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Cap-Vert

Publié le 10/04/2013

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cap vert
1 PRÉSENTATION

Cap-Vert : drapeau et hymne
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Cap-Vert, en portugais Cabo Verde, pays insulaire d’Afrique de l’Ouest, situé dans l’océan Atlantique. Sa capitale est Praia.

L’archipel du Cap-Vert se situe à plus de 500 km au large du cap Vert, la pointe la plus occidentale de l’Afrique. Il est constitué de dix îles et de cinq îlots. Au nord, les îles au vent (Barlavento) comprennent Santo Antão, São Vicente, São Nicolao, Sal et Boa Vista. Au sud, São Tiago (ou Santiago), Brava, Fogo et Maio forment les îles sous le vent (Sotavento).

2 LE PAYS ET SES RESSOURCES

Île volcanique Fogo (Cap-Vert)
Fogo est l'une des quinze îles montagneuses volcaniques qui forment la république africaine du Cap-Vert, située à 604 kilomètres au large de la côte du Sénégal. Le volcan de Fogo, dont la dernière éruption date de 1847, est le plus élevé du pays, avec 2 829 m d'altitude. Indépendant depuis 1975, le Cap-Vert est l'une des anciennes colonies portugaises d'Afrique. Bien que les îles subissent régulièrement des sécheresses et des séismes et qu'elles ne comptent guère de richesses naturelles, elles constituent une escale stratégique pour le ravitaillement des avions et des bateaux en provenance de l'Afrique et de l'Europe et faisant route vers le continent américain.
Dave G. Houser/Houserstock

Le Cap-Vert couvre une superficie totale de 4 033 km². D’origine volcanique, la plupart des îles de l’archipel se caractérisent par un relief montagneux. Seules les îles Sal, Boa Vista et Maio ont un relief peu marqué. Le pic Fogo (2 829 m), situé sur l’île de Fogo, point culminant de l’archipel, est le seul volcan encore en activité, sa dernière éruption remonte à 1951.

L’archipel est soumis à un climat sahélien, c’est-à-dire à un climat subtropical aride. La température moyenne oscille entre 20 et 25 °C. Le climat est entièrement conditionné par les vents, l’alizé du nord-est, peu humide, l’harmattan chaud et sec qui souffle de l’est, d’octobre à juin, et la mousson humide de l’Atlantique qui souffle en été et amène la pluie salvatrice. Les précipitations annuelles, concentrées durant la période d’août à octobre, n’excèdent pas 230 mm. Depuis 1968, l’archipel connaît de fréquentes sécheresses. La dernière remonte à 1994.

Île de Fogo (Cap-Vert)
Fogo fait partie du groupe méridional des îles du Cap-Vert. D'origine volcanique, Fogo est dominée par un volcan actif qui culmine à 2 829 m. Sa ville principale est São Filipe.
Yann Arthus-Bertrand/Corbis

La végétation, essentiellement arbustive, est clairsemée. La faune se limite à des lézards, des singes, des chèvres sauvages et des oiseaux.

Les ressources minérales sont peu importantes : la pouzzolane, extraite des anciennes coulées de lave, est utilisée dans l’industrie du ciment ou sert d’isolant thermique. Les terres cultivables, soumises depuis des siècles à une agriculture intensive et aux aléas du climat sont dans l’ensemble peu productives.

3 POPULATION ET SOCIÉTÉ
3.1 Démographie

São Tiago (Cap-Vert)
Située dans l'océan Atlantique, à environ 640 km de la côte ouest-africaine, São Tiago est la plus grande et la plus peuplée des îles du Cap-Vert.
Wendy Stone/Liaison Agency

En 2008, la population cap-verdienne est estimée à 426 113 habitants, dont plus de 50 p. 100 sont concentrés sur l’île de São Tiago. La densité moyenne est de 106 habitants au km². Mais la diaspora cap-verdienne forme une population plus nombreuse que celle de l’archipel puisque plus de 700 000 Cap-Verdiens vivent à l’étranger, principalement aux États-Unis (260 000) et en Europe (dont 100 000 personnes au Portugal).

Écolières, Praia (Cap-Vert)
Couto Luis/Sipa/Woodfin Camp and Associates, Inc.

