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Commentaire Composé : A une heure du matin Baudelaire

Publié le 09/08/2012

Extrait du document

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« Enfin ! « se délasser et se relaxer, en se retrouvant lui-même, ce qu’il aime (la solitude) et tout cela l’inspire et lui permet d’écrire. D’une part, l’auteur exprime le sentiment de repentir que lui apporte la solitude, détermination négative de celle-ci : « Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter « ainsi que la redécouverte de soi, détermination positive de la chose : « […] et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit «. D’autre part, ces deux révélations de la part de l’auteur dévoilent que l’espace intime où il retrouve la solitude et les « âmes de ceux qu’il a aimés «, avec lesquelles il ne peut communiquer que dans son Idéal, auquel il ne peut accéder que par la solitude que lui offre l’espace intime, par le biais de la rêverie, lui apportent des le « fortifie «, le « soutient «, et « éloigne « de lui « le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde «. Par la suite, Baudelaire montre explicitement que son espace intime lui procure l’accès à son Idéal, lui octroyant de l’inspiration : « Seigneur mon Dieu ! Accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers […] «

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« quelque », l'espoir apporté avec l'adjectif « blanc » et cependant l'inaccessibilité avec l'adjectif « lointaine ».

Par ailleurs, l'auteur ne le définit pas de façon précise ceprésent, c'est « quelque chose », « je ne sais quoi » comme si les mots ne pouvaient pas se poser sur cette temporalité présente et la caractériser de façon précise.

Lespronoms indéfinis mettent en avant ce caractère imprécis.

L'imprécision n'est pas rassurante mais elle est plus rassurante que l'horreur avec laquelle le présent nous est présenté dans la suite de l'extrait.

La gradation du portrait a son importance.

Nous passons à la personnification de ce présent.

La personnification nevalorise pas l'image du présent, au contraire : Nous atteignons désormais l'horreur d'un « spectre moitié momie et moitié fœtus ».

Le présent est désormais identifié.

Ilest même assimilé à une personne mais pas n'importe qu'elle personne.

Le présent revêt les caractéristiques d'un monstre.

Dès lors nous sommes en face d'un être qui,d'une part n'est pas humain et qui d'autre part, est immobile car « assis » et mal en point puisque « grelottant d'un froid terrible ».

Autant dire que le présent nous estprésenté comme malade.

D'ailleurs, le présent est d'autant plus malade qu'il est « un spectre » c'est à dire déjà mort avant même d'avoir existé.

L'antinomie du spectrequi appelle la mort et du fœtus qui appelle la vie a alors quelque chose d'effrayant.

Que peut inspirer le présent si ce n'est la peur, et le dégout ? La métaphore filée «l'ange du crépuscule » insiste à nouveau sur l'antinomie d'un ange, signe de bonheur et de protection, et d'un crépuscule c'est à dire d'une nuit qui arrive, d'une fininéluctable.

Enfin, le présent n'offre pas plus de valeurs humaines que l'avenir puisque le présent est étriqué « serré sous le manteau des égoïstes ».

Cette imagesemble sous entendre une critique de la société bourgeoise, avide d'argent et de réussite, qui défend égoïstement ses privilèges.

On comprend pourquoi dans cetunivers macabre fait « d'ossements », la jeunesse est torturée.

On comprend aussi pourquoi un présent qui est le néant (puisque « ni le jour » ni la « nuit ») produitune angoisse et un mal être considérable.

Cette dimension du présent n'a pas d'existence preuve en est, elle n'est ni la nuit, ni le jour.

Or dans la temporalité humaine,cet état n'existe pas, il y a nécessairement soit l'un soit l'autre mieux, l'un succède forcément à l'autre.

Dans l'extrait, c'est « un entre deux » autrement dit quelquechose d'indéfinissable et qui ne devrait pas exister.

On est alors dans une autre dimension, un monde qui n'a rien d'humain, dans lequel se produisent des choses quin'existent pas.

Non seulement le présent n'est ni la nuit ni le jour, mais il n'est pas non plus le passé ou l'avenir En un mot il n'est rien ou plutôt il est la mort à l'imagede ce monstre qui, lui aussi, est comme la jeunesse « entre » deux états.

La narration de la temporalité qu'il s'agisse du passé, du futur ou du présent, porteindiscutablement la marque d'une tension.

Cette tension en induit une autre, celle relative à l'état de la jeunesse.

