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Lecture analytique : Jules Laforgue, « Apothéose »

Publié le 02/10/2010

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lecture

 

Introduction :   le poème est extrait d’un recueil de poèmes datant de 1881 (sans doute appartenant au recueil de poèmes jamais paru, Le sanglot de la terre) . Le texte est d’abord dédié à Paul Bourget, poète et romancier grâce auquel Jules Laforgue avait pu obtenir le prestigieux poste de lecteur attitré de Augusta de Prusse.

Le poème est un sonnet qui témoigne de l’influence du symbolisme de Baudelaire : on recherche l’émotion en s’attachant à évoquer des sensations gràce à la musique des mots (ce que l’on nomme les « correspondances « dans la poésie symboliste). Le poème témoigne de la recherche d’images originales, nouvelles pour échapper aux clichés, il essaie de transcrire l’imaginaire.

Ici, cette richesse des images, ces correspondances s’expriment dans une forme fixe : le sonnet, qui impose une progression, une logique, la création de liens entre les quatrains et les tercets. Mais le poème nous parle également du rôle de la poésie et du poète.

Problématique : quelle image de la poésie permet de créer le sonnet ici ?

 

     I) le thème de l’espace

par l’évocation des lieux, le poète suggère l’idée d’un « rétrécissement « qui se construit au fil du sonnet.

 

        1) des lieux multiples

Les mentions des lieux sont nombreuses : on part d’espaces plus larges en allant vers un point précis, comme si l’œil effectuait un « zoom «.

V3 : « des jardins « / V5 : « là-bas «/ V5 : « dans ce coin inconnu « / V10 : « et sur l’un « / « la Terre « / « un point jaune « / « Paris «

Ainsi, le sonnet est structuré autour de cette idée de rétrécissement :

    - premier quatrain : espace large et rempli de mouvement

    - deuxième quatrain : un coin, espace plus réduit

    - premier tercet : un « essaim «, un point, Paris,  et finalement le poète seul au V11 : « le pauvre fou «

Ce phénomène de rétrécissement est accentué par le rythme de certains vers :

    - V2 : allitération en R qui ralentit la diction, donnant la sensation d’un mouvement lent (comme celui des planètes, des astres)

    - V10 : l’alexandrin est découpé en groupes de syllabes : 3+ 3 + 3 + 2 . Impression de rythme, de répétition puis effet de chute .

    - V11 : allongement progressif des syllabes : 1 + 2 + 3 + 6  crée une sorte de « suspens «.

= donc dans le poème, le lecteur est comme guidé, à travers un voyage où se mèlent les mouvements et les sons, vers le poète lui-même. Mais le thème du rétrécissement n’est pas le seul à mettre en valeur la présence du poète dans son texte.

 

        2) de la multiplicité à l’unicité

En parallèle avec le thème du rétrécissement, le texte évolue de l’idée de la multiplicité vers quelque chose d’unique :

    - premier quatrain :  on a systématiquement la marque du pluriel et l’évocation d’éléments qui font référence à des quantités multiples : « en tous sens «, « fourmille «, « grappes d’astres d’or «,  « des jardins « «  sablés «= grains de sable.

Le pluriel  semble évoquer ici l’univers dans lequel évolue le poète.

Paradoxalement , cette idée de quantité, de profusion des éléments s’accompagne de l’évocation d’une solitude au vers 4 : « chacun «, « morne «, « très solitaire «.

 

A l’inverse, les images suggérant, décrivant le poète sont au singulier, évoquent le caractère de ce qui est unique :

    - V 7 : « patriarche « = celui qui est le plus ancien, que l’on respecte, un seul dans une famille

    - V 7 et 11 : « une étincelle «, « une lampe « : la lumière unique, celle qui guide, qui montre le chemin

    - V 11 : « un pauvre fou « : celui qui est seul et différent.

Au bout du poème : le sonnet (V14) qui semble être le résultat de la rencontre entre un univers fantastique et du poète

 = donc : la multiplicité représente la richesse de la matière poétique

               L’unicité représente la faculté du poète à transformer cette richesse en objet unique, une « merveille «. Le thème évoque également la solitude du poète.