Le pays a commencé sa transition démographique dans les années 1980. Le taux de fécondité a diminué de 7 enfants par femmes en 1980 à moins de 4 en 2005. De manière générale, les indicateurs démographiques ont fortement progressé depuis l’indépendance, avec une mortalité qui est passée de 10 décès pour 1 000 habitants dans les années 1970 à 6,50 p. 1 000 en 2008, et une espérance de vie qui atteint 71,3 années en 2008 (contre 56 ans en 1970). Plus de 60 p. 100 de la population a moins de 25 ans en 2005. La croissance démographique est estimée à environ 1,8 p. 100 par an en 2008.

Cap-Vert : données-clés de la démographie
Population 426 113 habitants (2008)
Densité de population 105,7 habitants au km2 (2008)
Taux de fécondité 3,2 enfant(s) par femme (2008)
Taux de mortalité 6,5 ‰ (2008)
Taux de mortalité infantile 44 ‰ (2008)
Taux de croissance de la population 0,57 % (2008)
Espérance de vie hommes : 68 ans (2008) femmes : 74,7 ans (2008)
Population par tranches d'âge moins de 25 ans : 58,8 % (2008) 25-64 ans : 34,6 % (2008) plus de 65 ans : 6,6 % (2008)
Taux d'urbanisation 57,5 % (2005)
Taux d'alphabétisation hommes : 86,7 % (2005) femmes : 70,9 % (2005)
IDH 0,722 (2006)

À l’instar de son système de santé, le Cap-Vert dispose d’un bon système d’éducation. Tous les enfants sont scolarisés à l’école primaire, et le taux d’alphabétisation atteint 78 p. 100 en 2005. S’il dispose de quelques instituts supérieurs, le pays ne possède cependant pas d’universités publiques.

Plus de la moitié de la population (57 p. 100) habite les centres urbains, dont les principaux sont Praia, la capitale, établie sur l’île de São Tiago, et Mindelo, sur São Vicente. Cette situation est le résultat d’un exode rural qui a en particulier entraîné dans les années 1990 le doublement de la population de Praia, qui atteint en 2005 quelque 100 000 habitants. Les problèmes de logement qui en découlent, combinés à un chômage important (estimé à 25 p. 100 de la population) et à une pauvreté en hausse — au début des années 2000, 37 p. 100 des Cap-Verdiens sont pauvres, contre 30 p. 100 à la fin des années 1980 — contribue à une augmentation de la criminalité.

3.2 Langues et religions

La population est essentiellement composée de métis descendants des anciens esclaves africains et des colonisateurs européens, les créoles (blancs) représentent 2 p. 100 de la population. La langue officielle est le portugais ; mais les Cap-Verdiens parlent une langue véhiculaire, le crioulo (créole portugais), forgé à partir du portugais et de différentes langues d’Afrique. La religion dominante est le catholicisme (98 p. 100 de la population) ; le protestantisme concerne moins d’1 p. 100 de la population.

3.3 Culture

Les îles du Cap-Vert ont donné naissance à une intéressante littérature de langue portugaise. Dès 1936, la revue Claridade (Clarté), fondée par Jorge Barbosa (1902-1971), Manuel Lopes (né en 1907) et Baltazar Lopes (1907-1990), marque la naissance d’un mouvement d’affirmation culturelle et sociale. Très dynamique, la création littéraire cap-verdienne se caractérise par l’importance de la poésie, représentée notamment par Virgilio de Lemos (né en 1929) ou encore Mário Fonseca (né en 1939) ; Germano Almeida (né en 1945), explore quant à lui dans ses romans les dessous de la bonne société cap-verdienne. Le Cap-Vert connaît aussi des formes musicales à part entière, comme la morna, un style musical sophistiqué empreint de saudade (littéralement : « nostalgie «), qui est au Cap-Vert ce que le fado est au Portugal. Cesaria Evora, Morgadinho et Teofilo Chantre en sont les meilleurs représentants. Le niveau culturel est plus élevé que dans les autres anciens territoires portugais, ce qui a valu à de nombreux Cap-Verdiens d’occuper des postes de petits fonctionnaires dans ces territoires à l’époque coloniale, mais aussi d’être à l’avant-garde de la lutte anticoloniale.

4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
4.1 Historique

En 1975, l’archipel du Cap-Vert devient indépendant et constitue un État unitaire avec la Guinée-Bissau, l’ancienne colonie portugaise la plus proche. Cet État est dirigé par le parti unique qui avait catalysé les sentiments nationalistes, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), mouvement d’orientation marxiste. En 1980, les deux pays se séparent et le PAIGC se scinde en deux mouvements. La section cap-verdienne (Parti africain pour l’indépendance du Cap-Vert, PAICV) demeure le parti unique jusqu’en 1990, date à laquelle est introduit le multipartisme.

