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Dictionnaire en ligne: ÉLU, -UE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 23/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ÉLU, -UE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de élire* II.— Emploi adjectival. A.— [Correspond à élire A] Qui est (a été, sera) l'objet d'un choix par voie de suffrages. Assemblée, chambre élue; candidat, délégué, membre élu. Des républiques de citoyens égaux sous des chefs élus (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 2, 1865, page 169 ). Une administration supérieure, élue, responsable et révocable (ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1929, page 862 ). B.— [Correspond à élire B] 1. [Choix à caractère religieux] Qui est l'objet d'une prédestination, d'un choix voulu et opéré par Dieu ou le Destin. Mais avaient-ils de cette enfant élue la souplesse, la spontanéité et toute la sève vivifiante? (MAURICE BARRÈS, Huit jours chez Monsieur Renan, 1888, page 135 ). C'est la réponse suprême que la vigne élue réservait à son implanteur (PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la croix, 1938, page 139) : Ø 1. Le malheur avait mis le doigt sur lui [Gwynplaine] , le bonheur aussi. Deux destinées extrêmes composaient son sort étrange. Il y avait sur lui un anathème et une bénédiction. Il était le maudit élu. VICTOR HUGO, L'Homme qui rit, tome 2, 1869, page 67. — Le peuple élu, la race élue. Les Juifs, le peuple d'Israël. Et lourd de passé plein d'histoire, tout chargé des douleurs et des joies d'Israël, le vieux texte raconte les temps du muzraïm, le long exil d'Égypte, les affictions des ancêtres et les faveurs dont l'Éternel a comblé son peuple élu (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, L'Ombre de la Croix, 1917, page 180 ). · Par analogie (Peuple, race) qui semble se distinguer des autres par sa supériorité. Les femmes étaient menées avec plus de rudesse que leurs complices, comme ayant attenté plus gravement qu'eux, qui n'avaient pas l'honneur de compter parmi la race élue, à « l'honneur allemand » (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 205 ). 2. [Choix sans caractère religieux] a) Qui est l'objet d'un choix dicté par une préférence de la raison ou du coeur. — [Le déterminé désigne un individu ou une collectivité] Personne élue. Ce [les Laurens] m'est une famille élue, et je rêve avec eux mes joies (ANDRÉ GIDE, Journal, 1893, page 37 ). Il [Larseneur] y [dans le livret de son drame] multipliait, par amour de son maître élu, les inversions et les germanismes (GEORGES DUHAMEL, Le Désert de Bièvres, 1937, page 109 ). — [Le déterminé désigne une chose] L'art a toujours été le langage élu des révélations religieuses comme des confessions particulières (RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible, 1955, page 238 ). — DROIT. Domicile élu. Domicile désigné par quelqu'un et où peuvent lui être signifiés tous les actes de justice (confer Code d'instruction criminelle, 1808, page 788). b) En particulier. — Vieux et rare. D'un caractère exquis et raffiné. Il [Amyot] voulait avant tout, en effet, un style exact, net, châtié, élu enfin, c'est-à-dire choisi et élégant dans son naturel (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 4, 1851-62, page 465 ). — Langue soutenue. Qui, par une sorte de prédestination, témoigne de son accord parfait avec une chose, une idée, une intention : Ø 2.... j'ai vu trop de monde (...) pour ne pas goûter le désir d'une intimité très rare et très fine. Nous [Gide et Valéry] causerons admirablement, certain soir élu, où nous nous promènerons dans notre rêve. ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 137. III.— Emploi comme substantif. A.— [Correspond à élire A] 1. Vieux (confer élection A 1) au masculin. Juge du tribunal de l'élection chargé d'imposer les tailles. Charge d'élu (Confer aide1, exemple 16) 2. Usuel. Personne qui a reçu un mandat, un titre par voie de suffrages. L'élu d'un parti, du peuple, d'un quartier. Je suis l'élu de la nation. Vous êtes les délégués obscurs d'un département (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 42 ). L'élu influent a le choix entre un fauteuil de conseil d'administration et une cellule (JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 119) : Ø 3. Il faut noter que certaines constitutions organisent le contrôle de l'élu par l'électeur en permettant la révocation individuelle des élus par la majorité de leurs électeurs... GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, page 140. — Au pluriel avec article défini. L'ensemble des individus vainqueurs d'une élection par voie de suffrages. Les élus de la nation. La patience toute nouvelle avec laquelle ce peuple accepte et subit les plus lourdes charges à lui imposées par ses élus (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 2, Voyage en France par un Français, 1896, page 32 ). B.