Cisjordanie.
Publié le 20/04/2013
Extrait du document
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L’économie de la Cisjordanie était essentiellement agricole avant 1967.
L’occupation israélienne a entraîné de profonds bouleversements sociaux.
Israël a favorisé ledéveloppement d’une main-d'œuvre industrielle en faisant appel à des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens employés dans l’industrie israélienne, et notammentdans le secteur du bâtiment.
Cette main-d’œuvre journalière, bon marché, accomplit un travail sous-qualifié et précaire.
Elle est la première touchée par les mesures debouclage périodiques des territoires occupés — l’accès au territoire israélien est sévèrement contrôlé (un titre de passage est nécessaire).
L’activité industrielle n’a pascompensé les pertes en emplois agricoles, également dues à la colonisation des meilleures terres.
Aujourd’hui, l’agriculture réalise moins de 20 p.
100 du produit national brut (PNB), contre 40 p.
100 pour l’industrie et les services.
La Cisjordanie est une région de plantations arbustives (olivier, figuier, vigne) avec également, une polyculture méditerranéenne.
Le territoire bénéficie de ressourceshydrauliques importantes et proches.
Le plus grand aménagement entrepris est la construction d’un canal d’irrigation à partir du Yarmouk, un affluent du Jourdain, qui apermis la mise en valeur du fossé du Jourdain (une zone située à 400 mètres en dessous du niveau de la mer).
Cela a permis de cultiver des agrumes au nord et desbananes au sud.
L’activité industrielle se limite à l’industrie légère parfois très proche de l’activité artisanale.
L’expérience industrielle palestinienne, qui a exclu le développement d’industrieslourdes — sidérurgie, métallurgie, etc.
— se distingue de celle des autres pays arabes, pour qui les grands bassins industriels étaient des attributs de la souveraineténationale.
L’absence d’État dans le cas de la Palestine constitue un début d’explication, dans la mesure où l’industrialisation lourde est traditionnellement menée surl’initiative de l’État.
Par ailleurs, l’économie palestinienne, à l’image du territoire, est de faible dimension.
Deux mille entreprises environ ont été répertoriées en Cisjordanie.60 p.
100 d’entre elles emploient moins de quatre salariés.
La plupart travaillent dans les secteurs de l’alimentation, des boissons et du tabac, du textile et de l’habillement,du bois et de l’industrie du bois.
L’essentiel des recettes de l’Autorité palestinienne naissante est affecté à la mise en place des institutions autonomes et des infrastructures essentielles, ainsi qu'auxdépenses courantes de fonctionnement (paiement des fonctionnaires, notamment de la police palestinienne).
Les recettes proviennent majoritairement d’aides venant del’étranger, de la Banque mondiale, de l’Union européenne, des États-Unis et des pays arabes.
La balance commerciale est structurellement déficitaire.
De plus, les échangessont majoritairement effectués avec Israël, qui se charge en réalité de réexporter les produits agricoles palestiniens (principalement des agrumes) vers les marchéseuropéens.
Comme dans l’ensemble des Territoires palestiniens, le développement de la Cisjordanie est soumis aux aléas du processus de paix israélo-palestinien.
Ainsi, à la suite lareprise de l’Intifada en septembre 2000, nombre d’infrastructures des villes cisjordaniennes ont été détruites par l’armée israélienne en représailles aux attentats perpétréspar des terroristes palestiniens en Israël.
L’économie palestinienne s’est effondrée, avec des conséquences dramatiques pour la population, dont près de la moitié vit sous leseuil de pauvreté, le chômage touchant environ un quart de la population active.
5 HISTOIRE
5.1 De l’Empire ottoman au protectorat britannique
La Cisjordanie couvre les provinces historiques de Samarie et de Judée.
La population arabe a été islamisée dès le VIIe siècle.
La Cisjordanie devient province de l’Empire ottoman au XVIe siècle, avant de subir, au XIXe siècle, l’influence croissante de la Grande-Bretagne.
Cette dernière considère l’Égypte et la Palestine comme des verrous protégeant l’accès au canal de Suez et donc à la route des Indes.
Elle obtient,en 1922, après la chute de l’Empire ottoman, un mandat de la Société des Nations (SDN) sur la Palestine.
L’établissement d’un foyer national juif, promis en 1917 par ladéclaration Balfour, suscite l’hostilité croissante des Arabes palestiniens, dépossédés de leurs terres.
Les Britanniques sont entraînés dans le conflit entre Palestiniens etcolons juifs après 1936, date de la publication d’un Livre blanc limitant l’émigration juive en Palestine.
