B.—  Emploi technique. 

1. BÂTIMENT.  vieux. \" Accoter une muraille. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

Remarque : À cet emploi, signalé par Dictionnaire de l'Académie Française 1694, mais abandonné par les édition ultérieures, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 ajoute : \" on accote une colonne, le terme moderne est étayer. \" 

2. HORTICULTURE.  \" Mettre un accot* autour d'un coffre. \" (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). 

3. MARINE.  emploi absolu. Accoter (confer infinitif accoté 3). 

Remarque : Les emplois 1 et 2 dérivent du sens \" appuyer \", attesté d'autre part dans de nombreux dialectes (confer Französisches etymologisches Wörterbuch (WALTHER VON WARTBURG) tome 24, au mot accubitare). 

II.—  Emploi pronominal. S'accoter. Synonyme : s'appuyer. 

A.—  [Le sujet désigne une personne]  S'accoter à, contre, sur quelqu'un ou quelque chose.  Se placer à côté ou au contact de quelqu'un ou de quelque chose pour se soutenir (plus rarement, pour soutenir, exemple 6) : 

Ø 6.... les premières vagues s'engouffrèrent dans les charpentes, on allait rire.

—  Dommage qu'il ne soit pas là, le jeune homme! dit la voix goguenarde de ce gueux de Tourmal. Il pourrait s'accoter contre, pour les renforcer.

ÉMILE ZOLA, La Joie de vivre,  1884, page 985. 

Ø 7. Ils s'étayaient sur leurs fusils, s'accotaient aux arbres, bande boueuse d'éclopés qu'aucune volonté ne raidissait plus.

ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, page 220. 

Ø 8.... Antoine s'assit près d'elle; mais, au lieu de s'accoter à lui, elle appuya son front à la vitre noire.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 1036. 

1. Sans complément préposition : 

Ø 9. Rien n'est plus curieux qu'une barricade qui se prépare à un assaut. Chacun choisit sa place comme au spectacle. On s'accote, on s'accoude, on s'épaule.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 436. 

Ø 10. Il s'accota sous l'auvent d'une boutique, le dos contre la muraille, et n'avança plus.

GUSTAVE FLAUBERT, Salammbô, tome 2, 1863, page 164. 

Ø 11. Beaucoup étaient si épuisés qu'ils ne tenaient debout qu'en s'accotant deux à deux, épaule contre épaule; ou encore par groupes de trois, le plus faible entre les deux autres, doublement étayé par ses camarades dans un enlacement réciproque.

FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances,  1946, page 166. 

2. Au figuré : 

Ø 12. Rancé, qui s'accotait contre Dieu, acheva son oeuvre; l'abbé de La Mennais s'est incliné sur l'homme : réussira-t-il?

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Vie de Rancé,  1844, page 136. 

Ø 13. Le « mal du siècle » m'apparaît de plus en plus comme le malaise des déracinés qui ne peuvent plus s'accoter sur des moeurs héréditaires.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, 1902-1904, page 318. 

Ø 14. Mais s'ils sont venus, ces Messins, dans la maison de l'Éternel, c'est d'instinct pour s'accoter à quelque chose qui ne meurt pas.

MAURICE BARRÈS, Colette Baudoche,  1909, page 244. 

Remarque : Dans le style recherché, le pronom réfléchi peut être remplacé par une périphrase personnifiant par exemple un état d'âme; l'idée réfléchi est rendue par un adjectif possessif : 

Ø 15.... Gaston La Chaille (...) trouva le temps, deux fois en dix jours de venir quêter une camomille et d'accoter, au dossier du fauteuil en conque, sa lassitude d'industriel...

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Gigi,  1944, page 41. 

B.—  [Le sujet désigne une chose]  S'accoter à, contre, sur quelque chose.  Être placé à côté ou au contact de quelque chose, généralement en y prenant appui (sans idée d'appui, exemple 17) : 

Ø 16.... des maisons, puis d'autres encore, s'accotaient à de nouvelles maisons, et quelquefois un trou brusque s'ouvrait...

