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Commentaire : Beaumarchais Le Barbier de Séville, acte III scène 11.

Publié le 11/09/2006

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beaumarchais

Exemple de commentaire rédigé Important : il est évident que ce commentaire, par son contenu, reflète une connaissance de l’œuvre intégrale que le commentaire littéraire à l’écrit du bac ne permet pas puisque le texte y est donné de façon isolée. Il convient aussi de considérer qu’un texte littéraire est souvent suffisamment riche que plusieurs analyses soient possibles. La Révolution française allait se déclarer une quinzaine d’année plus tard quand Beaumarchais, le célèbre dramaturge du siècle des Lumières a créé Le Barbier de Séville. L’époque était à la montée des tensions et certaines se reflètent dans cette comédie dont le sujet est pourtant très banal : l’amour de deux jeunes amoureux, Rosine et le comte Almaviva, est contrarié par les prétentions d’un vieux barbon, Bartholo mais Figaro un adjuvant providentiel vole au secours des jeunes gens. Dans l’extrait étudié ici, Figaro a introduit le comte chez Bartholo en dressant un subterfuge mais l’arrivée impromptue du maître de musique Don Bazile bouleverse ses plans. Tous les personnages sont réunis et la tension est si forte que l’on peut se demander comment cette scène peut-être comique. Sans doute, la situation de quiproquo est-elle propice au comique mais nous verrons que ce registre prend dans la scène de multiples dimensions. Cette scène est essentiellement construite à partir d’une situation de quiproquo sur laquelle repose en grande partie le comique. La surprise de l’arrivée de Bazile représente un coup de théâtre et un risque pour tous. En effet, c’est une surprise pour les personnages comme pour le public puisque le scénario inventé par le Comte et Figaro le prétend malade et c’est le Comte, rebaptisé Alonzo pour la circonstance et supposé être son élève qui le remplace… d’où l’épouvante du Comte, de Rosine et de Figaro à son arrivée : les trois premières répliques sont ainsi très courtes, de trois syllabes chacune, constituées de trois exclamatives, deux phrases nominales, le nom de Bazile puis un juron, et d’une proposition minimale dans laquelle Figaro évoque « le Diable «. Cette évocation fait écho à celle de Bartholo parlant de Figaro dans l’III, scène 2 « Le diable est entré chez moi «. L’hyperbole correspond cette fois au rôle dramaturgique de Bazile, le traître vénal que sa vénalité perdra et fera de lui l’instrument de la duperie de Bartholo. Or si Bazile parle et dit ne pas avoir été malade et ne pas connaître Alonzo, Bartholo découvrira l’imposture imaginée par Figaro. La surprise est ainsi à l’origine d’une grande émotion chez les personnages en scène et surtout des plus mal informés. Les protagonistes sont en effet inégalement informés : Le Comte, Rosine et Figaro ainsi que le public savent qu’Alonzo est déguisé : ils jouent à Bartholo la comédie du prétendu Alonzo. Toutefois Rosine ignore la véritable identité du faux Alonzo, qu’elle prend pour Lindor et elle ignore qu’il a lui-même mis dans les mains de Bartholo la lettre qu’elle lui avait adressée. Figaro quant à lui ignore certains détails étrangers au scénario mis au point avec le Comte, c’est ainsi qu’il a été surpris par l’évocation des bonbons de la petite Figaro dans la scène 5 ; en particulier il ignore que le Comte a donné la lettre de Rosine à Bartholo. Bartholo enfin sait, grâce à cette lettre, que Rosine a écrit au Comte Almaviva, dont Figaro est le complice ; il pense que le Comte a quitté la ville ; il croit en l’identité d’Alonzo et espère confondre Rosine avec l’aide de ce dernier qu’il prend pour un allié. Seul Bazile… ignore tout comme le montrent ses questions successives et la didascalie qui accompagne sa deuxième question : « regardant tout le monde « puis son exclamation de surprise : « Tout le monde est dans le secret «. Ces divers degrés d’information sont à l’origine de malentendus que la communication ne parvient pas à lever. En effet, bien que cette scène soit entièrement dialoguée, l’absence de communication entre ceux qui devraient être complices est à l’origine d’un comique de situation. Il n’y a aucune communication entre Bazile et Bartholo qui sont pourtant alliés depuis le début  car Figaro détourne l’attention en s’énervant sur les difficultés pour raser Bartholo et « frappe du pied « afin de couvrir les propos de Bazile qui interroge Bartholo sur le supposé seigneur Alonzo, puis il fait taire ce dernier par un futur d’injonction autoritaire : « Vous lui parlerez quand je serai parti « ; par la suite, chacun va le faire taire en lui parlant en aparté, Rosine, Bartholo, puis Figaro. Seul le comte se dispense d’aparté mais « lui met à part une bourse dans la main «, geste que précise la didascalie et qui se révèle très persuasif puisque cela déclenche la reddition de Bazile qui s’exclame : « Ah ! je comprends… « Entre Figaro et le Comte alliés depuis l’exposition, la communication est également absente : il n’y a aucune réplique de l’un à l’autre. Enfin, entre le Comte et Bazile, une complicité ne pourra être scellée qu’à la fin de la scène moyennant une bourse, ce qui correspond à la vénalité de Bazile « à genoux devant un écu « (I,6). Ainsi toute la scène repose sur un imbroglio que le spectateur observe avec d’autant plus de plaisir qu’il sait lui, ce qu’ignorent les personnages. Ce plaisir du spectateur devant une situation embrouillée n’est pourtant pas l’unique source de comique dans la scène. Comme souvent chez Beaumarchais, le comique prend de multiples formes. En premier lieu, par une scène particulièrement enlevée, le dramaturge suscite le sourire amusé du lecteur et surtout du spectateur. On peut déceler deux mouvements de trois à quatre temps dans la scène : D’abord, il s’agit de faire taire Bazile et pour cela d’abord de parler haut pour faire obstacle