 

        les caractéristiques de l’univers évoqué

 

        3) un monde de mouvement et de lumière : la vie sous toutes ses formes

- L’univers du poète est un monde constamment en mouvement :

    - évocation d’un monde qui grouille de vie par des métaphores animales : V 1 « fourmille «, V9 « essaim «

    - évocation de mouvements plus lents, rythme grandiose de l’univers : V2 « tournoiments « des astres

    - évocation de mouvements rapides, vifs : « pétille «, « tremblote «, « clignotement «

 

- l’univers du poète est un monde lumineux : « astres d’or «, « diamants «, « scintille «, « étincelle «, « lampe «, « miroir «, « jour «

 

Plusieurs termes appartiennent à la fois au champ lexical de la lumière et à celui du mouvement : « pétille «, « tremblote «, « clignotement «.

 Ces deux idées sont donc mélées pour créer une impression de monde cosmique, la représentation d’un espace dans lequel grouille la vie.

 

        4) un monde de tristesse de solitude :

les termes évoquant la vie se trouvent dans les deux quatrains mais ils sont parfois, dans  cette même partie du texte, associés à d’autres termes opposés qui évoquent la tristesse, la solitude :

V1 : c’est le « silence « qui « fourmille «

V4 : c’est « chacun, morne et très solitaire « qui « scintille «

V 5/6 : le verbe « pétille « (= la vie, la joie) est associé à l’adverbe « mélancoliquement « (= la tristesse)

= Ainsi, le poème décrit un monde complexe fait d’éléments qui se complètent et s’opposent tout à la fois. La seule interprétation plausible est donnée dès le début du poème , au vers 1 avec l’expression « en tout sens « qui peut se comprendre de deux manières :

    - le mouvement des éléments décrits dans le poème

    - la manière dont il faut lire le texte

conclusion : ce n’est pas un texte qui a une seule interprétation possible, chaque lecteur y voit sa propre signification selon sa personnalité, sa sensibilité. Et chaque idée, sensation suggérée par le poème est à mettre en rapport avec tous les autres. Ainsi, chacun construit sa propre lecture du texte.

 

        5) la place du poète dans ce monde

Elle est liée au phénomène de rétrécissement :

   Dans le deuxième quatrain, la lumière et le mouvement diminuent progressivement pour arriver à une atmosphère plus douce, plus tranquille que dans le premier quatrain : « une étincelle «, « un doux clignotement «. Au bout de cette transformation , on trouve mis en relief au début du vers 8 le terme de « patriarche « qui désigne le poète.

    - Le terme « patriarche « crée une métaphore : le poète est vu comme le « père de famille «. Cette famille est décrite et permet d’associer le poète au monde crée dans le premier quatrain :

         • V 8 : « éclaireur « associe le poète au thème de la lumière

         • V 9 «  un essaim  « l’associe au thème de la multiplicité

         • V 9 «  globes lourds « l’associe à l’idée du cosmos ( comme les « grappes d’astres d’or « au vers 1)

         • V9 « fleuris « l’associe à l’idée de la vie en général

La « famille « du poète serait donc le monde évoqué au début du poème, le poète lui-même serait un des éléments de ce monde de lumière et de mouvement.

    - Dans le dernier tercet, on utilise pour désigner le poète le mot « miroir « V 13 : le miroir est ce qui emprisonne la lumière, ce qui renvoie le reflet de la réalité. Cette image évoquerait le pouvoir de création du poète qui capture la réalité du monde qui l’entoure pour en renvoyer la beauté, transformer cette réalité grâce au pouvoir du langage.

 

    II) Quelles définitions du poète trouve-t-on dans ce texte ?

 

        1) un solitaire

c’est l’image la plus concrète du poète que le texte nous donne :

      -  V 11 « un pauvre fou qui veille « : on évoque ici le poète solitaire, marginal, un artiste exclu de la société, incompris. Concrètement, un homme qui ne voit pas le monde comme les autres ( et la description que l’on a de l’univers nous le confirme) et qui travaille seul, la nuit, perdu dans son monde à lui .

  -  V 10  on cite « Paris «, seul point de repère concret et réel du poème. Cela associe le poète au monde réel, à la société. On pense à tous ces « artistes maudits « qui peuplaient les greniers de la capitale au début du siècle, qui écrivaient des textes pour survivre mais qui n’avaient bien souvent ni de quoi manger, ni de quoi se chauffer en hiver .

 

2° ) un magicien

V 12 : « Dans l’ordre universel, frêle, unique merveille «

        -     L’adjectif « frêle « est comme emprisonné entre deux « géants « : ce vers évoque deux aspects contradictoires du poète, il est à la fois fragile et extraordinaire.