La République du Cap-Vert devient alors le premier État africain à passer d’un régime de parti unique à un système démocratique pluraliste. Cette transition pacifique se traduit par l’arrivée au pouvoir, en 1991, du principal parti d’opposition, le Mouvement pour la démocratie (MPD), qui remporte les élections législatives (Carlos Veiga succède à Pedro Pires au poste de Premier Ministre) et le scrutin présidentiel (Antonio Mascarenhas Monteiro succède à Aristides Pereira avec 72 p. 100 des suffrages). Le MPD dirige le pays jusqu’à ce que les élections de 2001 consacrent une véritable alternance politique avec la victoire du PAICV, converti à la social-démocratie — Pedro Pires est élu à la présidence de la République contre Carlos Veiga avec seulement une dizaine de voix d’avance, et José Maria Neves est nommé Premier ministre. Lors des élections de 2006, l’ancien parti unique conserve le pouvoir — Pedro Pires est réélu avec près de 51 p. 100 des suffrages contre Carlos Veiga. Le Cap-Vert se caractérise ainsi par une stabilité politique remarquable.

4.2 Organisation des pouvoirs

La Constitution adoptée en 1992 instaure un régime parlementaire. Le pouvoir exécutif est aux mains du président de la République et du gouvernement. Le président de la République est le chef de l’État mais non du gouvernement, lequel est dirigé par le Premier ministre. Il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le Premier ministre au sein de la majorité parlementaire. Le gouvernement est politiquement responsable devant le Parlement. Il définit, conduit et exécute la politique intérieure et extérieure du pays.

Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement monocaméral, l’Assemblée nationale, qui est la clé de voûte des institutions. Elle est composée de 72 membres élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans. La Constitution cap-verdienne présente une grande originalité : en raison du poids des émigrés dans la vie économique et politique du pays, ceux-ci élisent six députés à l’Assemblée législative et ne peuvent perdre leur nationalité s’ils se font naturaliser dans un pays étranger. À l’issue des élections législatives de 2006, le PAICV obtient 41 députés et le MPD 29.

La Constitution de 1992 consacre l’indépendance du pouvoir judiciaire.

L’organisation administrative du pays repose sur un processus de décentralisation initié en 1991. La Constitution de 1992 reconnaît à la fois le caractère unitaire de l’État et l’autonomie d’un pouvoir local, qui repose sur l’existence de collectivités locales. Ces collectivités locales sont les municipalités, chaque municipalité comprenant une assemblée élue et un organe exécutif. Le Cap-Vert est divisé en 22 municipalités.

 

5 ÉCONOMIE
Cap-Vert : données-clés de l'économie
Monnaie escudo du Cap-Vert
PNB 851,7 millions de dollars (2004) 2 130 dollars par habitant (2006)
PIB 1 144 millions de dollars (2006) 2 206,1 dollars par habitant (2006)
Taux de croissance du PIB 6,1 % (2006)
Taux d'inflation * 7 % (2006)
Taux de chômage 21 % (2000)
Balance commerciale -96,1 % des importations (2002-2004)
Part du secteur primaire 31 % de la population active (1990) 9,1 % du PIB (2006)
Part du secteur secondaire 29,4 % de la population active (1990) 16,9 % du PIB (2006)
Part du secteur tertiaire 39,7 % de la population active (1990) 74,1 % du PIB (2006)
* taux rapporté au PIB

Avec un produit intérieur brut (PIB) de 1 144 millions de dollars en 2006, soit un revenu annuel par habitant de 2 206,10 dollars (contre 275 dollars au moment de l’indépendance, en 1975), le Cap-Vert se distingue favorablement dans l’Afrique du Sahel. Ces chiffres s’expliquent en grande partie par les transferts de devises provenant de la diaspora cap-verdienne et par l’aide internationale, qui représentent ensemble environ un tiers du PIB — respectivement, 12 p. 100 et 20 p. 100. Cette situation rend cependant le pays très largement dépendant de l’extérieur.

Le Cap-Vert présente une croissance économique annuelle moyenne de plus de 7 p. 100 sur la période 1993-2003, qui en fait l’un des pays les plus dynamiques d’Afrique. Selon les analystes, ce dynamisme est le fruit d’une aide extérieure considérable mais aussi de l’investissement privé, ainsi que de la gestion rigoureuse conduite par l’État depuis la démocratisation du régime, en 1991. La libéralisation économique entreprise par le Mouvement pour la démocratie (MPD) de 1991 à 2001 a été poursuivie par l’ancien parti unique, le PAICV. La croissance bénéficie surtout au tourisme, au secteur financier, aux transports et aux télécommunications. C’est la raison pour laquelle, en dépit de cette croissance soutenue, la pauvreté et le chômage, qui concernent surtout le secteur primaire (en particulier l’agriculture), continuent de toucher une partie importante de la population, avec une aggravation des inégalités (notamment entre populations rurales et urbaines).