à la communication entre Bartholo et Bazile : Figaro s’insurge contre le temps perdu, « Deux heures pour une méchante barbe… Chienne de pratique ! « Il ordonne à Bazile de remettre à plus tard ses discussions avec Bartholo et le comte lui emboîte le pas d’une façon à peine moins impérative : Il faudrait vous taire «. Puis la stratégie est de parler bas pour masquer la tromperie : Les apartés « bas à Bazile « précisent les didascalies, se succèdent. Enfin, la troisième stratégie consiste à parler pour ne rien dire à propos de « l’homme de loi « dont le titre est répété dans six répliques successives sans que Bazile y comprenne quoi que ce soit. Dans un second temps, il s’agit de faire partir Bazile. Le comte semble être le maître du jeu puisqu’il déclenche ce second mouvement par l’impératif : « Renvoyez-le. « Cette fois, par un renversement de situation, Bartholo se fait l’allié de Figaro, du comte et de Rosine. Tout le dialogue est dominé par la modalité exclamative ce qui renforce l’effet de rapidité, le rythme trépidant étant également donné par l’enchaînement des répliques : pour l’empêcher de parler, les autres personnages coupent la parole à Bazile, et c’est souvent un rebondissement sur le dernier mot de la réplique qui permet de passer à la suivante. Aucune suspension, aucun silence ne s’installe entre les répliques et cette hâte est justifiée par la situation : Bazile est gênant, il faut s’en débarrasser. Dès lors, l’agitation est vive, on observe des séries de répliques avec prise de parole de tous les personnages, quasi systématiquement dans la seconde partie de la scène : Rosine/Bazile/Comte/Bartholo ; Bazile/Bartholo/Comte/Rosine/Figaro ; comte /Figaro /Bartholo /Rosine /Bazile /tous ; Bazile / Bartholo /Comte /Figaro /Rosine. Finalement, tous les personnages forment un chœur « riant « à l’unisson, le spectateur se place alors du point de vue des rieurs. Différents types de comique se succèdent et se mêlent d’ailleurs pour susciter le rire du public. Le maître du comique verbal reste Figaro qui amuse par ses jurons, « chienne de pratique «, mais l’emploi de vocabulaire antithétique dire et taire dans le dialogue puis les répétitions : « l’homme de loi «, « Allez-vous coucher «… font sourire. Le comique de gestes s’y associe: Figaro « frappe du pied « comme un gamin capricieux, le passage « à part « mais bien visible du spectateur de la bourse de la main du comte à celle de Bazile, les neuf apartés, l’alternance d’expressions « haut «, deux fois, et « bas «, sept fois sont constitutifs de ce comique que renforce encore le comique de caractère : Rosine est de plus en plus rouée, Figaro lui aussi est rusé mais là ce n’est pas lui le « machiniste « mais plutôt le Comte qui ordonne par la voix et le geste à Bazile de se taire puis de partir, Bazile, lui, est caricatural par le renversement de sa position face à la bourse, Bartholo enfin, trompeur-trompé, tous les personnages ont une dimension caricaturale comique. La critique de la médecine à travers l’attitude du médecin Bartholo qui croit malade un homme qui ne l’est pas relève du comique de mœurs : « Il sent la fièvre d’une lieue «, déclare-t-il à propos du soi-disant malade engageant pour ce diagnostic son « honneur « de médecin ! Mais bien sûr, c’est surtout le comique de situation qui frappe le spectateur : la stupéfaction de Bazile est patente d’après les didascalies : il est successivement « étonné, plus étonné, stupéfait, effaré «, puis la colère monte, il est «  impatienté, en colère « avant d’être à nouveau « au dernier étonnement «. Les gestes du comédien marquent nécessairement cette gradation des émotions et les modalités interrogative et exclamative, les reprises des énoncés précédents, points de suspension soulignent aussi le comique de cette situation. Bartholo, le trompeur trompé, est toutefois la principale cible du comique. Bazile ne comprend pas qui est trompé ; une réplique le dit clairement « Qui diable est-ce donc qu’on trompe ici ? Tout le monde est dans le secret ! « En réalité, c’est Bartholo le trompé. En effet, Bartholo croit tromper Rosine et Figaro en préparant son mariage avec l’aide d’Alonzo. Il parle donc bas et demande à Bazile de ne pas nier qu’Alonzo soit son élève et de ne pas s’expliquer sur l’homme de loi : « N’allez pas nous démentir «. Ce « nous « associe en effet le comte alias Alonzo à son projet et il fait le jeu de ses ennemis car il empêche Bazile de révéler l’imposture du comte. Bartholo répète ce que disent les autres personnages et fait bloc avec eux alors que ce sont ses ennemis ! Le Comte, lui, fait semblant d’aider Bartholo en le conseillant, il lui souffle ce qu’il doit dire, comme un souffleur de théâtre, il le manipule : « Dites-lui donc tout bas…. «. En fait le comte empêche ainsi Bazile de le trahir sans que Bartholo s’aperçoive de quoi que ce soit. Ainsi le comique prend ici diverses formes et des degrés très nuancés. Cette scène est ainsi manifestement une scène de comédie et l’on voit que le dramaturge y a concentré les procédés du comique. Le désir de plaire au public par une comédie d’intrigue légère et enlevée apparaît comme l’enjeu principal de la scène même si la critique de la médecine ou de la cupidité, échos de la tradition cultivée par Molière, se greffe sur le jeu. Du point de vue dramaturgique toutefois, cette scène est décisive : Bartholo a été dupé pour la première fois, ses adversaires sont délivrés de leurs craintes et c’est grâce à cela qu’ils pourront triompher de lui à la fin de l’acte « Il est fou «. L’obstacle insurmontable qu’il constituait n’en est plus un car Bartholo va entrer en fureur et son désarroi et sa colère vont le conduire à une agitation désordonnée et peu réfléchie qui va le perdre laissant la victoire à « la jeunesse et l’amour «, véritables vainqueurs chez Beaumarchais qui se tient ainsi en marge des préoccupations des Lumières, comme le célèbre Figaro dans sa réplique finale.

