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Définition du terme: CRITIQUE3, substantif féminin.

Publié le 05/12/2015

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Définition du terme: CRITIQUE3, substantif féminin. A.— Capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur, après avoir discerné ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. Être dénué de critique; manquer de critique. (Quasi-)synonymes : jugement, discernement. Confer auto(-)critique. Quand ces événements ont quelque ancienneté, ils nous parviennent du moins dégagés de tout leur faux entourage par la sagesse et la saine critique des historiens (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 218 ). Son esprit avait pris une énorme étendue, et des habitudes de critique lui permettaient de juger sainement (HONORÉ DE BALZAC, Béatrix, 1839-45, page 69 ). — En particulier. Esprit de libre examen qui, dans ses jugements, écarte, rejette l'autorité des dogmes, des conventions, des préjugés. L'auteur s'y montre crédule à l'excès et dénué de toute critique (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 179) : Ø 1. Et ne dites pas que c'est là le scepticisme; c'est la critique, c'est-à-dire la discussion ultérieure et transcendante de ce qui avait d'abord été admis sans un examen suffisant, pour en tirer une vérité plus pure et plus avancée. ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 62. — Péjoratif. Tendance caractérielle à relever les défauts, les imperfections. C'est assez la critique des gens de cette cour (...). Ils appellent exagéré tout ce qu'ils ne sentent pas (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, page 63 ). Son vieux fonds de malice et de critique le portait à faire chercher aux gens peu soigneux les objets égarés (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 419 ). B.— Examen constituant la première phase de la capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur. 1. Généralement. [Avec un déterminant] Examen objectif, raisonné auquel on soumet quelqu'un ou quelque chose en vue de discerner ses mérites et défauts, ses qualités et imperfections. Venons maintenant à la critique des mots (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 80 ). C'est par l'âpre critique de la propriété, de la rente, du fermage, du profit, que répliqua Proudhon (JEAN JAURÈS, Études socialistes, 1901, page 143) : Ø 2....la parole écrite et multipliée par la presse, en portant la discussion, la critique et l'examen sur tout, en appelant la lumière de toutes les intelligences sur chaque point de fait ou de contestation dans le monde, amène invinciblement l'âge de raison pour l'humanité. ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 2, 1835, page 37. SYNTAXE : Faire la/une critique de, passer à la critique de, procéder à la critique de, soumettre quelqu'un/quelque chose à la/une critique. 2. [Le déterminant éventuel désigne un domaine scientifique, littéraire, technique] Méthode d'examen mettant en jeu des critères variables selon les domaines, d'après lesquels il est possible de discerner les parts respectives des mérites et des défauts d'une entreprise, d'une oeuvre, d'un système de pensée. Critique biblique, expérimentale, sociale, théologique. La critique, cet art précieux d'apprécier les productions scientifiques (JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, page 271 ). La critique philosophique va plus loin (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 599 ). La critique des sciences physiques (CHARLES RENOUVIER, Essais de critique générale, 3e. essai, 1864, page 115 ). · Critique historique. Méthode d'examen appliquée aux textes et aux documents qui relatent des événements, et visant à interpréter avec discernement leur contenu et à estimer leur valeur testimoniale. Les mêmes défauts de critique historique, provenant de la confusion des dates et des milieux (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 281 ). · Critique verbale ou critique des textes. Méthode qui a pour objet de restituer la teneur originale d'un texte, d'un document à partir des copies qui en subsistent. Il faut avoir l'habitude de la critique des textes et de la méthode historique (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883 page 238 ). 