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Dictionnaire en ligne: ENFONCER, verbe.

Publié le 28/01/2016

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Dictionnaire en ligne: ENFONCER, verbe. I.— Emploi transitif. A.— Faire pénétrer quelque chose avec force (et de manière à vaincre d'éventuelles résistances) vers le fond ou jusqu'au fond. 1. Domaine concret Il fallut donc enfoncer des pieux dans le lit de la rivière, afin de soutenir le tablier fixe du pont (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 274 ). Il saisit une bouteille et enfonça le tire-bouchon dans le liège crissant (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 11) : Ø 1. Quelle était la résistance de la chair? Convulsivement, Tchen enfonça le poignard dans son bras gauche. ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine, 1933, page 182. · Par analogie. dans un domaine abstrait Le jeune étranger enfonçoit ses regards dans ce dôme qui lui paraissoit d'une immense profondeur et transparent comme le verre (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, page 129 ). — Locutions. · Enfoncer ses racines dans le sol. L'arbre tout entier, (...) avec ses pieds enfoncés dans le sol contre le vent et l'orage (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 1, 1865, page 153 ). Par métaphore. Mais moi j'existe, la racine de mon âme enfoncée dans l'immortalité (VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth, 1913, page 284 ). S'ils avaient pu prévoir que l'entreprise aboutirait (...) à enfoncer en terre marocaine les racines de la puissance économique de l'Allemagne (JEAN JAURÈS, Europe incertaine. 1914, page 395 ). · Par hyperbole. Enfoncer son coude, son genou... dans le ventre... l'estomac... de quelqu'un. Je profitais des bousculades (...) pour lui enfoncer mon coude entre les côtelettes (RAYMOND QUENEAU, Exercices de style, 1947, page 31 ). · Enfoncer un chapeau, une coiffure dans (ou plus rarement sur) la ou sa tête; par brachylogie enfoncer son chapeau (Dictionnaire de l'Académie Française). Abaisser avec force sa coiffure sur la tête de manière que celle-ci y entre bien avant, soit bien placée au fond. Tout à coup, il se lève, enfonce son chapeau sur son front, sort et clôt sa porte (PETRUS BOREL, Champavert, les contes immoraux, 1833, page 233 ). 2. Au figuré. · Enfoncer quelque chose dans quelque chose ou dans quelqu'un. · [L'accent est mis sur une forte résistance] Enfoncer quelque chose dans le crâne, la tête, l'esprit de quelqu'un. En pénétrer sa pensée, son esprit. Il n'est pas de tâche plus noble que la nôtre! Enfoncez-vous bien ça dans la tête (MARCEL ACHARD, Voulez-vous jouer avec moâ?, 1924, I, 3, page 76) : Ø 2. Elle avait ajouté l'idée presque unique qu'elle s'était spécialement forgée et qu'aussi elle répétait chaque fois qu'on la voyait, sans se lasser, et comme pour l'enfoncer dans la tête des autres : « elle aurait dû se soigner radicalement dès le début. » MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 331. — [Par métonymie de l'objet secondaire] Enfoncer quelque chose en quelqu'un. Il faut, une bonne fois, vous habituer à mon langage et enfoncer en vous cette idée simple que je n'appartiens à rien ni à personne (LÉON BLOY, Journal, 1899, page 373 ). Était-ce le canon qui sonnait sans relâche, (...) qui enfonçait en nous cette certitude de vaincre? (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 181 ). · [L'accent est mis sur une répétition, une accumulation] Enfoncer toujours le même clou. Répéter inlassablement la même chose (pour en pénétrer son interlocuteur). Pas de poésie qui puisse, pour s'exprimer, se passer de mots. Enfonçons toujours le même clou dans le même mur (ABBÉ HENRI BREMOND, La Poésie pure. 1926, page 97 ). Par analogie. Ce vieux clocher d'Eauze, semeur d'heures lentes, vides, pareilles, qui disaient toutes la même chose depuis l'enfance, qui enfonçaient toutes la même pensée, au même endroit du coeur (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 270 ). Cette attente trompée donnait l'illusion que le motif n'est qu'étanché, les redites ne l'ayant pas enfoncé comme un clou dans la mémoire (CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, 1909, page 121 ). — Enfoncer quelqu'un dans quelque chose. · Enfoncer quelqu'un dans une opinion, un état d'esprit. Le confirmer, l'encourager dans cette opinion, cet état d'esprit. Chaque obus enfonce davantage le peuple de Madrid dans sa foi (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 755 ). Ceci ne ferait que l'enfoncer dans l'opinion qu'il a d'elle, qui n'est pas bonne (ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1298 ). · Enfoncer quelqu'un dans une situation (pénible, illicite). Accentuer, aggraver sa situation. Enfoncer quelqu'un dans le vice, dans le mal. Car tout l'enseignement de celui-ci n'a servi qu'à enfoncer l'humanité un peu plus avant dans le gâchis (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1197 ). B.— Faire céder par une violente poussée vers l'intérieur. 1. [Le complément d'objet direct désigne une chose] — Ouvrez, ou j'enfonce la porte (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 143) : Ø 3.... c'est une tempête. (...). Un coup de mer passa sur la proue du vaisseau, enfonça son pont, et, le traversant en diagonale, emporta sa yole et trois matelots. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 139. — Par plaisanterie. Enfoncer une porte ouverte. Déployer beaucoup d'efforts pour prouver ce qui est avéré ou pour réaliser ce qui est accompli. La conséquence saute aux yeux. Réclamer cela, c'est enfoncer une porte ouverte (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 245 ). 