    - le mot « merveille « qualifie le poète mais peut ici qualifier aussi le monde décrit dans le primier quatrain (c’est le principe de ce que l’on nomme les « correspondances « en poèsie), cela permet d’intégrer complètement le poète au monde évoqué plus haut ; ils ne font qu’un et possèdent la même magie.

    - L’image du « miroir « au vers 13 : le poète est celui qui réfléchit et transforme en poèsie, en beauté ce qu’il voit, il est une sorte de créateur qui a le pouvoir de transformer le réel.

 

        2) Un poème qui est la preuve de ce « pouvoir « du poète

 Le poème se termine par les mots « puis il en fait un sonnet «, or ce poème est un sonnet . On suggère donc que le poème dont on parle est celui la même que l’on vient de lire = c’est une mise en abyme

Ceci constitue une « preuve « du pouvoir du poète : arrivé à la fin, le lecteur est invité à le relire pour vérifier si il y retrouve la beauté et la magie évoquée. Ceci suggère aussi qu’un poème ne se contente pas d’une seule lecture : le poème fait une sorte de « boucle «, signifiant qu’il faut le lire et le relire encore pour enrichir son sens à chaque fois.

Le poète a ainsi réussi à décrire le poème en train de se faire, prouvant son « pouvoir de magicien du langage «.

 

CONCLUSION :  le sonnet retrace, en quelque sorte, la composition d’un texte poétique en montrant la position du poète dans un monde lumineux et vivant. Le poète apparaît dans ce texte sous différentes facettes : le poète mal-aimé, incompris mais aussi le magicien des mots, capable de voir et de traduire la beauté du monde là où le commun des mortels est aveugle.

Le titre du poème s’explique maintenant facilement : le terme « apothéose « peut prendre trois  sens :

    - c’est le fait de deïfier (élever au rang d’un dieu) un héros : dans  ce cas , le poète est celui qui possède effectivement quasiment un pouvoir divin ( référence au mythe d’Orphée qui donne naissance au lyrisme poétique)

    - le terme désigne aussi l’honneur rendu à quelqu’un : peut-être ici l’honneur que Jules Laforgue a voulu rendre à Paul Bourget en lui dédiant son texte.

    - La dernière signification est « épanouissement sublime « : le poème s’épanouit effectivement harmonieusement à partir d’éléments apparemment contradictoires, ce qui en fait sa richesse.

   Lecture analytique : « Impromptu « d’Alfred de Musset, dans Poésies nouvelles

 

   Introduction : Alfred de Musset, poète et dramaturge français du XIXè siècle est considéré comme un des auteurs phares du romantisme. Ce court poème appartient au recueil Poésies nouvelles  qui regroupe les textes écrits en majorité après sa rupture avec George Sand, à une période de sa vie où le poète s’interroge sur son rôle, sur le sens de sa vie en tant que poète. Ce recueil contient en particulier les poèmes intitulés les Nuits, qui consistent en un long dialogue imaginaire entre le poète et sa muse.

   Dans cet « impromptu «, Musset répond à la question « qu’est-ce que la poèsie ? « sous la forme de consignes exprimées par une suite de verbes à l’infinitif. Cependant, malgré la simplicité apparente de la réponse de l’auteur, se cache une conception très précise du rôle du poète et de la poésie.

   Problématique : quelle définition de la poésie nous donne l’auteur ? Comment la forme même du poème l’exprime-t-elle ici ?

 

        I) un court poème improvisé ? ou une vraie définition ?

Si l’on s’en tient à la définition, un  « impromptu « est : une petite pièce littéraire ou musicale que l’on inventait lors de réunions mondaines, considérées comme des jeux de l’esprit. ( surtout pratiqué au XVII et XVIIIè siècles).

Le texte de Musset pourrait donc être considéré comme un poème mineur, simple amusement mais il apparaît cependant très travaillé.

 

     1) Une forme plus rigoureuse qu’il n’y paraît

    - la mesure des vers : des alexandrins sauf V10, le vers qui résume la conception du poète pour le mettre en valeur.

    - Les diérèses (prononciation d’une syllabe en 2 sons bien distincts) : V11  et V12, les mots « passion « et « ambition « , la diérèse allonge le son pour montrer l’importance de ces deux sentiments dans la conception de la poésie. Par ailleurs, ces deux mots sont antithétiques, ce qui exprime la compléxité du rôle du poète.