3. [Le déterminant éventuel désigne un domaine des Belles-Lettres ou des Beaux-Arts ou le point de vue adopté] Examen raisonné des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques, conduit d'après des critères variables, qui s'achève par un jugement de valeur. Critique littéraire, critique homérique. Critique des Nourritures (Albert Thibaudet). J'ai pris pour sujet de travail la critique du dernier ouvrage philosophique de M. de Bonald (MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, page 145) : Ø 3. Il faut traiter les choses de l'esprit avec l'esprit, et non avec le sang, la bile, les humeurs. Où n'est pas l'agrément et quelque sérénité là ne sont plus les Belles-Lettres. Quelque aménité doit se trouver même dans la critique. Si elle en manque absolument, elle n'est plus littéraire. La critique sans bonté trouble le goût et empoisonne les saveurs. La critique est un exercice méthodique du discernement. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 2, 1824, page 128. SYNTAXE : Critique biographique, comparée, descriptive, dogmatique, explicative, grammaticale, impressionniste ou subjective, stylistique; critique d'humour; ancienne, nouvelle critique; article, livre, morceau de critique. — Par extension. a) Genre littéraire représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques; par métonymie, ensemble des auteurs et des travaux représentatifs du genre. Critique d'art, dramatique, littéraire, musicale. Winckelmann dans les arts, Lessing dans la critique, et Goethe dans la poésie, fondèrent une véritable école allemande (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 40 ). Puis ils en vinrent aux travaux de la critique contemporaine (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 377 ). Un régime qui (...) retarda la critique de cinquante ans (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page XII. ). b) Domaine de la presse écrite ou parlée. Rubrique où un journaliste attitré rend compte, en la soumettant à un examen raisonné, de l'actualité littéraire ou artistique. Critique des disques, films, livres. Thiers qui a rédigé cette année la critique du Salon dans le « Constitutionnel » (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1824, page 22 ). Quoique la critique de la « Revue des Deux-Mondes » continuât à prononcer que j'avais eu beaucoup de talent tant que j'avais travaillé à la « Revue des Deux-Mondes », mais que depuis ma rupture, hélas! (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 4, 1855, page 150 ). · Par métonymie. Ensemble des journalistes qui rendent compte de l'actualité littéraire ou artistique. Confer compte rendu exemple 1 : Ø 4. La première aussi d'un drame éhonté de Belot, auteur de romans obscènes sans intérêt, La Vénus de Gordes, que la critique a malmené sur toute la ligne et que le public va voir avant sa disparition de l'affiche. STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1875, page 81. C.— Jugement de valeur qui constitue la seconde phase de la capacité de l'esprit à juger un être, une chose à sa juste valeur. 1. Jugement qui tient compte des mérites et défauts, des qualités et imperfections de l'être ou de la chose que l'on examine. Critique acrimonieuse, équitable, pondérée, sans parti-pris, sans passion. Malgré les critiques justes ou injustes qui lui furent adressées, la trompette marine figura longtemps dans les concerts royaux (LAURENT GRILLET, Les Ancêtres du violon, tome 1, 1901, page 176 ). — En particulier. Jugement formulé par un journaliste attitré, opinion émise par une personne, à propos d'une production qui relève de sa compétence. Un concert est comme une exposition de tableaux; si l'on n'a pas le catalogue de la critique, on ne voit que des figures (JOSEPH FIÉVÉE, La Dot de Suzette, 1798, page 137 ). Faydit, dans sa critique du Télémaque, emploie les mêmes insinuations (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 27) : Ø 5. Style sans couleur, composition sans harmonie, dessin incorrect, défaut de nuances et de contrastes, s'appliquent également à la critique d'un poëme, d'un tableau ou d'un morceau de musique; tout ce qu'on peut dire en fait d'éloge, sur quelque chef-d'oeuvre de l'art que ce soit, est également compris dans les trois mots d'élégance, de vigueur, et surtout de grandiose... VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 4, 1813, page 129. · Par métonymie. Article, billet dans lequel un journaliste attitré rend compte d'une nouveauté littéraire ou artistique et la juge. La critique du portrait du roi par H. Vernet a paru dans le « Journal des Débats » (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1824, page 50 ). Ensemble des jugements ainsi rendus ou publiés. Avoir une bonne, une mauvaise critique. Il ne put échapper aux traits de la critique (Dictionnaire de l'Académie française. 