Devoir de Philosophie

CHOTHA ROUSTHAVELI

Publié le 21/05/2012

Extrait du document

Une seule disgrâce pèse sur ce chef-d'oeuvre : les étrangers ne le lisent qu'en traduction, et la structure de la langue géorgienne est telle que chaque mot y rayonne, par ses affixes souplement accumulés, des nuances que nos parlers analytiques, sauf, dans une certaine mesure, le russe, ne peuvent que niveler ou exagérer : deux trahisons. Comme Petofi Sandor, comme Adam Mickiewicz, comme Viktor Rydberg, comme les poètes de tant de « petits peuples «

« âge: d'une part, la princesse d'Arabie Thinathine et le chef des armées de son père, le brillant Avthandil; de l'autre, deux Hindous de haute naissance, Nestane, fille d'un roi, et l'inconsolable prince Tarie!.

L'Arabie, l'Inde ne sont ici que des décors de fantaisie : toutes ces nobles âmes, tous ces beaux corps sont de Géorgie : Géorgienne d'abord cette Thinathine en qui l'on reconnaît, peinte avec ferveur, «le Roi Thamara » : comme Thamara, elle vient de recevoir le trône de son père et c'est en reine, pour faire éclater la valeur du jeune officier, mais c'est en femme aussi, pour donner toutes ses chances à leur amour, qu'elle lance Avthandil dans la grande aventure qui l'unira d'une indéfectible amitié à l'Homme vêtu de la Peau de Léopard, ce personnage qui donne son titre au poème.

Car toute la cour d'Arabie ne parle que de ce sauvage Inconnu, ren­ contré dans les forêts lors de la grande chasse donnée pour l'avènement de la reine, et qui a dis­ paru sans se laisser approcher.

Qu' Avthandil le ramène, qu'il apprenne au moins son nom, et la récompense sera le bonheur suprême, la main de Thinathine et le trône d'Arabie par surcroît.

Quête sans espoir, si la Providence ne veillait, et combien périlleuse, puisque « l'Homme à la Peau de Léopard>> a tué tous ceux qui, avant Avthandil, ont essayé de l'atteindre! Avthandil est plus heureux : un hasard le met sur la piste et il réussit à ne rencontrer l'Inconnu que comme hôte, chez lui, dans une caverne, et c'est ainsi qu'il apprend la tragique histoire de cet autre amoureux.

Le prince Tarie! aimait Nestane, fille de son roi.

Elle l'aimait : deux rencontres muettes et passionnées, quelques épîtres portées par une dévouée servante les avaient, mais secrètement, engagés pour la vie.

Le roi élut pour gendre un prince étranger que, par comble d'infortune, il chargea Tarie! d'accompagner à sa cour.

Tarie! ne put se tenir, il assassina son rival involon­ taire, et tout se découvrit.

Menacée du châtiment suprême parce qu'elle avait mal élevé Nestane, la sœur du roi se suicida, mais d'abord, pour se venger de sa nièce, elle l'avait remise à deux noirs qui disparurent avec elle.

Désespéré, Tarie! s'est enfui.

Vêtu d'une dépouille de fauve, en com­ pagnie de la seule servante de Nestane, il court le monde, vainement, sans rien apprendre de sa princesse ...

La mission d'Avthandil se trouve remplie, il n'a donc plus qu'à revenir dans son pays, sûr d'épouser Thinathine.

Il comprend pourtant qu'un autre devoir, en ce jour, lui est échu : d'a­ bord, pour son ami, il retrouvera Nestane.

Il ne prend qu'un délai de deux mois pour informer la cour d'Arabie où Thinathine n'est pas la dernière à approuver en son cœur le vœu cruel qui éloigne à nouveau son chevalier.

Avthandil retrouvera la trace de Nestane.

A ce devoir, il sacrifiera tout, jusqu'à la pureté de son amour, acceptant d'être pour quelques semaines l'amant de la seule femme, une femme riche et mûre, qui peut le renseigner, mais l'abandonnant dès qu'il sait ce qu'il veut savoir.

Il poursuivra Nestane jusqu'au pays des Génies, des Khadjis: car, après avoir été livrée par les deux noirs à des mains étrangères -celles de la femme mûre - la malheureuse princesse ne connaît que tribulations et, de rapt en conquête, par la faute de son extraordinaire beauté, elle passe de la cour des princes terrestres au donjon des cités fabuleuses.

Mais, partout, la majesté de son silence inspire quelque respect et des chances répétées lui assurent un sursis avant les épousailles mena­ çantes.

Aidés d'un autre ami, P'hridon, Avthandil et Tarie! auront le temps de la délivrer de sa dernière, de sa plus dangereuse servitude.

Les deux couples prédestinés pourront enfin aborder au bonheur, les jeunes femmes honorant du don de tout leur être les jeunes gens dont elles ont mesuré le mérite.

Cette pauvre analyse défigure et décharne le poème.

Les aventures, certes, n'y sont pas de purs prétextes et valent par elles-mêmes, mais l'essentiel est dans l'examen lyrique, sans cesse repris et enrichi, que font de leurs sentiments des héros, Avthandil surtout et Tarie!, aussi lucides que passionnés.

L'amour est en eux également puissant, mais combien différent! Terni chez Tarie! d'un crime initial, il n'en est pas empoisonné, mais assombri et ne revêt jamais la sereine .assurance qu' Avthandil doit à la netteté de ses premiers rapports avec Thinathine.

Mais, de son. »

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