    - La recherche des rimes :

         • alternance rimes masculines (sans E muet) et rimes féminines (avec E muet) : « pensée/balancée « pour les féminines, « pourtant/ instant « pour les masculines , cela est vrai tout au long du poème.

         • Présence de rimes internes (mots qui riment à l’intérieur des vers et non pas à la fin) : V8 « sourire/ soupir « et

        V1 et 2 « souvenir/ tenir)

    - le rythme : les vers sans ponctuation alternent avec les vers contenant des énumérations : par exemple comparez les vers 1, 2 et 4 avec les vers 3 et 5. Le rythme du poème est ainsi inégal et donc plus musical .

 

= le poème témoigne d’une recherche de musicalité qui l’éloigne de l’idée de simple improvisation.

La structure du poème vient confirmer cette idée : le texte est construit sur une progression logique, d’abord une suite de consignes à l’infinitif ( V 1 à 10) puis la conclusion logique qui en découle (V11 et 12).

 

Conclusion : « impromptu « dans le titre mais en réalité pas une improvisation, la forme du poème témoigne d’un travail et d’une réflexion poussée.

 

     2) Une définition ?

      Par rapport à la question initiale, mise en caractère d’imprimerie et en exergue du poème, on s’attend évidemment à une définition classique de la poésie, comme celle du dictionnaire :

      « Art de combiner les rythmes, les mots d’une langue pour évoquer des images, suggérer des sensations, des émotions «

      le poème correspond certes à cette définition mais le poète a voulu aller plus loin et exprimer l’essence même de la poésie. Pour cela , il utilise une succession d’infinitifs : en tout 12 actions sont exprimées :

      « chasser, fixer, tenir, éterniser, aimer, chercher, écouter, chanter, rire, pleurer, faire (deux fois) «

      =  le fait d’utiliser des verbes montre une volonté de ne pas définir la poésie en tant qu’objet fini, mais au contraire de la montrer comme une quête, une recherche en train de s’effectuer, quelque chose de vivant également.

      Ainsi, l’auteur nous montre surtout le travail du poète, le processus de création lui-même.

 

      Dans la liste des verbes, on constate que les verbes d’action alternent avec des verbes évoquant des sentiments : cela permet de montrer d’une part « la matière première « (les sentiments) de la poésie, et d’autre part la démarche de travail (les verbes d’action).

 

      Le poème de Musset est donc un exemple de poésie en « train de se faire «, on peut donc y trouver les sources d’inspiration du poète ainsi que la démarche de création et les difficultés rencontrées.

 

       II) La démarche de la création poétique

 

           1) les sources d’inspiration du poète

Les sources d’inspiration du poète apparaissent dans  les compléments des verbes :

                   • le domaine intellectuel :

                  - V1 « fixer la pensée « : le poète lui consacre trois vers et met le mot à la rime, ce qui prouve l’importance de l’intelligence et la réflexion pour l’écriture poétique.

                  - Le vers 2 évoque « le bel axe d’or « : métaphore de l’équilibre : la poésie est vue comme une harmonie, un équilibre parfait ;

    - le vers 3 énumère trois termes « incertaine, inquiète, immobile « : le troisième s’oppose aux deux premiers pour souligner le paradoxe entre le raisonnement, qui exige de la rigueur et la poésie, plus imprévisible. On montre ainsi que même si elle n’est pas faite pour exprimer la logique et l’abstraction, elle y parvient cependant. (et effectivement, il est facile de constater que la poésie est autant faite de nombres, de parallélismes que de langage et de connotations !)

         • le domaine du temps :

        V1 « chasser tout souvenir « : ici le verbe a le sens de « guetter, chercher à prendre «

        V 4 « éterniser…un instant « 

        = la poésie est ce qui fixe le souvenir : un moyen de vaincre le temps et l’oubli

         • le domaine des émotions, des sentiments :

        le lexique de l’affectivité est abondamment développé :

        V6  « écouter dans son cœur « : la source des sentiments, le verbe évoque l’idée que le poète est attentif à ses propres perceptions , c’est l’introspection pratiquée par les auteurs de la période romantique.