1835-1932). 2. Jugement défavorable porté sur les défauts de quelqu'un, les imperfections de quelque chose. Désarmer les critiques. Aucun véritable savant de nos jours ne s'offensera (...) d'une innocente critique de la science sous Louis XIV (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 106) : Ø 6. Considéré dans son caractère général, l'écrit de M. Courier est, je ne crains pas d'en convenir, une critique de la souscription de Chambord. L'acquisition de ce domaine lui paraît une mauvaise affaire pour le prince, pour le pays, pour Chambord même. PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Procès de Paul-Louis Courier, 1821, page 112. — Par extension. Remarque défavorable, de caractère occasionnel, motivée par le désir de reprendre tel ou tel défaut chez quelqu'un, telle ou telle imperfection dans une chose. Il se pourrait qu'il fût plus content de l'éloge que blessé de la critique (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, page 103 ). Je ne puis admettre la critique que vous faisiez il y a un instant des rédacteurs du « Courrier » (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1827, page 412 ). On rumine sur les actes les plus simples pour y loger des dessous : la critique la plus bénigne, la plaisanterie la plus inoffensive, deviennent des attentats (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 216) : Ø 7. La princesse paraissait s'ennuyer beaucoup, et ces dames n'avaient pas l'air de s'amuser davantage; elles s'observaient mutuellement, causaient à voix basse avec leurs voisines, et quelques traits de critique ou de médisance faisaient de tems en tems diversion à l'ennui qui les accablait. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 2, 1812, page 209. SYNTAXE : Adresser, lancer une/des critique(s); donner prise, échapper, s'exposer, prêter (le flanc) à la/aux critique(s). Forme dérivée du verbe "critiquer" critiquer CRITIQUER, verbe transitif. A.— [La critique est un examen raisonné, objectif, qui s'attache à relever les qualités et les défauts et donne lieu à un jugement de valeur] 1. emploi absolu. Exercer son intelligence à démêler le vrai du faux, le bon du mauvais, le juste de l'injuste en vue d'estimer la valeur de l'être ou de la chose qu'on soumet à cet examen. Besoin, droit de critiquer; enclin à critiquer. Critiquer, c'est se poser en spectateur et en juge au milieu de la variété des choses (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890, page 145 ). À côté de moi qui travaille, il y a trop souvent un autre moi qui examine, raisonne, critique (PAUL LÉAUTAUD, Journal littéraire, tome 1, 1893-1906, page 17) : Ø 1. On ne saurait l'appeler [Charles Du Bos] un critique, si critiquer c'est juger et classer. Ou du moins n'agissait-il en critique qu'au départ, dans le partage qu'il établissait entre les écrivains dignes de son attention et ceux auxquels il refusait l'existence. FRANÇOIS MAURIAC, Journal 3, 1940, page 265. SYNTAXE : Analyser, apprécier, commenter, examiner, surveiller et critiquer; critiquer cruellement, doctement, durement, expérimentalement, justement, librement, méticuleusement, pertinemment, sainement, savamment, scientifiquement, sérieusement, sévèrement, systématiquement, timidement, victorieusement, violemment, vivement; critiquer à bon droit, à juste titre, pour critiquer, pour le plaisir, sans motif valable; oser critiquer; s'amuser à critiquer; s'abstenir de critiquer; pour le plaisir de critiquer; les esprits chagrins qui critiquent. 2. [L'objet désigne une personne ou une chose] a) Porter un jugement motivé sur quelqu'un ou sur quelque chose. Comment critiquer un vrai poète? (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1905, page 130 ). L'on ne peut critiquer sainement que ce que l'on a d'abord bien compris (ANDRÉ GIDE, Journal, 1929, page 917 ). b) En particulier. Soumettre une chose à un examen méthodique en vue de l'estimer à sa juste valeur; la juger d'après des critères appropriés qui varient selon les domaines. — Domaine de la pensée. Faire la part de la vérité et de l'erreur à propos d'une production abstraite de l'esprit. Une conception de la durée et de la causalité que nous critiquerons en détail (HENRI BERGSON, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889, page 119 ). Le tragique spirituel, notion que Tchekhov m'apprit à critiquer (CHARLES DU BOS, Journal, 1924, page 173) : Ø 2. On doit toujours être prêt à critiquer une théorie; on doit toujours la supposer vulnérable (...). Il faut tout admettre