Henry de MONTHERLANT : Les Jeunes Filles

« Photo Age n ce üerna nd Si l'on a pmfois ac­ cusé Montherlant de rhéteur, c'est pour son style noble et limpide.

Il s 'en est toujours défendu en proclamant la sensi­ bilité de son art.

Le livre Casse-tête sentimental P ierre Costals est un écrivain qui réussit.

Son penchant pour le libertinage l'entraîne dans une succession d'aven­ tures qui ne l'engagent en rien.

Costals est pourtant harcelé par des jeunes filles exaltées qui, pour avoir trop admiré son œuvre, lui vouent un amour sans limite .

Thérèse Pantevin, jeune fille laide et mystérieuse, raconte à la fin du roman la crise d'hystérie qui caractérise sa frustration amoureuse ; la jeune et jolie Solange Dandillot, que Costals apprécie pour ses charmes et son esprit simple et sans prétention, perçoit le désaccord de leurs sentiments ; Andrée Hacquebaud , plus sen­ sibl e et plus intellectuelle, réclame sur un ton pathétique l'amour de l'écrivain pour elle qui s'offre à lui sans conditions et dans un élan de pureté remarquable .

Les rencontres d'Andrée et de Costals suscitent une réflexion très dure et très partiale sur les rapports entre hommes et femmes.

Une œuvre controversée L es Jeunes Filles est le titre du premier roman d'une série qui porte le même nom :Les Jeunes Filles, et qui compte aussi Pitié pour les femmes, Le Démon du bien , Les Lépreuses.

On y retrouve les mêmes personnages qui évoluent autour de Costals, protagoniste manipulateur.

La parution des Jeunes Filles a entraîné une grande polémique et des réactions contra­ dictoires.

Provoquant tout à la fois la haine et 1 'admiration, Montherlant s'est attiré une réputation d'écrivain misogyne à partir de ce roman.

Cependant, Les Jeunes Filles révèlent son talent.

Très influencé par Les Liaisons dangereuses, le roman­ cier se fait aussi le narrateur omniscient de la pensée et des sentiments de son héros.

Il mêle ainsi deux genres qui se com­ plètent et aboutissent à définir les personnages avec une gran­ de finesse psychologique.

Par son ton cruel et cynique , l'œuvre choqua l'opinion.

En effet , elle présente les deux sexes comme deux groupes rivaux : deux natures fondamenta­ lement différentes s'affrontent.

De cette antinomie, il résulte que la victime est la femme non seulement de par sa condition mais surtout de par sa nature.. »