L'EMBARQUEMENT DE A LA DUCHESSE D'ANGOULEME DE GROS ANTOINE

« L'EMBARQ UEMENT DE A lA DUCHESSE D'ANGOULEME 1819 Peintre français Analyse ......, Ce tableau représente le départ de la duchesse d'Angoulême, la fille de Louis XVI, dite aussi Madame Royale.

Celle-ci avait orga­ nisé une résistance tenace lors des Cent-Jours qui avaient suivi le débarquement de Napoléon à Cannes en mars 1815, mais elle avait dû, en définitive, quitter Bordeaux et se réfugier en Angleterre, avant de se rendre à Gand pour y retrouver son oncle Louis XVIII.

Gros a choisi de représenter le moment où la duchesse, con­ trainte d'abandonner sa patrie, est entourée d'une foule de personnages qui lui sont restés fidèles.

Leurs gestes, leurs regards et leur disposi­ tion contribuent à mettre en évidence sa figure pathétique, et donnent à l'ensemble de la scène des résonances théâtrales.

L'expression amère de son visage exprime toute sa douleur.

Son élé­ gance est mise en valeur par la robe blanche et le chapeau à plumes d'autruche, véritable panache dont elle distribue quelques éléments à ceux qui lui sont les plus dévoués.

Tous les protagonistes de la scène sont vêtus à la mode de l'époque avec une ostentation qui montre le souci de l'artiste d'actualiser l'événe­ ment.

Le ciel sombre et nuageux laisse présager un orage et cette menace atmosphérique exprime xvm e.xœ siècles Huile sur toile 320 x 504 c m les périls du départ.

L'émotion générale, la nature qui se fait l'écho des sentiments humains, et la modernité de cette scène contemporaine expriment les tendances romantiques de l'artiste, ancien élève de David.

Mais en dépit de ces caractères proches du Radeau de la Méduse de Géricault peint la même année, le tableau souffre du sentimentalisme historique un peu rhétorique qui caractérise la majeure partie de la production artistique de la Restauration.

L'œuvre C À l'origine, ce tableau- dont le titre exact est L'Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac - était destiné à la galerie de Diane aux Tuileries.

Gros l'exposa au Salon de 1819 et le suj e t de l'œuvre fut sévèrement jugé par Jal qui écrivit à cette occasion : «De pénibles souvenirs se rattachent à cet épisode de notre histoire moderne.

Ce n'est point ici le lieu de les rappeler, je crois même qu'il est impolitique au gouvernement de proposer aux artistes des sujets de la nature de celui-ci.

» Un modèle de courage + L'avènement de Bonaparte a fortement relancé la peinture d'histoire, destinée à glorifier la geste napoléonienne.

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre la peinture de David, comme celle de Gros, de Girodet et de l'ensemble des peintres qui se sont illustrés sous son règne.

A cette époque, l'art est surtout destiné à évoquer les valeurs morales traditionnellement liées à l'Antiquité romaine, et plus particulièrement l'exaltation de la patrie et le sacrifice individuel.

Le goût affirmé des artistes pour les scènes de l'histoire contemporaine contribue à actualiser ces valeurs et à leur donner plus d'impact aux yeux du public.

En fait, l'objectif de la peinture d'his­ toire était de donner aux spectateurs et aux géné­ rations à venir un exemplum virtutis (un « modèle de courage» ), Après bien d'autres, Napoléon avait parfaitement compris comment utiliser l'art pour servir sa propre propagande politique.

Il ne manqua pas d'exercer un contrôle sévère sur l'en­ semble de la production artistique impériale.

Avant lu~ Louis XIV avait montré l' exemple en utilisant le talent des artistes et des artisans au service de son rayonnement politique.

Du même peintre : PICTO 611 à 618 Photo musée des Beaux-Arts, Bordeaux.

@ Nardini Editore, 1993 .

VPC Larousse-Laffont pour l'édition française 1993 20-23 ------------------------------------~~------~. »