5.1 Agriculture et pêche

Si elle occupe environ la moitié de la population active, l’agriculture ne contribue que pour environ 9,1 p. 100 au PIB (2006). En raison de leur exposition aux aléas climatiques et de leurs sols globalement peu productifs, 80 à 90 p. 100 des besoins alimentaires des îles sont couverts par les importations et l’aide alimentaire internationale. Maïs, patates douces, haricots et manioc, cultivés dans les vallées plus humides, sont les principales cultures vivrières. Le café, la canne à sucre et les bananes sont cultivés, dans les zones irriguées, pour l’exportation. Les ressources halieutiques ne sont pas très abondantes et la pêche n’a de perspectives de croissance que limitées. Elle entretient cependant une importante industrie de transformation.

5.2 Industries

L’industrie, qui représente 16,9 p. 100 du PIB en 2006, est en progression. Elle concerne essentiellement les industries de transformation alimentaire (raffinage du sucre, conserverie de poisson) et textile (confection, chaussures).

5.3 Services

L’économie cap-verdienne est dominée par le secteur des services, qui représentent 74,1 p. 100 du PIB en 2006. Ces activités concernent principalement les importations, les transports, l’hôtellerie et les télécommunications. Les ports de Mindelo, sur l’île de São Vicente, et de Porto-Novo, sur l’île de Santo Antão, constituent des escales transatlantiques pour l’approvisionnement des navires en carburant. L’île de Sal abrite un aéroport international.

La monnaie du pays est l’escudo du Cap-Vert, divisible en 100 centavos.

6 HISTOIRE
6.1 La période coloniale

Traité de Tordesillas
Reproduction de la première page du traité de Tordesillas, signé par les Rois Catholiques de Castille et d'Aragon et Jules II du Portugal, en 1494.
Archivo Fotografico Oronoz

Les îles du Cap-Vert étaient probablement inhabitées lorsque des navigateurs y abordent en 1456. Leur découverte est sujette à controverse, tantôt attribuée au Vénitien Ca’ da Mosto, tantôt au Portugais Diogo Gomes. C’est en tout cas ce dernier qui en prend possession au nom du Portugal en 1460, avant que les droits portugais sur les îles ne soient consacrés par le traité de Tordesillas, en 1494. Terre de marins, recrutés dès le xviie siècle pour la pêche à la baleine, escale pour les navires portugais en route vers le Brésil, le Cap-Vert devient également un important centre de la traite des Noirs vers l’Amérique. Les colons de l’archipel font également venir des esclaves du continent africain pour les faire travailler dans les plantations. Le peuplement des îles est tardif, São Vicente restant inhabitée jusqu’en 1727 et Sal jusqu’en 1781.

L’abolition définitive de la traite en 1866 puis le détachement de la Guinée-Bissau en 1879 détruisent l’économie des îles et entraînent une forte émigration : émigration libre vers les États-Unis et forcée vers les colonies portugaises d’Angola et de São Tomé et Príncipe. Cette émigration permanente est liée aux sécheresses meurtrières (16 au cours du xixe siècle) que connaît l’archipel — celle qui sévit de 1831 à 1833 est la plus meurtrière, avec 30 000 morts. C’est dans l’exil que se constitue le nationalisme cap-verdien, dont le père fondateur est le poète Eugénio Tavares (1867-1930). Les métis cap-verdiens jouent également un rôle important dans les autres colonies portugaises d’Afrique, en Angola et au Mozambique, où ils sont souvent employés comme cadres administratifs en raison de leur niveau d’éducation élevé — le régime administratif discriminatoire de l’indigénat n’a pas été appliqué aux îles du Cap-Vert.