— [Correspond à élire B] 1. [Choix à caractère religieux] a) Être humain à qui Dieu dispense spécialement sa grâce en vue, parfois, de l'aider à remplir une mission sur terre. L'élu du Seigneur. Restons pauvres plutôt, et songeons que Jésus Parmi les indigents a choisi ses élus! (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, L'Alchimiste, 1839, I, 1, page 211 ). Se conduire en élu de Dieu sur la terre (JACQUES MARITAIN. Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 25 ). Pour que tu daignes bénir et sanctifier cet élu, — nous te supplions, écoute-nous! (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 135 ). b) Être humain à qui ses mérites valent d'entrer au Paradis. Antonymes : Le réprouvé, le damné. Là, après avoir accueilli l'élu, saint Pierre rebute le vilain et l'invite en termes désobligeants à déguerpir (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 123 ). — Au pluriel. L'ensemble des êtres humains qui, après leur mort, en vertu du Jugement particulier, entourent Dieu au Paradis et chantent ses louanges. Apothéose, félicité, règne des élus. Les voix des élus s'unirent à celles des anges pour glorifier l'Invisible (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Révolte des anges, 1914, page 402 ). Et si chacun contenait en soi à la fois l'Élu et le Réprouvé, l'enfer et le paradis, comment démêler cet embrouillement? (ALEXANDRE ARNOUX, Carnet de route du Juif errant, 1931, page 183 ). c) Par analogie. a ) Celui, celle qui semble appelé(e) par les circonstances, par le destin, à jouir d'une supériorité sur le reste des hommes. Entre autres avantages qu'il confère à ses élus, l'humanisme apprend à ne pas confondre le baroque avec le sublime, comme le fait généralement le romantisme (LÉON DAUDET, Études et milieux littéraires, 1927, page 29 ). J'ai vu qu'en descendant sur son élue, l'inspiration fait le bruit d'un oiseau et d'une abeille (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Paysages et portraits, 1954, page 225 ). — [Dans une intention ironique] Au pluriel. Petit clan de gens qui, se reconnaissant les arbitres du goût, de l'élégance, s'arrogent le droit de juger et de critiquer. Il [le comte de Montesquiou] partage l'humanité en deux camps, les élus et les exclus, deux termes à quoi il faut d'abord songer lorsque l'on cherche à définir le snobisme (FRANÇOIS MAURIAC, Du côté de chez Proust, 1947, page 210 ). ß ) Spécialement. Haut dignitaire dans certaines branches de la franc-maçonnerie. Le rite des élus Coëns (PAUL NAUDON, La Franc-maçonnerie, 1963, page 109 ). 2. [Choix sans caractère religieux] Être humain qui est l'objet, de la part de quelqu'un, d'une préférence dictée par l'amour, l'affection, l'amitié. Heureux élu, l'élu(e) de mon coeur. Il [Emmanuel] avait, pour son Élue, cette idôlatrie, que le défaut d'espoir rend si douce et si mystérieuse dans ses pieuses manifestations (HONORÉ DE BALZAC, La Recherche de l'absolu, 1834, page 241 ). Entre les bras de l'élu, la pure jeune fille se change allégrement en une claire jeune femme (SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 289 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 411. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 013, b) 1 500; XXe. siècle : a) 2 254, b) 2 122. Forme dérivée du verbe "élire" élire ÉLIRE, verbe transitif. A.