L' Ecole des femmes de Molioère
Publié le 09/04/2013
Extrait du document
«
EXTRAITS
Droits et devoirs de l'épouse selon Arnolphe
ARNOLPHE
Le mariage , Agnès, n'est pas un badinage,
Ad' austères devoirs le rang de femme engage,
Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,(.
.
.)
Et ce que le· soldat, dans son devoir instruit,
Montre d'obéissance au
chef qui le conduit,
«Ce n'est de mes bienfaits qu'un simp le échantillon./
Toute la courtoisie enfin dont
je vous presse / C'est que je puisse voir votre
belle maîtresse.
» Le valet à son maître, un enfant à son père,
A son supérieur
le moindre petit frère,
N'approche point encor de
la docilité,
Et del' obéissance, et del' humilité.
(.
.
.)
Songez qu'en vous fais a nt moitié de ma personne,
C'est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne ;
Que cet honneur est tendre et se blesse de peu ;
Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu.
«Quelques voisins m'ont dit qu'un jeune homme inconnu/ Était en mon absence à la maison venu.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
« En réalité, ce que les contemporains
sentirent, c'est que la comédie venait, avec
Molière, de s'enfler d'une autre ambition, et
que, pour commencer, elle venait dans
L' École des femmes de toucher obliquement
à la grande question qui divisait alors les
esprits.
Ils reconnurent dans
L' École des
femmes
une intention qui la passait elle
même.
Il leur parut enfin que ce poète
franchissait les limites, qu'il étendait les
Ch armante ingénue
ARNOLPHE
Quoi! c'est la vérité qu'un homme ...
AGNÈS
Chose sûre.
Il n'a presque .bougé de ëhez nous,
je vous jure.
ARNOLPHE, à part.
Cet aveu qu'elle fait avec sincérité
Me marque
pour le moins son ingéJµâté , haut.
Mais il me semble, Agnès , si ma mémoire est bonne,
Que
j'avais défendu que vous vissiez personne.
AGNÈS
Oui, mais, quand je l'ai vu, vous ignore z pourquoi,
Et vous en aurie z fait , sans doute , autant que moi.
ARNOLPHE
Peut-être ; mais .enfin contez-moi cette histoire.
AGNÈS
Elle est fort étonnante et difficile à cro ire.
J'étais sur
le balcon à travailler au frais,
Lorsque
je vis passer sous les arbres d' auprès
Un jeune homme bienfait, qui, rencontrant ma vue,
D'une humble révérence aussitôt me salue : (.
..
)
Il passe, vient, repasse, et toujours de plus belle
Me fait à chaque
foi s révérence nouvelle ;
Et moi, qui tous ces tours fixement regardais,
Nouvelle révérence aussi
je lui rendais .
droits de son art jusque sur des objets qui
devaient leur demeurer étrangers, qu'il
sortait insolemment de son rôle d'amuseur
public.
» F.
Brunetière, La Revue des Deux
Mondes,
1er septembre 1890.
Personne plus que Louis Jouvet n'aura
contribué
à insuffler au théâtre de Molière
une jeunesse nouvelle.
Le nom de ce grand
homme de théâtre mérite surtout de rester
attaché
à l'éclatante résurrection de L' École
des femmes,
en 1936, à l' Athénée.
Paul
Léautaud écrit à ce propos : «Certes ,
Arnolphe doit faire rire, cependant, pour
moi ,
j'ai sans doute l'esprit mal fait ; jamais
je n'ai pu rire de ce personnage.
En voyant
monsieur Jouvet rendre si bien sur son
visage en aparté les déchirements
d' Arnolphe au récit d 'Horace, en même
temps qu'il s'efforce de rire
et de trouver
bien bons les tours joués
à lui-même par le
jeune homme , les larmes me venaient
presque.
» Paul Léautaud, Le Théâtre
de Maurice Roissard, Gallimard; 1958.
1 portrait de Molière par Pierr e Mi gna rd (déta il), mu sée de la Comédie-Française/ J.
L.
Charmel 2 , 3 , 4 ill.
de R.
B e ltz, Club du Livre, Paris/ D.R.
MOLIÈRE07.
»
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