comme critiquable, mais ce n'est pas une raison pour critiquer à tort et à travers comme font certaines gens pour faire parler d'eux en faisant des critiques d'hommes haut placés. Comme la critique est fort difficile à juger, ils en tirent toujours profit. CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878, page 253. — Domaine de la sciences expérimentales Déterminer la portée d'un phénomène. Les notions recueillies par le médecin (...) doivent être appréciées, critiquées, et, parfois, ramenées à leur juste valeur (DOCTEUR HENRI CODET, Psychiatrie, 1926, page 4 ). — Domaine de l'histoire. Établir l'authenticité et la portée d'un fait, d'un document, d'un témoignage. Il faut critiquer les religions comme on critique les poèmes primitifs (ERNEST RENAN, L'Avenir de la science, 1890 page 275 ). Il avait épluché les bévues du Talmud et critiqué scientifiquement la Bible (ALEXANDRE ARNOUX, Carnet de route du Juif errant, 1931, page 227 ). — Domaine de la morale. Faire la part du bon et du mauvais, du bien et du mal. En laissant l'État reprendre sa liberté, nous gardons le plus précieux de nos droits, celui de la critiquer (GEORGES BERNANOS, Les Enfants humiliés, 1948, page 90 ). — Domaine de l'esthétique. Discerner dans un ouvrage, une oeuvre, l'ensemble des qualités et des défauts qui le/la rendent plus ou moins conforme à une perfection idéale. Examiner scrupuleusement ce livre et en critiquer les détails (ALFRED DE MUSSET, dans la Revue des Deux-Mondes, 1833, page 610 ). Il plaça sa toile sur son chevalet, et alla chez son ancien Maître (...) il le pria de venir critiquer l'oeuvre rejetée (HONORÉ DE BALZAC, Pierre Grassou, 1840, page 442 ). — Domaine de l'action. Déterminer la qualité plus ou moins fine d'une chose dont la réalisation ou l'accomplissement sont soumis à des règles conventionnelles. Critiquer une bataille, une manoeuvre, un match. [L'oncle] critiquait méticuleusement les fautes d'équitation (PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz, 1902, page 243 ). Tâter, de la narine et de la langue, les vins et critiquer la cuisson (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Le Fanal bleu, 1949, page 224 ). 3. Emploi pronominal réfléchi. a) Soumettre sa propre personne à un examen, en vue de porter sur elle un jugement de valeur. Ernest se promena fièrement dans sa chambre, il se mit de trois-quarts, de profil, de face devant la glace, il essaya de se critiquer (HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon, 1844, page 148 ). b) Se soumettre à un examen en tant qu'auteur, réalisateur de quelque chose, afin de l'estimer à sa juste valeur. Synonyme : se juger. Pioche bien la « Paysanne »; (...) revois tout, épluche-toi; apprends à te critiquer toi-même (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 69 ). Ceux qui agissent sans se critiquer (PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, page 40 ). B.— [Par restriction de sens; la critique ne s'attache à relever que les défauts, les imperfections] 1. emploi absolu. Émettre, formuler des jugements défavorables, d'une façon systématique ou occasionnelle. L'amitié n'est pas faite pour critiquer, (...). Elle est faite pour donner confiance (JEAN-PAUL SARTRE, L'Âge de raison, 1945 page 47) : Ø 3. Papa aimait se moquer, et maman critiquer; peu de gens trouvaient grâce devant eux, alors que je n'entendais jamais personne les dénigrer : leur manière de vivre représentait donc la norme absolue. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 49. 2. [L'objet désigne une personne ou une chose] a) Reprendre quelqu'un ou porter sur lui un jugement défavorable en se fondant sur un ou des défauts qu'il accuse. Synonymes : blâmer, reprendre; antonymes : admirer, féliciter, louer. Ils critiquent Géricault parce que dans sa « Course d'Epsom » (...) il a peint des chevaux qui galopent ventre à terre (AUGUSTE RODIN. L'Art, entreiens réunis par Paul Gsell, 1911, page 87 ). Ces premières attaques, si elles atteignirent Blaise Pascal, le délivraient du moins de son rôle irritant d'enfant prodige. Il était critiqué, peut-être jalousé par Descartes (FRANÇOIS MAURIAC, Blaise Pascal et sa soeur, 1931, page 39 ). — Critiquer quelqu'un + objet second préposition; de + infinitif, pour + infinitif passé; en raison de, pour + substantif. On nous a reproché d'avoir employé un mot nouveau, le « déterminisme » (...). On m'a beaucoup critiqué sur ce mot (CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale, 1878 page 265 ). — Au figuré. [Le sujet désigne une entité] Elle