— [Le choix se fait par voie de suffrages] 1. [Le complément d'objet désigne un individu] Choisir (quelqu'un) par voie de suffrages (soit à titre de représentant, soit pour lui conférer un titre, un honneur, soit pour l'appeler à siéger dans une assemblée). a) [Sans attribut en construction directe; le complément d'objet désigne la personne choisie ou à choisir] a ) [Sans implication du titre ou de la fonction] Élire son candidat; élu au bénéfice de l'âge. Ils m'eussent élu (infra exemple 1 ). Le conseil, de son propre chef, décida de se donner à lui-même un président et élut Georges Bidault (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 165 ). — [Avec complément prépositionnel pour désignant le titre ou la fonction, pour introduisant un attribut en construction indirecte] Élire quelqu'un pour directeur. L'assemblée, ayant élu pour son président Félix Gouin (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956 page 154 ). — [Avec complément prépositionnel à désignant une institution formée de plusieurs membres où doit siéger l'élu] Élire quelqu'un à l'Académie. Quelque espérance de vous faire élire à la chambre des députés (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1836, page 50 ). Élire au gouvernement l'homme d'une politique cocardière (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 299 ). · Rare. [Complément prépositionnel de] En le [Servais] faisant élire de l'Académie (HENRI DE MONTHERLANT, La Ville dont le prince est un enfant, 1951, III, 7, page 925 ). ß ) [Avec implication du titre ou de la fonction] Élire des académiciens, un empereur, un maire, le président de la république. Mode d'élire les officiers municipaux, de nommer aux justices de paix (MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, tome 3, 1801, page 223 ). L'option entre ces deux modes de scrutin dépend du parti que l'on prend sur le collège électoral qui doit élire les représentants (GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, page 146) : Ø 1.... j'étais fort aimé à bord. Si les matelots avaient pu élire un chef, je suis sûr qu'ils m'eussent élu. ALEXANDRE DUMAS PÈRE. Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 202. b) [Avec attribut en construction directe désignant le titre ou la fonction attribué à la personne choisie] Élire quelqu'un conseiller, président; être élu maire, pape, roi. Une loi eût été proposée afin qu'on pût être élu membre de la chambre des députés avant quarante ans (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND,Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 576 ). · Se faire élire. Si Saint-Loup avait survécu il eût pu facilement se faire élire député dans les élections qui suivirent la guerre (MARCEL PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, page 853 ). 2. Par métonymie du complément d'objet. [Désigne une collectivité] Choisir par voie de suffrages les personnes devant constituer une collectivité (un bureau, un comité, une assemblée) ayant pouvoir de délibérer ou de décider. Élire une assemblée, un bureau, un gouvernement, un sénat. La chambre que vous allez élire (ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale. 1831, page 154 ). Le suffrage indirect ou plus exactement collégial, par lequel est élu le conseil de la république (GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949 page 394) : Ø 2. L'assemblée des délégués réunie clandestinement par le parti Kuomintang, avant l'insurrection, avait élu un comité central de 26 membres dont 15 communistes; mais ce comité venait d'élire à son tour le comité exécutif qui allait organiser le gouvernement municipal. ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 269. 3. Emploi absolu, rare. J'élis, je vote, je suis tout chargé de droits politiques (RODOLPHE TOEPFFER, Nouvelles genevoises, 1839, page 438 ). Un des inconvénients les moins observés du suffrage universel, c'est de contraindre des citoyens en putréfaction à sortir de leurs sépulcres pour élire ou pour être élus (LÉON BLOY, Journal, 1903, page 158 ). Remarque : 1. On rencontre fréquemment le dérivé préfixal réélire, verbe transitif (confer infra, au mot). Assurer une ou plusieurs nouvelle(s) nomination(s) de quelqu'un par voie de suffrages. Élu au premier tour le 4 octobre 1885, il fut constamment réélu depuis (Jean-Paul Sartre, Nausée, 1938, page 121). 2. On rencontre chez Hugo la forme pronominale réfléchi s'élire. S'attribuer un titre, un honneur. Je voudrais pour Cromwell, d'ailleurs, qu'il m'entendît. S'il veut s'élire roi, qu'il tombe! (Victor Hugo, Cromwell, 1827, page 314). B.