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, page 189. 

Ø 17. Le Caire... une grande cité musulmane à laquelle s'accote une ville d'Europe assez pareille à Nice.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1907-1908, page 155. 

Ø 18. La béquille et la canne dédaignées s'accotent au mur.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Maison de Claudine,  1922, page 76. 

—  Au figuré : 

Ø 19. On voit qu'ici l'épithète Andante s'accote à une Sarabande,...

LIONEL DE LA LAURENCIE, L'École française de violon, tome 2, 1922, page 29, note 4. 

Remarque : Dans les dictionnaires du Dictionnaire de l'Académie Française l'emploi pronominal est signalé comme \" populaire \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1740), \" familier \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1762, 1798), \" familier et peu usité \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878), \" sans remarque \" (Dictionnaire de l'Académie Française 1932). 

C.—  Emploi technique.  HORLOGERIE.  S'accoter (ou accoter). [En parlant des pièces]  Frotter l'une contre l'autre en se gênant : 

Ø 20. Pièce d'horlogerie qui accote. Confer accotement.

Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER). 

Remarque : Cette acception, signalée pour la première fois par Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842 et DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, figure dans les principaux dictionnaires généraux moderne. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 42. 

 

ACCOTEMENT, substantif masculin.  

Ce qui accote quelque chose. 

A.—  PONTS ET CHAUSSÉES.  courant.  Partie latérale de soutien d'une route, entre la chaussée et le fossé ou les propriétés riveraines. 

Ø 1.... dans le virage qui suit le pont, à la descente, la camionnette a pris plus large que de coutume, et ses deux roues de gauche ont laissé un sillage dans l'herbe de l'accotement.

MAURICE GENEVOIX, Raboliot,  1925, page 337. 

Ø 2. Sur les bas-côtés d'une route nationale ravagée d'automobiles, il pédalerait très lentement (...). En marge de cette route rectiligne, plantée d'ormes classiques, dans les accotements herbus, on trouvait, sans les chercher beaucoup, des esquisses de petits sentiers...

JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 58. 

Ø 3. Il gît au ras du sol, sur une civière posée dans l'herbe, au bord de cette route qui est pleine de soldats. Des voitures grinçantes, attelées de mulets, passent, sans arrêt, au pas, le long de lui, soulevant une poussière épaisse. À deux mètres, sur l'accotement, des gendarmes, debout, boivent, chacun leur tour, à la régalade...

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 735. 

Ø 4. Les attelages civils se glissent au milieu des trains régimentaires qui vont au pas et dont la file occupe le centre de la chaussée. Les fantassins, repoussés sur la droite, marchent où ils peuvent, sur l'accotement, dans le fossé.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936 page 749. 

Remarque : 1. Le terme pénètre dans l'usage courant notamment par l'intermédiaire des panneaux de signalisation routière : accotement non stabilisé, etc. 2. Les dictionnaires signalent en outre le sens : « espace compris entre une maison et un ruisseau » (confer Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965). 

—  Spécialement. Synonyme : berme :  

Ø 5. Souvent, auprès de ces accotements de granit, de ce long chemin de ronde sans familiarité et sans grâce qui borde la mer d'une espèce de glacis de forteresse aux durs enrochements, j'ai songé à quelque grand palais déserté, un Versailles océanique confronté pour l'éternité avec le large...

JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux,  1945, page 135. 

B.—  CHEMIN DE FER.  Partie latérale du ballast, de part et d'autre du rail : 

Ø 6. Dans le profil « anglais », aujourd'hui généralisé, le rail est situé entièrement au-dessus du ballast, et la surface de l'accotement ne dépasse pas le niveau supérieur des traverses.

Grand Larousse encyclopédique en dix volume s.  1960. 

C.—  HORLOGERIE.  Frottement anormal de 2 pièces qui gêne leur mouvement. 

Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PIERRE-CLAUDE-VICTOIRE BOISTE) 1834, Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ) et Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 19. 

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