sent elle-même comme quelque chose qui la critique (DOCTEUR PIERRE-MARIE-FÉLIX JANET, Les Obsessions et la psychasthénie, 1903, page 27 ). b) Juger défavorablement quelque chose en se fondant sur une ou des imperfections qu'elle présente. Il avait critiqué le montage d'une pompe à huile (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Vol de nuit, 1931, page 93 ). Il refuse tout d'abord d'adhérer; il considère les choses au point de vue historique; il critique sévèrement, selon les règles, l'impulsion qui l'envahit, l'emporte (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents. 1952, page 23 ). — Au figuré. De sorte (...) que la raison pût critiquer la valeur du témoignage des sens (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 599 ). c) Juger défavorablement quelqu'un ou quelque chose, souvent avec acrimonie, en ne retenant que leurs défauts, leurs imperfections, ou même sans motif valable. Le sentiment de tout Français s'oppose à ce qu'il prenne une initiative quelconque et en même temps le pousse à critiquer tout ce qui se fait autour de lui (PROSPER MÉRIMÉE, Lettres à Monsieur Panizzi, tome 2, 1850-70, page 402 ). Comme on critiquait devant lui Villars absent, il coupa net la conversation, en rappelant que Villars était son ami (MARCEL ARLAND, L'Ordre, 1929, page 195 ). PARADIGMES. a) Synonymes : bafouer, décrier, dénigrer, déchirer. b) Synonyme familier ou argotique, bêcher, chiner, débiner, étriller; éreinter, esquinter. — Critiquer que + verbe au subjonctif. Il avait critiqué que l'amie d'Odette donnât (...) dans le faux ancien (MARCEL PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, page 245 ). 3. [L'objet désigne une chose] Relever un défaut chez quelqu'un, une imperfection dans quelque chose et porter sur eux un jugement défavorable motivé. Aristarques impatients, qui critiquent individuellement (...) les pierres dont la réunion seule peut donner une idée du plan de l'architecte (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Catherine Howard, 1834, avertissement, page 206 ). Une attitude qui fut par la suite beaucoup critiquée : celle de me dérober au succès (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 525 ). Il s'asseyait, croisait les jambes sous la table, découvrant des fixe-chaussettes mauves : elle critiquait ce laisser-aller (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958 page 182 ). SYNTAXE : Critiquer aigrement, amèrement, âprement, bassement, hardiment, ouvertement, poliment; critiquer avec aigreur, avec âpreté. C.— Par extension. Porter des jugements non fondés, exprimer des opinions non contrôlées. Critiquer à la manière de la plupart des feuilletonistes actuels, c'est exprimer des jugements tels quels d'une façon plus ou moins spirituelle (HONORÉ DE BALZAC, La Muse du département, 1844, page 214 ). Remarque : On rencontre dans la documentation a) Critiquant, ante, adjectif. Enclin, porté à la critique (souvent en mauvaise part). Quant à la nature de ces causeries (...) on m'a dit que ce n'était pas une nature critiquante et esthétisante (Anatole France, Vie littéraire, tome 2, 1890, page X). Le public des premières, ce public blasé, critiquant (Alphonse Daudet, Critique dramatique, 1897, page 81). b) Des dérivés péjoratifs et familiers a ) Criticaillon, substantif masculin rare. Mauvais critique qui juge à tort et à travers (confer J.-R. Bloch dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (PAUL ROBERT) Supplément 1970 ß ).) Critiquailler, verbe intransitif Critiquer à tort et à travers, sans motif fondé. Est-ce qu'il n'est pas beaucoup mieux et plus beau d'être aimé et compris de quelques braves gens, qu'entendu, critiquaillé, ou flagorné par des milliers d'idiots? (Romain Rolland, Jean-Christophe, Révolte, 1907, page 449). La forme criticailler est attestée dans le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française (Paul Robert) Supplément 1970 et Dictionnaire de la langue française Lexis, Larousse 1975. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 495 (critiqué : 118). Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 443, b) 658; XXe. siècle : a) 770, b) 906. DÉRIVÉS : Critiqueur, -euse, substantif et adjectif, familier (Celui) qui a la manie de critiquer, qui ne pense qu'à reprendre (souvent en mauvaise part). Une cause (...) dont il faut tenir tous les critiqueurs pour adversaires (GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation, 1899, page 281 ). Repasser mon petit couplet critiqueur (LÉON FRAPIÉ, La Maternelle, 1904, page 206 ).