5.2 De l’annexion jordanienne à l’occupation israélienne
Lorsque l’État d’Israël se constitue en mai 1948, il occupe une partie de la Cisjordanie qui, selon le plan de partage établi en 1947 par l’Organisation des Nations unies(ONU), revient aux Palestiniens — lesquels ont refusé le plan.
Les pays arabes — Égypte, Transjordanie, Syrie et Liban — déclarent la guerre à Israël.
À l’issue de lapremière guerre israélo-arabe, la Cisjordanie est occupée par la Transjordanie, qui annexe ce territoire l’année suivante.
La fusion des deux rives du Jourdain entraîne unenouvelle dénomination du royaume hachémite : la Jordanie.
Ce fait va peser sur la société jordanienne, dont une grande partie de la population est, dès lors, palestinienne.
En 1967, Israël s’empare de la région durant la guerre des Six-Jours.
Elle y établit des colonies de peuplement et soumet le territoire à son administration militaire.
Les loisciviles jordaniennes s’appliquent cependant toujours aux Palestiniens.
De même, le royaume hachémite continue de contrôler la fonction publique (hôpitaux, écoles,municipalités) et de gérer les lieux saints islamiques.
La guerre provoque l’exode de 250 000 Palestiniens.
Ils s’installent, pour la plupart d’entre eux, en Jordanie.
Lacolonisation est d’autant plus mal ressentie qu’elle bouleverse profondément la société ; les hiérarchies traditionnelles, qui ont pu être maintenues sous l’occupationjordanienne, sont bouleversées, favorisant l’émergence d’une nouvelle élite, plus jeune, plus radicale et plus hétérogène.
L’Organisation de libération de la Palestine (OLP),fondée en 1964, fédère les différentes tendances du mouvement nationaliste palestinien, tandis que les islamistes, encouragés par Israël pour faire contrepoids auxnationalistes, prennent de plus en plus d’ampleur.
Le mouvement nationaliste, né parmi les réfugiés palestiniens dans les pays arabes, va devoir compter de plus en plus sur les Palestiniens de l’intérieur.
Ce mouvement semanifeste clairement lorsque éclate l’intifada, mouvement de révolte lancé par les Palestiniens des territoires occupés en décembre 1987.
Le 31 juillet 1988, le roi Husseinde Jordanie annonce « la rupture des liens administratifs et légaux » entre son pays et la Cisjordanie, renonçant de fait à toute prétention territoriale sur la rive droite duJourdain.
En novembre de la même année, l’OLP proclame unilatéralement un État palestinien englobant la Cisjordanie, sans grande réalité puisque le transfert de lasouveraineté ne s’est pas produit.
Il faut attendre cinq années pour envisager un début de souveraineté palestinienne, avec les premières négociations israélo-palestiniennes.
5.3 Vers l’autonomie palestinienne ?
5.3. 1 La création des Territoires palestiniens
Des négociations secrètes ont lieu à Oslo entre Palestiniens et Israéliens, en vue d’une reconnaissance mutuelle d’Israël et de l’OLP.
Le 9 septembre 1993, Yasser Arafat,chef de l’OLP, reconnaît Israël et son droit à l’existence ; Israël, par son Premier ministre, Yitzhak Rabin, reconnaît l’organisation comme « le représentant du peuplepalestinien ».
Le 13 septembre, une « déclaration de principes sur des arrangements intérimaires d’autonomie » est solennellement signée à Washington entre les deuxdirigeants.
Cet accord est également connu sous le nom de « Gaza et Jéricho d’abord », car il prévoit, en premier lieu, l’autonomie de la bande de Gaza et de la zone deJéricho, en Cisjordanie, premier pas vers une autonomie palestinienne plus large.
Malgré la signature d’un protocole de redéploiement de l’armée israélienne, le retraiteffectif de Gaza et de Jéricho n’intervient qu’en mai 1994.
Il s’accompagne d’un transfert de l’autorité du gouvernement militaire israélien vers un Conseil intérimaire del’autonomie, désigné par l’Autorité palestinienne présidée par Yasser Arafat et chargé de l’ensemble des pouvoirs civils et de police, mais sans aucune compétence enmatière de défense ou de politique étrangère.
Toujours aux termes de l’accord israélo-palestinien, le redéploiement de l’armée israélienne dans les autres localités deCisjordanie doit intervenir à la veille des élections d’un Conseil palestinien de l’autonomie, prévu neuf mois après l’entrée en vigueur de la « Déclaration de principes », soitle 13 juillet 1994.
Il s’effectue finalement à la fin de l’année 1995 et au début de l’année 1996, à la suite de l’accord de Taba du 28 septembre 1995, qui étend l’autonomie.
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