2. [Le complément d'objet direct désigne une ou plusieurs personnes] a) Enfoncer une armée. Y faire une percée, la défaire. La cavalerie romaine s'ébranle pour enfoncer les barbares (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 290 ). Au combat, ces garçons (...) enfonçaient n'importe quelle troupe et forçaient la victoire (HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, 1922, page 224 ). b) Enfoncer un adversaire. — Le renverser, l'abattre. La révolte contre la vieille école éclatait dans toute sa fureur. On démolissait Voltaire, on enfonçait Racine (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842 page 4 ). Ce n'est pas une petite histoire besogne que d'enfoncer le ministre (CHARLES BAUDELAIRE, Histoires extraordinaires, traduit de Edgar Poe. 1856, page 59 ). — Familier. Le convaincre, emporter son adhésion malgré ses résistances. Donne-moi le manuscrit de l'archer, après-demain nous déjeunons chez les libraires et nous les enfonçons! (HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 471 ). — Par extension et par analogie. [L'objet désigne une création de l'esprit humain] Surclasser, surpasser quelque chose. Les pages 322-335 me paraissent enfoncer tout ce qui s'est fait dans ce genre-là (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1866, page 89 ). II.— Emploi pronominal à sens passif. A.— Aller vers le fond, jusqu'au fond. Les réservoirs s'emplirent, et le « Nautilus », s'enfonçant peu à peu, disparut sous la nappe liquide (JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 582 ). Il souleva la dalle funéraire sous laquelle s'enfonçait un escalier de marbre, et il descendit marche à marche (PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 98) : Ø 4. C'était bien la vingtième échelle déjà, et la descente continuait. Alors, il les compta : vingt et une, vingt-deux, vingt-trois, et il s'enfonçait, et il s'enfonçait toujours. Une cuisson ardente lui enflait la tête, il croyait tomber dans une fournaise. ÉMILE ZOLA, Germinal, 1885, page 1368. — Par extension. [Le sujet désigne une personne] 1. [Avec un complément prépositionnel] Entrer profondément dans quelque chose. · [dans l'espace] Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume (VICTOR HUGO, La Fin de Satan, 1885, page 767 ). S'enfoncer dans un divan, dans un lit. Je m'enfonçai dans un fauteuil et pris un roman (JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Pléiades, 1874, page 69 ). S'enfoncer dans un pays, s'enfoncer dans une direction. Progresser, s'engager profondément à l'intérieur de ce pays ou dans cette direction. Il fallait qu'il commençât par s'enfoncer dans l'intérieur du pays (GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres inédites à Louis de Narbonne, 1792, page 66 ). En s'enfonçant vers l'ouest, que cherchait le grand marin génois, sinon à abréger les voyages au pays des épices? (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 2, 1868, page 26 ). · [dans le temps] À mesure que nous enfonçons dans l'avenir (ANTOINE MARQUIS DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, 1794, page 237 ). · [Dans une situation] Plus je m'enfonçais dans mes pensées, et plus ma colère augmentait (ALFRED DE MUSSET, La Confesssion d'un enfant du siècle, 1836, page 102 ). Je m'enfonce ici dans le « farniente » et les délices de l'insouciance (MAURICE DE GUÉRIN, CORRESPONDANCE, 1834, page 164) : Ø 5. Nous nous enfonçons dans le bourgeois d'une manière épouvantable et je ne désire pas voir le vingtième siècle. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1865, page 176. · [dans une activité] S'absorber entièrement en elle. Toute l'Europe centrale se réfugie contre l'ennui, s'enfonce dans la lecture des journaux (JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, L'An prochain à Jérusalem, 1924, page 278 ). 2. [Sans complément prépositionnel] Péjoratif. Aller vers une situation de plus en plus grave. Je dis que ces gens-là s'enfoncent et se ruinent (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Qu'est-ce-que la propriété? 1840, page 263 ). Saint-Bertrand s'enfonce, se dégrade! (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1865, page 105) : Ø 6. Eh bien, c'est que, quelquefois, j'ai une espèce de jouissance à vous laisser vous enfoncer, vous enfoncer, vous enliser, à voir ce qui arriverait si cela continuait... JEAN COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, I, 2, page 193. B.— Céder, s'abaisser sous la pression de quelque chose. Voilà ses genoux qui se tordent; ses côtes s'enfoncent (GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1874, page 140) : Ø 7.... le pied broyait des coupes d'or et des têtes humaines, et à chaque pas on sentait qu'on marchait sur de la chair, que quelque chose s'enfonçait sous vous et que des soupirs montaient. GUSTAVE FLAUBERT, Smarh, 1839, page 67. III.— Emploi intransitif. Aller vers le fond, jusqu'au fond de quelque chose. La terre était humide, les chevaux enfonçaient (PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1824, page 74 ). Je sentais ta peau sous la chemisette, et mon doigt enfonçait un peu... C'était très bon... (ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 482) : Ø 8. Brusquement, il enfonce. Il enfonce de deux ou trois pouces. Décidément il n'est pas dans la bonne route; il s'arrête pour s'orienter. Tout à coup il regarde à ses pieds. Ses pieds ont disparu. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 547. — Au figuré. [En parlant d'une personne] Être dans une situation qui empire, qui s'aggrave de plus en plus. On se sent enfoncer, pour ainsi dire, dans la barbarie (FRANÇOIS GUIZOT, Histoire générale de la civilisation en Europe depuis la chute de l'Empire romain jusqu'à la Révolution française, leçon 6, 1828, page 27 ). Je ne me heurtais pas : j'enfonçais; je perdais pied (ANDRÉ GIDE, Journal, 1904, page 145) : Ø 9. Je vois la France baisser d'heure en heure, s'abîmer comme une Atlantide. Pendant que nous sommes là, à nous quereller, ce pays enfonce. JULES MICHELET, Le Peuple, 1846, page 39. Remarque : La documentation atteste le substantif masculin enfonçage : cassage de carreaux et enfonçage de portes (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1889, page 1039) et le substantif féminin enfonçade : C'est une enfonçade qu'on te prépare, et sérieuse (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1860, page 366) qui signifient tous deux « action d'enfoncer quelque chose ». STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4 112. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 4 349, b) 7 501; XXe. siècle : a) 6 954, b) 5 572.