6.2 La lutte pour l’indépendance

Amilcar Cabral
Amilcar Cabral, fondateur du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée portugaise et des îles du Cap-Vert (PAIGC) en 1956.
Camera Press Limited/Archive Photos

Néanmoins, les sécheresses du début du siècle (1903-1904, 1914), la fascisation du régime de la métropole avec l’arrivée au pouvoir des militaires en 1926 puis de l’Estado Novo de Salazar en 1933, la limitation de l’immigration aux États-Unis et en Europe interdisent toute autonomisation du pays. Le Cap-Vert connaît une des périodes les plus noires de son histoire dans les années 1940. Les portes de l’Amérique closes, le quadrillage policier des Portugais, les famines successives (1941-1942, 1946-1948) qui tuent, selon certains historiens, environ 20 000 personnes (sur 150 000 habitants) dans l’indifférence générale, car le pays est fermé aux étrangers, entraînent des départs clandestins massifs de Cap-Verdiens vers le Sénégal, puis dans les années 1950 et 1960, vers l’Europe, notamment vers la France, les Pays-Bas et la Belgique, où se forment la plupart des cadres du mouvement indépendantiste.

En 1951, à l’instar des autres possessions portugaises, le Cap-Vert devient un territoire d’outre-mer. Cinq ans plus tard, en septembre 1956, Amilcar Cabral, un ingénieur agronome cap-verdien né au Cap-Vert, formé à l’université de Lisbonne, fonde le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée portugaise et du Cap-Vert (PAICG). À partir de 1959, il s’engage dans la lutte armée contre le colonisateur. Bien qu’Amilcar Cabral ne soit pas lui-même marxiste, le mouvement prend une orientation nationaliste révolutionnaire et marxisante qui s’accentue après l’assassinat de son leader à Conakry en janvier 1973. S’appuyant sur des sanctuaires situés en territoire sénégalais et en Guinée, la guérilla réussit à contrôler les deux tiers de la Guinée-Bissau, tandis qu’au Cap-Vert le mouvement reste clandestin.

7 LE CAP-VERT INDÉPENDANT

En 1975, après la révolution des Œillets au Portugal, le Cap-Vert et la Guinée-Bissau accèdent à l’indépendance et constituent un État commun, dirigé par Luis Cabral, le frère d’Amilcar. Des frictions opposent cependant assez vite îliens et continentaux. Après la séparation des deux pays, lors du coup d’État du 14 novembre 1980 en Guinée-Bissau, l’archipel est maintenu sous le régime du parti unique (le PAICV, la section cap-verdienne du PAICG).

 Bien qu’appartenant à la mouvance communiste, le Cap-Vert se rapproche des pays occidentaux — il dépend toujours de leur aide — et de l’Afrique du Sud. L’aérodrome de Sal sert notamment de lieu de ravitaillement aux avions sud-africains interdits d’escale dans les autres aéroports africains, en raison du boycottage lancé contre le régime d’apartheid. Une très forte opposition au régime se manifeste quand le PAICV décide d’autoriser l’avortement et de mettre en œuvre une réforme agraire. L’opposition se regroupe autour de l’Église catholique et du journal Terra Nova, tandis que les émigrés font pression économiquement sur le régime en cessant de rapatrier leurs devises (en moyenne, 20 000 escudos par habitant entre 1990 et 1994).

En 1990, le PAICV accepte d’organiser des élections libres, persuadé de les remporter. Les élections démocratiques du 13 janvier 1991 sont finalement remportées par le Mouvement pour la démocratie (MPD), le premier parti d’opposition, dirigé par Carlos Veiga. Le 17 février 1991, Antonio Mascarenhas Monteiro est élu président de la République. Le pays s’engage dans une transition démocratique réussie tandis que, sur le plan économique, le MPD entreprend des réformes de libéralisation et de développement, axées sur l’investissement privé, et met en place une gestion rigoureuse du budget public. Cette politique est poursuivie par le PAICV lorsqu’il revient au pouvoir en 2001 (avec son leader José Maria Neves au poste de Premier ministre et Pedro Pires, ancienne figure de la lutte pour l’indépendance, élu à la présidence de la République). Combinée à une aide extérieure aussi indispensable que considérable (aide internationale et devises en provenance des émigrés cap-verdiens), cette politique mène l’archipel sur la voie de la croissance économique. Reconduits lors des élections de 2006, le gouvernement de José Maria Neves et le président Pedro Pires doivent cependant faire face à une situation sociale difficile, avec un taux de chômage qui touche 25 p. 100 de la population et une aggravation de la pauvreté et des inégalités. Sur le plan international, le Cap-Vert déploie une diplomatie active et cultive ses liens avec l’étranger. En 1996, il participe à la constitution de la Communauté des pays de langue portugaise, avant d’adhérer à l’Organisation internationale de la francophonie. Il est également membre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

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