Jean COCTEAU : Opium

« Photo co llec tion Lau sa! 1 Ex plore r De no mbreux écrits d e Jean Cocteau re ­ lat ent so n expéri en ce tox ic omane, ou s' en inspirent.

Ainsi Opé­ ra est véritablem ent /'œ uvr e d'un opio ­ man e, les poè me s de Plain-Chant (192 3) e t la Lettre à Jacques Maritain , éc rite en 1925 , cé lè brent les vertus de /' opium .

Le livre L'expérience de l'opium E n 1923 , la mort de Raymond Radiguet plonge Cocteau dans un profond désarroi .

C ' est alors que , sous l'in­ fluence de L.

Lamoy, il s'initie à l'opium .

D ' un simple désir d'évasion à l'esclavage , le pas est vite franchi .

Il décide alor s en 1925, sur les conseils de Pierre Reverdy et Jacques Maritain, d'entreprendre une cure de désintoxication .

Et c'est pendant son séjour aux Them1es qu' il compose les dessins et poèmes de Maison de sant é.

Mais , malgré cette tentative de sevrage, il récidive à son retour et doit de nouveau se faire hospitaliser.

Il entre alors à la cliniqu e de Saint-Cloud le 16 décembre 1928 et y reste jusqu 'en avril.

Pendant ces cinq mois, il tient un journal qui sera publié en 1930, sous le titre d'Opium, agrémenté de notes et de graphiques .

Il y évoque les effets que lui procurait la drogue : une euphorie éphémère, un repli sur lui-même, une distor sion du temps et de 1 'espace , des états hallucinatoires et un sentiment de "confort" moral qui lui permettait d'oublier sa peur de la mort.

Il avoue sa difficulté d'en sortir et de retrouver une triste réa­ lité, inévitablement accompagnée de souffrance.

L'expérience poétique M ême si l' opium envahit l'espace textuel , il n'en est pas la seule composante .

De nombreux thèmes s'entre­ lacent : l'obsession de la mort , le pouvoir de l'écriture et du dessin dans sa vie, l'image du miroir à laquelle se rattache la cé lèbre figure de l'ange Heurtebise.

Ce personnage symbolise l'irruption du divin dans l'être, le poète étant pour Cocteau un homme habité qui perçoit la création.

Mais malgr é la multiplicité et la divergence des thèmes qu'il y aborde , il réussit à donner à son œuvre une certaine concision.

Cette dernière provient d'un style épuré, qu'il définit ainsi : "une manière d'épauler, de viser, de tirer vite et juste ", et qui se concrétise par une pléthore de formu les lapidaires.

Mais ce côté presque ascétique de 1 'écriture est contreba lancé par un débordement imagé, propre au délire onirique, par la finesse de son humour et de son esprit de rupture.. »