« radicalement dès le début.

» MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, page 331. — [Par métonymie de l'objet secondaire] Enfoncer quelque chose en quelqu'un.

Il faut, une bonne fois, vous habituer à mon langage et enfoncer en vous cette idée simple que je n'appartiens à rien ni à personne (LÉON BLOY, Journal, 1899, page 373 ).

Était-ce le canon qui sonnait sans relâche, (...) qui enfonçait en nous cette certitude de vaincre? (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, page 181 ). · [L'accent est mis sur une répétition, une accumulation] Enfoncer toujours le même clou.

Répéter inlassablement la même chose (pour en pénétrer son interlocuteur).

Pas de poésie qui puisse, pour s'exprimer, se passer de mots.

Enfonçons toujours le même clou dans le même mur (ABBÉ HENRI BREMOND, La Poésie pure.

1926, page 97 ). Par analogie.

Ce vieux clocher d'Eauze, semeur d'heures lentes, vides, pareilles, qui disaient toutes la même chose depuis l'enfance, qui enfonçaient toutes la même pensée, au même endroit du coeur (EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 270 ).

Cette attente trompée donnait l'illusion que le motif n'est qu'étanché, les redites ne l'ayant pas enfoncé comme un clou dans la mémoire (CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, 1909, page 121 ). — Enfoncer quelqu'un dans quelque chose. · Enfoncer quelqu'un dans une opinion, un état d'esprit.

Le confirmer, l'encourager dans cette opinion, cet état d'esprit. Chaque obus enfonce davantage le peuple de Madrid dans sa foi (ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 755 ).

Ceci ne ferait que l'enfoncer dans l'opinion qu'il a d'elle, qui n'est pas bonne (ANDRÉ GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1298 ). · Enfoncer quelqu'un dans une situation (pénible, illicite).

Accentuer, aggraver sa situation.

Enfoncer quelqu'un dans le vice, dans le mal.

Car tout l'enseignement de celui-ci n'a servi qu'à enfoncer l'humanité un peu plus avant dans le gâchis (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1197 ). B.— Faire céder par une violente poussée vers l'intérieur. 1.

[Le complément d'objet direct désigne une chose] — Ouvrez, ou j'enfonce la porte (LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale, 1842, page 143) : Ø 3....

c'est une tempête.

(...).

Un coup de mer passa sur la proue du vaisseau, enfonça son pont, et, le traversant en diagonale, emporta sa yole et trois matelots. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 139. — Par plaisanterie.

Enfoncer une porte ouverte.

Déployer beaucoup d'efforts pour prouver ce qui est avéré ou pour réaliser ce qui est accompli.

La conséquence saute aux yeux. Réclamer cela, c'est enfoncer une porte ouverte (MARCEL PROUST, Le Côté de Guermantes 1, 1920, page 245 ). 2.

[Le complément d'objet direct désigne une ou plusieurs personnes] a) Enfoncer une armée.

Y faire une percée, la défaire.

La cavalerie romaine s'ébranle pour enfoncer les barbares (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 1, 1810, page 290 ).

Au combat, 2. »

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