beaumarchais

« communication entre Bartholo et Bazile : Figaro s'insurge contre le temps perdu, « Deux heures pour une méchante barbe…Chienne de pratique ! » Il ordonne à Bazile de remettre à plus tard ses discussions avec Bartholo et le comte lui emboîte le pasd'une façon à peine moins impérative : Il faudrait vous taire ».

Puis la stratégie est de parler bas pour masquer la tromperie : Lesapartés « bas à Bazile » précisent les didascalies, se succèdent.

Enfin, la troisième stratégie consiste à parler pour ne rien dire àpropos de « l'homme de loi » dont le titre est répété dans six répliques successives sans que Bazile y comprenne quoi que ce soit.Dans un second temps, il s'agit de faire partir Bazile.

Le comte semble être le maître du jeu puisqu'il déclenche ce secondmouvement par l'impératif : « Renvoyez-le.

» Cette fois, par un renversement de situation, Bartholo se fait l'allié de Figaro, ducomte et de Rosine.

Tout le dialogue est dominé par la modalité exclamative ce qui renforce l'effet de rapidité, le rythme trépidantétant également donné par l'enchaînement des répliques : pour l'empêcher de parler, les autres personnages coupent la parole àBazile, et c'est souvent un rebondissement sur le dernier mot de la réplique qui permet de passer à la suivante.

Aucunesuspension, aucun silence ne s'installe entre les répliques et cette hâte est justifiée par la situation : Bazile est gênant, il faut s'endébarrasser.