— [Le choix personnel et fondé sur une préférence s'opère sans intervention d'un suffrage institutionnel] 1. [Avec un complément d'objet] Vouer une préférence spéciale, porter une prédilection particulière à une personne ou à une chose choisie dans un ensemble. a) [Le complément d'objet désigne un individu ou une collectivité] a ) [Choix à caractère religieux; l'agent de l'action est Dieu] Quasi-synonyme : prédestiner (à); antonyme : réprouver. Un juif, un homme de cette race que Dieu élut — bien légèrement — comme sienne (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 78 ). Cette Pucelle que le Roi du ciel élut porte-étendard pour fouler à ses pieds les ennemis de la justice (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 1, 1908, page 384 ). S'il [Dieu] peut élire le peuple d'Israël entre tous les autres peuples (ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, 1931, page 155 ). ß ) [Choix sans caractère religieux] Yseult était inébranlable dans son dessein de s'unir à celui qu'elle avait élu (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Le Compagnon du Tour de France, 1840, page 378 ). Si ta femme crie tu la peux répudier afin d'élire l'autre qui ne crie pas (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 910 ). Il fallait que les êtres que j'élisais ne vécussent point (ALBERT CAMUS, La Chute, 1956, page 1508 ). — [Avec complément secondaire] M'ayant élu pour confident (PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, 1883, page 334 ). Certains de mes aînés m'élurent comme chef de leur caravane d'artistes (JACQUES-ÉMILE BLANCHE, Mes Modèles, 1928, page 216 ). — [L'agent est une entité inanimée à qui l'on prête, par fiction, la faculté de choisir] La mort avait élu mon compagnon d'un jour (MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 19 ). Remarque : Dans la langue littéraire, élire fonctionne, à la limite, comme un synonyme approché de choisir. Il se distingue néanmoins de ce dernier en ce qu'il implique un choix, parfois arbitraire, fondé sur un caprice, sur un sentiment de préférence instantané ou un choix fondé sur une préférence profonde, sur une affinité de caractère et de goûts. b) [Le complément d'objet désigne une chose] Retenir (une chose) parmi d'autres, au terme d'un choix fondé sur une préférence. a ) [L'agent est un être animé (homme ou animal) doué de la faculté de choisir] Costals élut un autre banc, très loin du premier (HENRI DE MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, page 1516 ). Aucun Français n'a pu élire la place où le tourbillon l'emportait (FRANCIS AMBRIÈRE, Les Grandes vacances, 1946, page 273) : Ø 3. La nécessité de l'option me fut toujours intolérable; choisir m'apparaissait non tant élire, que repousser ce que je n'élisais pas. ANDRÉ GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, page 183. · Locution. Élire domicile (Confer domicile A 3 a). · En particulier. Faire sien quelque chose que l'on n'est pas libre, à la vérité, de choisir, mais que l'on accepte dans un esprit de soumission. Les vies qu'on choisit, les destins qu'on élit, puisqu'un seul destin devait m'élire moi-même et avec moi des milliards de privilégiés (NATHALIE SARRAUTE, L'Ère du soupçon, 1956, page 21 ). Remarque : Suivi d'un complément d'objet désignant une chose, élire a un caractère nettement plus littéraire que choisir. Il implique, en tout cas, un sème accusé d'« appropriation personnelle ». C'est en vertu de la place qu'il occupe à un niveau de langue élevé que ce verbe doit de pouvoir être employé à des fins plaisantes ou ironiques avec des compléments qui, normalement, s'accommoderaient de choisir. Vers le pont Battant, un petit bar, élu par la canaille, était bondé de monde (FRANCIS CARCO, Les Innocents, 1916, page 192). Beuouahh, fit-il [le visiteur] en déglutissant la boisson qu'il avait lui-même élue (RAYMOND QUENEAU, Zazie, 1959, page 211). ß ) [L'agent est une chose, une entité à qui l'on prête, par fiction, la faculté de choisir] À l'extrémité du dernier rameau d'un grand arbre élu par la foudre (LÉON BLOY, Histoires désobligeantes, 1894, page 50 ). La Réforme élit la morale et exile la beauté (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 313 ). 2. emploi absolu. Qu'il est cruel d'élire et d'exclure! (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 420 ). Le premier acte du paysagiste est de cadrer sa toile. Il élimine autant qu'il élit (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951 page 317) : Ø 4. Par la première de ses paroles Jésus a mis les Juifs derrière lui; par la seconde, il a constitué l'Église à ses pieds; par la troisième il établit par rapport à lui-même une droite et une gauche. Il élit et par là il rejette. Il sépare. PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 110. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 327. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 513, b) 261; XXe. siècle : a) 346, b) 604.