        On trouve toutes les manifestations liées au cœur : « chanter, rire, pleurer, sourire, soupir, larme «

        = le poème exprime tout ce qui vient du cœur, heureux ou malheureux, les sentiments sont la « matière première « du poème.

 

           2) la démarche de la création

                   • chercher, rassembler : le poète commence par réunir les matériaux nécéssaire à son poème. Les verbes « chasser « V1, « chercher «V4, « écouter «V5 montrent la création comme un travail de recherche, de patience.

                   • Transformer : l’idée de métamorphose par le langage est suggérée de multiples manières :

    - V1 « fixer « : écrire, donner une forme immuable

    - V4 « éterniser « : immortaliser l’instant, la sensation qui s’y rattache

   = ces deux verbes apportent au poème une valeur d’éternité : il traverse le temps, les sentiments mis en poésie ne peuvent plus mourir.

    - les compléments de ces mêmes verbes sont « la pensée « et « le rêve « : deux notions abstraites. Le passage à  l’écriture permet de les rendre plus concrètes, de leur donner une forme. La poèsie est donc aussi ce qui donne un langage, une éxistence réelle à ce qui n’est qu’abstraction.

    - V 8 et 10 : répétition du verbe « faire « : c’est le travail, exprimé par le verbe le plus simple possible pour bien montrer le passage à une production , un travail « manuel «.

    - Le vers 10 est le seul octosyllabe :  c’est la conclusion de la démarche poétique, mise en relief. Il est formé sur deux mots-clés qui résument cette démarche de son début  à son aboutissement : « une larme «= le point de départ, « une perle «= l’aboutissement.

 

   Le processus de création de la poésie est inséparable de l’idée de la perfection : la création d’un poème est la quête de cette perfection. Celle-ci s’exprime à travers deux images principales :

         • la « perle « au vers 10 : image de ce qui est permanent, évoque par sa rondeur, son coté précieux l’idée de perfection et de rareté. (la perle rappelle aussi le temps et le travail nécéssaire à son accomplissement : elle se forme peu à peu, au fil des années, par couches successives). Cette image est renforcée par le superlatif « exquis « au vers9.

         • La métaphore de l’équilibre « sur un bel axe d’or « au vers 2 : c’est l’équilibre du nombre d’or qui est rappelé ici, celui qui fonde la perfection universelle. Cette image suggère plusieurs interprétations :

    - « l’axe « rappelle la ligne du vers, celle qui justement transforme la réalité en un langage plus parfait.

    - « la tenir balancée « à la fin du même vers évoque l’harmonie du langage poétique, recherche de la perfection musicale autant que de celle du sens.

 

   Cependant, dans cette quête de la perfection, le poéte n’oublie pas d’évoquer les difficultés rencontrées pour donner une représentation complète de ce qu’est la poésie.

 

           3) Les difficultés de cette création

Elles s’expriment dans les hésitations, les incertitudes du poète :

                   • utilisation de nombreux modalisateurs :

    - V 3 « pourtant « : ambiguité et fragilité de l’équilibre évoqué

    - V4 « peut-être « : laisse planer un doute sur la réalisation finale du projet de création

    - V3 «  incertaine « « inquiète « : personnification de la pensée, on lui prête une sensibilité humaine pour mieux l’opposer au verbe « fixer « et montrer ainsi les incertitudes qui planent sur la réussite de la création parfaite de l’équilibre.

         • certaines antithèses laissent penser que la poésie comporte des éléments contradictoires , mettant en valeur la difficulté à créer une harmonie entre eux :

    - V7 : « chanter, rire « s’oppose à « pleurer «, et « sourire « s’oppose à « soupir «

    - V3 « incertaine « s’oppose à « immobile «

    - V4 « éterniser « s’oppose à « instant «

    - V9 « crainte « s’oppose à « charme «

   = la poésie se nourrit des émotions et des sentiments, de ce qui fait la vie des êtres humains, elle n’échappe donc pas aux contradictions de l’homme.

 

   Conclusion :  Le texte est plus travaillé qu’il n’y paraît : fruit d’une longue réfléxion  sur la poésie, d’une remise en question du travail du poète.

   La poésie est ici envisagée comme un travail qui exige des efforts constants et une quête de la perfection .

   Le poème est original dans sa démarche : une suite de consignes, comme une « recette « que le poète applique lui-même dan s son texte. Le poème est donc une explication et en meme temps un exemple des idées de l’auteur.

 

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