Cependant, la vie devrait s'offrir « aux jeunes gens ».Ce devrait être un cadeau, une offrande puisqu'ils sont « pleins de force et d'audace ».

Ils devraient donc pouvoir jouir d'un temps que leur autoriseraient leur force et leur audace.

Ils devraient oser.

Héritiers d'une histoire qui leur a conféré le droit à un souffle nouveau, cet état devrait doncleur permettre d'appréhender une vie pleine d'espoir.

Pour autant, ils sont loin d'apparaitre ainsi, puisque l'auteur les peint comme malades, angoissés, prisonniers d'unespace temps et contraints à l'immobilisme.

Quel est donc ce mal qui les ronge ? Une maladie physique que leur hérédité leur aurait léguée.

Non justement.

Ces «jeunes gens » sont malades d'un mal qui ne dit pas son nom et qui d'ailleurs n'est pas cité directement par l'auteur mais dont ils sont semble-t-il envahis.

La maladie etle mal être se ressentent dans cet extrait, plus qu'ils ne surgissent explicitement.

A l'image d'une maladie psychologique, les symptômes ne sont pas criants, maisplutôt insidieux.

Curieusement, alors même qu'il s'agit d'un mal du siècle, il n'y a pas de champ lexical relatif à la maladie, pas de termes directs qui se rapportent à lathématique de la maladie.

Et pourtant, elle est là, bien présente, comme rodant autour de la jeunesse.

Et si elle n'est pas si directement exprimée, c'est que cettemaladie ne vient pas d'eux mais d'un environnement qui lui, est malade.

Ainsi l'auteur a choisi pour montrer ce mal du siècle de caractériser le temps plus que lesjeunes eux-mêmes.

D'ailleurs eux seraient plutôt en bonne santé puisque "plein de force et d'audace" ou, à tout le moins sujets à l'être.

Mais comme toute maladie del'âme, elle est sournoise.

Il faut attendre la fin du texte pour que cette maladie dise enfin son nom : « l'angoisse de la mort » qui leur entre « dans l'âme ».

Cette phrasequi tombe à la fin du texte semble signer l'arrêt de mort d'un quelconque espoir et condamne cette jeunesse à une angoisse qui semble inéluctable et perpétuelle.

Cequi "s'offrait" à eux au début de l'extrait, à présent "se présente" à eux.

Ils n'ont plus le choix.

Il ne s'agit plus d'un cadeau.

Il doivent choisir, mais choisir au milieud'un "chaos", c'est-à-dire forcément faire un choix qui ne les portera pas vers le bonheur.

"Il fallut choisir" résonne alors comme un dépit, et non une volonté.

Cettesituation, dans laquelle, les choix ne peuvent se réaliser faute d'opportunités, explique la désespérance de la jeunesse.

Et ce dépit est conforté par l'immobilisme quicaractérise l'ensemble des mouvements de cette jeunesse.

Preuve en est, lorsque l'on étudie l'ensemble des verbes relatifs aux actions de la jeunesse, on s'aperçoit qu'iln'y a aucun élan dans les verbes choisis par l'auteur, aucun mouvement.

D'abord ils apparaissent figés, comme on l'a vu, coincés entre un passé, un présent et unfutur. Lorsqu'ils peuvent enfin se mouvoir, les jeunes gens doivent faire attention à « chaque pas » car ils ne savent pas sur quoi ils marchent.

Est ce une « semence » àlaquelle ils doivent faire attention, est-ce un « débris » qu'ils doivent écarter pour pouvoir avancer ? Ainsi la jeunesse est loin d'apparaitre comme libre de sesmouvements.

Au contraire, elle doit sans cesse être attentive.

On comprend que cette privation d'élan puisse les rendre mal et angoissés.

Enfin, même dans le tempsdans lequel ils vivent, ils ne sont acteurs de rien.

Même le présent n'est pas avec eux, ne leur appartient pas.

Ils le « trouvèrent" comme si ce présent étaient hors d'euxmême, un tiers extérieur.

Il semble qu'ils doivent même errer pour le trouver presque par hasard.

C'est en tout cas que ce pourrait connoter la formule « ils letrouvèrent », à moins que ces jeunes gens n'aient eu à le chercher, preuve dans ce cas qu'ils ne vivent pas dans le présent.