« — Vieux et rare.

D'un caractère exquis et raffiné.

Il [Amyot] voulait avant tout, en effet, un style exact, net, châtié, élu enfin, c'est-à-dire choisi et élégant dans son naturel (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, tome 4, 1851-62, page 465 ). — Langue soutenue.

Qui, par une sorte de prédestination, témoigne de son accord parfait avec une chose, une idée, une intention : Ø 2....

j'ai vu trop de monde (...) pour ne pas goûter le désir d'une intimité très rare et très fine.

Nous [Gide et Valéry] causerons admirablement, certain soir élu, où nous nous promènerons dans notre rêve. ANDRÉ GIDE, Correspondance avec Paul Valéry, 1891, page 137. III.— Emploi comme substantif. A.— [Correspond à élire A] 1.

Vieux (confer élection A 1) au masculin.

Juge du tribunal de l'élection chargé d'imposer les tailles.

Charge d'élu (Confer aide1, exemple 16) 2.

Usuel.

Personne qui a reçu un mandat, un titre par voie de suffrages.

L'élu d'un parti, du peuple, d'un quartier.

Je suis l'élu de la nation.

Vous êtes les délégués obscurs d'un département (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys rouge, 1894, page 42 ).

L'élu influent a le choix entre un fauteuil de conseil d'administration et une cellule (JEAN- RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 119) : Ø 3.

Il faut noter que certaines constitutions organisent le contrôle de l'élu par l'électeur en permettant la révocation individuelle des élus par la majorité de leurs électeurs... GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, page 140. — Au pluriel avec article défini.

L'ensemble des individus vainqueurs d'une élection par voie de suffrages.

Les élus de la nation.

La patience toute nouvelle avec laquelle ce peuple accepte et subit les plus lourdes charges à lui imposées par ses élus (PAUL VERLAINE, Œuvres posthumes, tome 2, Voyage en France par un Français, 1896, page 32 ). B.— [Correspond à élire B] 1.

[Choix à caractère religieux] a) Être humain à qui Dieu dispense spécialement sa grâce en vue, parfois, de l'aider à remplir une mission sur terre. L'élu du Seigneur.

Restons pauvres plutôt, et songeons que Jésus Parmi les indigents a choisi ses élus! (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, L'Alchimiste, 1839, I, 1, page 211 ).

Se conduire en élu de Dieu sur la terre (JACQUES MARITAIN.

Humanisme intégral, problèmes temporels et spirituels d'une nouvelle chrétienté, 1936, page 25 ).

Pour que tu daignes bénir et sanctifier cet élu, — nous te supplions, écoute-nous! (ANDRÉ BILLY, Introïbo, 1939, page 135 ). b) Être humain à qui ses mérites valent d'entrer au Paradis. Antonymes : Le réprouvé, le damné.

Là, après avoir accueilli l'élu, saint Pierre rebute le vilain et l'invite en termes désobligeants à déguerpir (EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 123 ). — Au pluriel.

L'ensemble des êtres humains qui, après leur mort, en vertu du Jugement particulier, entourent Dieu au 2. »

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