« possible de discerner les parts respectives des mérites et des défauts d'une entreprise, d'une oeuvre, d'un système de pensée.

Critique biblique, expérimentale, sociale, théologique.

La critique, cet art précieux d'apprécier les productions scientifiques (JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, page 271 ).

La critique philosophique va plus loin (AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 599 ).

La critique des sciences physiques (CHARLES RENOUVIER, Essais de critique générale, 3e.

essai, 1864, page 115 ). · Critique historique.

Méthode d'examen appliquée aux textes et aux documents qui relatent des événements, et visant à interpréter avec discernement leur contenu et à estimer leur valeur testimoniale.

Les mêmes défauts de critique historique, provenant de la confusion des dates et des milieux (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 281 ). · Critique verbale ou critique des textes.

Méthode qui a pour objet de restituer la teneur originale d'un texte, d'un document à partir des copies qui en subsistent.

Il faut avoir l'habitude de la critique des textes et de la méthode historique (ERNEST RENAN, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883 page 238 ). 3.

[Le déterminant éventuel désigne un domaine des Belles- Lettres ou des Beaux-Arts ou le point de vue adopté] Examen raisonné des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques, conduit d'après des critères variables, qui s'achève par un jugement de valeur.

Critique littéraire, critique homérique.

Critique des Nourritures (Albert Thibaudet).

J'ai pris pour sujet de travail la critique du dernier ouvrage philosophique de M.

de Bonald (MARIE- FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, page 145) : Ø 3.

Il faut traiter les choses de l'esprit avec l'esprit, et non avec le sang, la bile, les humeurs.

Où n'est pas l'agrément et quelque sérénité là ne sont plus les Belles- Lettres.

Quelque aménité doit se trouver même dans la critique.

Si elle en manque absolument, elle n'est plus littéraire.

La critique sans bonté trouble le goût et empoisonne les saveurs.

La critique est un exercice méthodique du discernement. JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 2, 1824, page 128. SYNTAXE : Critique biographique, comparée, descriptive, dogmatique, explicative, grammaticale, impressionniste ou subjective, stylistique; critique d'humour; ancienne, nouvelle critique; article, livre, morceau de critique. — Par extension. a) Genre littéraire représenté par les examens raisonnés des ouvrages de l'esprit et des productions artistiques; par métonymie, ensemble des auteurs et des travaux représentatifs du genre.

Critique d'art, dramatique, littéraire, musicale. Winckelmann dans les arts, Lessing dans la critique, et Goethe dans la poésie, fondèrent une véritable école allemande (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 2, 1810, page 40 ).

Puis ils en vinrent aux travaux de la critique contemporaine (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 377 ).

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