Enfin, comme pour insister surl'immobilisme, le terme « serré » rend une idée d'étouffement et d'impossibilité de respirer, symbole métaphorique d'une énergie inemployée et d'une impossibilité àexprimer sa personnalité dans un monde matérialisme qui thésaurise ici symboliquement non pas sa richesse, mais « un sac de chaux plein d'ossements ».

Il estégalement intéressant de noter que la majorité des verbes sont exprimés avec une tournure impersonnelle ou avec des tournures dans lesquelles les jeunes gens sontrarement sujet du verbe : « la vie qui s'offrait », « il fallut choisir », « ce qui se présentait à des enfants », « c'était pour eux » La jeunesse se trouve dans l'incapacitéd'agir du fait même de son environnement.

Ainsi l'idée est rendue que la jeunesse subit le temps et n'en est pas une force motrice On peut noter par ailleurs que le seulverbe de volonté qui peut être attribué à la jeunesse, comme preuve d'une initiative possible, est un verbe à la forme négative et est relatif au passé dont ils « nevoulaient pas ».

Voilà leur seule marge de manœuvre pourrait-on dire : refuser un passé mais pour ce qui est futur et du présent, ils ne peuvent rien décider.

Or laliberté de mouvement et de décision devrait être l'apanage de la jeunesse.

Ici ce n'est pas le cas.

Et même dans les élans du cœur, ils sont contraints à l'immobilismecomme nous allons le voir.

En effet, ils attendent que l'amour prenne vie.

Ils ne le suggèrent pas, Ils ne le proposent pas.

Ils attendent passivement.

Même l'amour nepeut pas être décidé.

Surtout l'amour devrait-on dire.

Aucune opportunité d'amour dans ce futur à moins, peut être, d'un miracle et de l'intervention d'une déesse, maiscette déesse qui a exaucé le vœu de Pygmalion appartient au passé et la « foi » du présent « ne donne rien ».

Autant dire qu'il est vain d'attendre un miracle.

Lajeunesse se retrouve donc à attendre un avenir dont elle ne sait rien et qui porterait les valeurs de l'amour sous condition d'un miracle ou d'une intervention divine.

Et pourtant des aspirations d'amour, ils en ont largement, la capacité àaimer est présente.

Nous retrouvons la même structure grammaticale que celle déjà utilisée pour exprimer le refus du passé (« du passé, ils n'en voulaient pas ») maiscette fois, elle met en exergue leur volonté d'aimer : « l'avenir, ils l'aimaient ».

Le concessif « Mais » qui suit directement cette phrase brise cependant immédiatementl'élan d'amour dont ils sont porteurs et l'ajout de «quoi » résonne de l'impuissance qu'ils ont devant l'absence de croyance en la possibilité d'aimer. Cette dernière remarque quant à la croyance et à la sensibilité de l'amour en appelle une autre.

Puisqu'il est question de sensibilité dans ce texte, alors même que nousl'avons vu, peu de termes relève de ce thème.

Il nous reste à voir comment la finalité impressive du texte contribue largement à ancrer cet extrait dans une atmosphèrelourde, inéluctable, insoluble et donc dramatique.

Pour asseoir l'atmosphère pesante du temps, nous étudierons comment l'auteur a choisi de présenter la chronologiedu temps et nous allons voir que ce mode de narration ne suit pas l'ordre chronologique classique et logique du temps.

Dans la première phrase, il fait d'abordréférence au passé avec « derrière », puis référence au futur avec « devant » et enfin référence au présent avec « entre ».

Sa narration du temps ne se termine donc paspar le futur comme le voudrait le respect d'une chronologie.

Ainsi, peut-il insister sur l'état d'un présent incertain.

Ce même ordre non chronologique est réitéré dansla dernière partie de l'extrait en reprenant d'abord la narration du passé « or du passé », puis en abordant le futur « l'avenir, ils l'aimaient ».

Non seulement l'ordre est-il repris, mais l'organisation syntaxique de la phrase est également semblable avec le terme de temporalité repris en début de phrase.

Cette organisation de la narrationchronologique permet de mettre en exergue la temporalité sur laquelle il souhaite insister, à savoir le présent, et contribue ainsi à la rendre plus pesante de toute autre.Il lui est alors loisible de terminer l'organisation de son raisonnement par cette phrase « il leur restait donc le présent ».

En procédant tour à tour par analepses, c'est à. »

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