Dès lors, l'agitation est vive, on observe des séries de répliques avec prise de parole de tous les personnages, quasisystématiquement dans la seconde partie de la scène : Rosine/Bazile/Comte/Bartholo ; Bazile/Bartholo/Comte/Rosine/Figaro ;comte /Figaro /Bartholo /Rosine /Bazile /tous ; Bazile / Bartholo /Comte /Figaro /Rosine.

Finalement, tous les personnagesforment un chœur « riant » à l'unisson, le spectateur se place alors du point de vue des rieurs.Différents types de comique se succèdent et se mêlent d'ailleurs pour susciter le rire du public.

Le maître du comique verbal resteFigaro qui amuse par ses jurons, « chienne de pratique », mais l'emploi de vocabulaire antithétique dire et taire dans le dialoguepuis les répétitions : « l'homme de loi », « Allez-vous coucher »… font sourire.

Le comique de gestes s'y associe: Figaro « frappedu pied » comme un gamin capricieux, le passage « à part » mais bien visible du spectateur de la bourse de la main du comte àcelle de Bazile, les neuf apartés, l'alternance d'expressions « haut », deux fois, et « bas », sept fois sont constitutifs de ce comiqueque renforce encore le comique de caractère : Rosine est de plus en plus rouée, Figaro lui aussi est rusé mais là ce n'est pas lui le« machiniste » mais plutôt le Comte qui ordonne par la voix et le geste à Bazile de se taire puis de partir, Bazile, lui, est caricaturalpar le renversement de sa position face à la bourse, Bartholo enfin, trompeur-trompé, tous les personnages ont une dimensioncaricaturale comique.

La critique de la médecine à travers l'attitude du médecin Bartholo qui croit malade un homme qui ne l'estpas relève du comique de mœurs : « Il sent la fièvre d'une lieue », déclare-t-il à propos du soi-disant malade engageant pour cediagnostic son « honneur » de médecin ! Mais bien sûr, c'est surtout le comique de situation qui frappe le spectateur : lastupéfaction de Bazile est patente d'après les didascalies : il est successivement « étonné, plus étonné, stupéfait, effaré », puis lacolère monte, il est « impatienté, en colère » avant d'être à nouveau « au dernier étonnement ».

Les gestes du comédienmarquent nécessairement cette gradation des émotions et les modalités interrogative et exclamative, les reprises des énoncésprécédents, points de suspension soulignent aussi le comique de cette situation.Bartholo, le trompeur trompé, est toutefois la principale cible du comique.

Bazile ne comprend pas qui est trompé ; une répliquele dit clairement « Qui diable est-ce donc qu'on trompe ici ? Tout le monde est dans le secret ! » En réalité, c'est Bartholo letrompé.

En effet, Bartholo croit tromper Rosine et Figaro en préparant son mariage avec l'aide d'Alonzo.

Il parle donc bas etdemande à Bazile de ne pas nier qu'Alonzo soit son élève et de ne pas s'expliquer sur l'homme de loi : « N'allez pas nousdémentir ».

Ce « nous » associe en effet le comte alias Alonzo à son projet et il fait le jeu de ses ennemis car il empêche Bazile derévéler l'imposture du comte.

Bartholo répète ce que disent les autres personnages et fait bloc avec eux alors que ce sont sesennemis ! Le Comte, lui, fait semblant d'aider Bartholo en le conseillant, il lui souffle ce qu'il doit dire, comme un souffleur dethéâtre, il le manipule : « Dites-lui donc tout bas….

».

En fait le comte empêche ainsi Bazile de le trahir sans que Bartholos'aperçoive de quoi que ce soit.

Ainsi le comique prend ici diverses formes et des degrés très nuancés. Cette scène est ainsi manifestement une scène de comédie et l'on voit que le dramaturge y a concentré les procédés du comique.Le désir de plaire au public par une comédie d'intrigue légère et enlevée apparaît comme l'enjeu principal de la scène même si lacritique de la médecine ou de la cupidité, échos de la tradition cultivée par Molière, se greffe sur le jeu.

Du point de vuedramaturgique toutefois, cette scène est décisive : Bartholo a été dupé pour la première fois, ses adversaires sont délivrés de leurscraintes et c'est grâce à cela qu'ils pourront triompher de lui à la fin de l'acte « Il est fou ».

L'obstacle insurmontable qu'ilconstituait n'en est plus un car Bartholo va entrer en fureur et son désarroi et sa colère vont le conduire à une agitationdésordonnée et peu réfléchie qui va le perdre laissant la victoire à « la jeunesse et l'amour », véritables vainqueurs chezBeaumarchais qui se tient ainsi en marge des préoccupations des Lumières, comme le célèbre Figaro dans sa réplique finale.. »

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