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Croissance et décadence d'une pêcherie - Le Pérou

Publié le 25/03/2012

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Si un seul exemple suffit à illustrer la rapide ascension d'une pêcherie réussie par l'adoption de deux nouvelles techniques, il faut le rechercher au Pérou, avec la pêche extraordinaire de l'anchois. Les eaux du Pérou foisonnent de vie. Plus de 500 espèces de poissons connues vivent partiellement les unes des autres, mais principalement de la concentration incroyablement riche de plancton le long des côtes péruviennes. Un phénomène océanographique connu sous le nom d'ascendance ou upwelling, est responsable de cette richesse de la vie marine. Le courant de Humboldt, près du Pérou, s'écoule en venant du nord le long de la côte, mais les vents dominants du sud-est soufflant sur les parties septentrionales et centrales de la côte, provoquent un transport d'eau de surface vers le large.

« Ci-dessu s: Un e usin e de farin e de poisson pr ès de Pisco , au P éro u .

La rota/it é de la pêc he des ancho is éta it traitée en fa rine d estin ée à l'expor ­ tation .

invention fut rapidement adoptée par les pêcheurs d'an­ chois péruviens , car elle leur permettait d'utiliser les grands filets cernants.

La croissance de cette industrie fut explosive grâce au power block.

D'une prise de 59 000 tonnes en 1955, l'exploitation passa à près de 9 millions de tonnes en 1964, 10 millions de tonnes en 1967, pour atteindre près de 12 millions de tonnes au début des an­ nées soixante-dix.

Presque du jour au lendemain, on assista à la naissance de la plus grande zone de pêche au monde, en tonnages de poissons d'une même espèce.

Le Pérou devint la pre­ mière nation de pêc)le, dépassant même le Japon qui avait été longtemps à la tête du classement.

Toute la prise était transformée et destinée à l'exporta­ tion vers l'Europe et les Etats-Unis.

Le Pérou est situé sous une latitude extrêmement favorable pour ce genre de fabrication.

Les principaux centres de production sont situés dans des régions où les chutes de pluie sont ra­ res: les installations sont donc en plein air et les millions de sacs de produits finis peuvent être empilés sans néces­ siter un toit permanent, ce qui maintient les coûts de pro­ duction à un niveau assez bas.

La grande dépendance d'une seule espèce de poisson pê­ chée comporte de nombreux risques, et la pêche péru­ vienne de l'anchois n'échappe pas à cette règle.

Tout le système écologique du Pérou dépend de l'effet d'ascen­ dance causé par le refoulement loin des côtes du courant de Humboldt, mais ce phénomène n'est pas totalement fiable.

Certaines années, un courant tropical chaud, qui s'arrête normalement à l'équateur, pousse plus vers le sud en direction du Pérou, où il a tendance à recouvrir les eaux froides du courant de Humboldt.

Lorsque ce phénomène coïncide avec des vents faibles le long des cô­ tes péruviennes, ce courant n'est pas repoussé vers le lar­ ge et une ascendance très faible se produit: ce phénomène est connu localement sous le nom de El Nino.

Le manque de sels nutritifs empêche le phytoplancton de se repro­ duire dans les proportions habituelles.

De ce fait, des millions d'anchois sont condamnés à mourir, ainsi que les oiseaux qui en dépendent.

El Nino est apparu à inter­ valles irréguliers en 1891, 1941, 1953, 1958 et 1972.

Jusqu'en 1972, l'anchois possédait de grandes chances de survivre à ces années exceptionnelles d'infortune, et le stock se rétablissait rapidement de lui-même.

Mais les quantités supplémentaires prélevées sur le stock d'an­ chois par la pêche de 10 millions de tonnes, ajoutées à la mortalité naturelle infligée par les oiseaux et autres ani­ maux , furent une épreuve insurmontable.

En 1972 , El Nino porta un grand coup à l'exploitation de la pêche à l'anchois et les quotas de prises annuelles furent réduits à 2 millions de tonnes par an.

La plupart des navires équi­ pés pour l'anchois ont été convertis pour pêcher d'autres espèces, et tout tend à prouver que le Pérou cherche à di­ versifier ses efforts de pêche, afin de ne plus dépendre d'une seule espèce.

Une leçon importante à tirer de l'expérience péruvienne, mis à part le danger constitué par la surexploitation d'u­ ne espèce, est que ce phénomène d'ascendance n'est cer­ tainement pas unique.

Des recherches effectuées dans d'autres zones tropicales , particulièrement dans l'océan Indien, ont révélé des stocks formidables de protéines dans les courants ascendants, à proximité des pays dont les besoins alimentaires sont les plus grands.

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