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COSI FAN TUTTE (Ainsi font-elles toutes) de MOZART

Publié le 15/10/2010

Extrait du document

opéra italien du XVIIIe siècle de Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)

 • opera buffa en deux actes  • sous-titre : La Scuola degli Amanti (L'Ecole des Amants)  • livret italien de Lorenzo da Ponte  • créé en 1790 à Vienne

« Alfonso annonce alors aux deux soeurs, tout enamourées, que leurs fiancés sont appelés aux armes.

Les jeunesgens se font des adieux déchirants.

Puis Ferrando et Guglielmo, déguisés en Albanais, font chacun la cour à lafiancée de l'autre.

Elles commencent par les repousser, mais se montrent troublées quand ils menacent de sesuicider. Acte Il : La servante Despina conseille aux soeurs de changer d'amoureux.

Les étrangers organisent une fête enplein air, et jouent une sérénade.

Les deux couples font une promenade en barque.

Dorabella se laisse vite séduirepar le fiancé de sa soeur ; Fiordiligi résiste davantage mais finit par avouer son amour à son nouveau prétendant.Don Alfonso triomphe.

Il explique aux jeunes gens ulcérés qu'elles n'ont fait qu'obéir à la nature féminine : «Cosi fantutte».

Au moment où se prépare le double mariage des soeurs avec les étrangers, les vrais fiancés arrivent.Fiordiligi et Dorabella, honteuses, demandent la mort.

Ferrando et Guglielmo dévoilent alors le stratagème, et toutrentre dans l'ordre. ANALYSE sous un feu d'artifice vocal, un rire grinçantCosi fan tutte se présente comme un opéra bouffe typique, un divertissement bien ficelé, innocent et confortable.Cet opéra aux moyens limités (une intrigue mince, un seul décor, six personnages) ressemble au petit stratagèmed'Alfonso, dont les jeunes gens escomptent un grand plaisir, mais pas la moindre surprise.

Dès la première scène, leton est donné : deux jeunes gandins, après avoir trinqué à la vertu de leurs belles, jubilent à l'idée de gagner un parifacile aux dépens d'un vieux rabat-joie, tout en s'amusant à tromper gentiment leurs fiancées.

L'atmosphère enjouéede la comédie semble régner sans partage : on entend les éclats de rires insouciants des jeunes gens qui passentleur temps à pouffer, le ricanement de Don Alfonso ou l'excitation des jeunes filles.

L'artifice des travestissementsatteint toute sa force comique à la fin du premier acte, quand Despina, déguisée en médecin, administre auxpseudo-suicidés un remède miracle.Placé sous le signe de l'opéra italien, Cosi fan tutte ne déçoit pas les spectateurs avides de bel canto.

La beauté etla richesse des chants font de cette oeuvre un feu d'artifice vocal.

Ainsi, Ferrando chante une aria magnifique audeuxième acte : «Ah lo veggio, quella anima bella» (Ah, je le vois, quelle belle âme).

Le grand air de Fiordiligi, avecses vocalises étincelantes et ses changements de registres, «Per pieta, ben mio perdona» (Par pitié, mon bien-aimé), exige de l'interprète de véritables prouesses vocales.

Les ensembles, traditionnellement prépondérants dansl'opéra bouffe, sont célèbres, surtout le trio fluide du premier acte «Soave sia il vento» (Que le vent soit doux), quise poursuit dans l'éblouissant quintette des adieux : «Di scrivermi» (Tu m'écriras).Mais cette gaieté, cette virtuosité sont trop voyantes pour être honnêtes.

La bouffonnerie débouche en effet surune analyse du coeur humain dont la profondeur et la cruauté évoquent les Liaisons dangereuses.

Letravestissement des jeunes gens met à nu l'hypocrisie des sentiments et la force anarchique du désir.

Le jeu derôles tourne au jeu de massacre, et l'opera buffa frôle la tragédie : quand les deux jeunes filles réclament la mort,ce n'est plus pour de rire, comme le suicide des faux Albanais.

Et qui sait si, à la fin, chacun ne regrette pas deretrouver sa chacune ? Cette comédie de moraliste, qui met en doute la profondeur et la solidité de l'amour, sembleaccuser les femmes (Cosi fan tutte).

Mais Mozart n'épargne personne : la perversité est bien partagée, et par lecynique Don Alonso qui se délecte en voyeur de sa mise en scène, et par les jeunes gens, qui prennent grand plaisirà abuser leurs fiancées.

Par-delà les mensonges du langage et des costumes, la musique sert de révélateur.

Leseffets de virtuosité ont une fonction parodique.

Ainsi, au premier acte, les deux jeunes filles célèbrent leurs fiancésavec un excès de mièvrerie que traduisent leurs vocalises sur le mot «amore».

Le désespoir de Dorabella etl'assurance de Fiordiligi résonnent de façon exagérée.

La musique livre le secret des coeurs : l'harmonie musicaleentre Ferrando et Fiordiligi les désigne à la fin comme le vrai couple.Le badinage superficiel de l'opera buffa se mue donc peu à peu en un rire grinçant qui congédie l'innocence et lescertitudes, mais non pas l'émotion et la tendresse.

Mozart ne partage pas le cynisme désabusé de Don Alfonso : s'ildénonce les niaiseries du sentimentalisme, il n'en célèbre pas moins la joie et l'amour, comme en témoignent l'airromantique de Ferrando «Un aura amorosa» (un regard amoureux), ou le quatuor final.

Le ton de ce surprenantopéra n'est pas amer, mais d'une très moderne ambiguïté. ENREGISTREMENT RECOMMANDE EMI 7696352 : Orchestre Philharmonia.

Dir.

Herbert von Karajan (mono).

Elizabeth Schwartzkopf (Fiordiligi), NanMerriman (Dorabella), Léopold Simoneau (Ferrando), Rolando Panerai (Guglielmo), Lisa Otto (Despina), SestoBruscantini (Alfonso). »

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