Vocabulaire: CONCEVABLE, adjectif.

Vocabulaire: CONCEVABLE, adjectif. A.— [En parlant d'une idée, d'une relation, d'un processus, etc. saisissable par l'intelligence] Qui peut être saisi par la pensée (confer concevoir II A). La sensibilité est discontinuité. Elle est faite d'instants ou éléments isolés les uns des autres et sans lien concevable ni perceptible (PAUL VALÉRY, Suite, 1934, page 42) : Ø 1. Le fini est connu préalablement; mais il est connu tout seul : le fini est connu directement par les sens ou la conscience; l'infini est invisible, insaisissable; il n'est que concevable et compréhensible; il échappe aux sens et à la conscience et ne tombe que sous l'entendement... VICTOR COUSIN. Histoire de la philosophie du XVIIIe. siècle 2, 1829, page 453. PARADIGMES. Sensible, perceptible, intelligible, imaginable, expérimentable, explicable. — [L'accent est mis sur l'aspect virtuel, possible de l'objet à concevoir (confer également envisageable, pensable)] . Comment se peut-il que l'affaire de la liberté et du libre arbitre ait excité tant de passion et animé tant de disputes sans issue concevable? (PAUL VALÉRY, Regards sur le monde actuel, 1931, page 51 ). Entre les deux formules administratives concevables pour tenter de résoudre ce dilemme (JACQUES CHAZELLE, La Diplomatie, 1962, page 71) : Ø 2.... satisfaire aux demandes et nécessités sociales. Sous cet aspect, la gestion des affaires publiques peut être interprétée comme un processus ayant pour éléments principaux la détermination et la formulation des problèmes à résoudre, la discussion des solutions concevables, la mise en oeuvre du dispositif choisi. JEAN MEYNAUD, Les Groupes de pression en France, 1958, page 12. · [Souvent précédé de locutions restrictives ou négatives, ou associé à son contraire inconcevable] L'abolition des contrôles n'est concevable que si l'erreur ou même l'échec sont suivis de sanctions rapides et lourdes (BERNARD CHENOT, Les Entreprises nationalisées, 1956, page 123 ). Personne ne peut, enfin, nier que rien ne serait concevable sans le labeur acharné des colons qui fit jaillir du pays les richesses de la nature (CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, page 549 ). Il n'est pas concevable qu'une organisation collective puisse exister sans avoir de services à rendre (L'Univers économique et social. 1960, page 5002 ). B.— Par extension. Qui peut être facilement imaginé, compris. (confer concevoir II B). J'aurais donné un mois de mes appointements pour qu'il trouvât son lit bassiné. Et cela est concevable; on conviendra qu'un homme à moitié gelé, (...) ne se trouve (...) pas dans une situation d'esprit favorable (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Comment je devins auteur dramatique, 1833, introduction, page 26 ). Il était concevable que des paroles rapides, jetées le pied sur l'étrier, n'eussent pas été fidèlement transcrites (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, tome 2, 1908, page 286 ). — [En parlant d'un sentiment et par extension d'un comportement; souvent précédé d'un adverbe d'intensité] Une curiosité, une jalousie assez, bien, très concevable. Schmucke écoutait ce compte dans une stupéfaction très concevable, car il était financier comme les chats sont musiciens (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons, 1847, page 225) : Ø 3. Vallombreuse s'était avancé jusqu'au milieu de la chambre, suspendant ses pas, retenant son haleine, pour ne pas déranger ce gracieux tableau qu'il contemplait avec un ravissement bien concevable... THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 336. Remarque : On rencontre dans la documentation le substantif féminin concevabilité. Qualité de qui est concevable (confer Bergson, L'Évolution créatrice, 1907, page 80). Attesté dans le Dictionnaire de la langue française (Émile Littré) et Dictionnaire des dictionnaires (sous la direction de Paul Guérin) 1892 avec la mention " néologisme ", puis dans Nouveau Larousse illustré, dans Larousse du XXe. siècle en six volumes avec la mention " peu usité " et dans le Dictionnaire encyclopédique Quillet 1965. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 208. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 94, b) 119; XXe. siècle : a) 219, b) 608.