Marcel JOUHANDEAU : Chaminadour
Publié le 22/09/2012
Extrait du document
" Monsieur Jouhandeau ne connaît que son caillou de Maupuy qui n'est peut-être qu'un gravier, et il en parle comme de l'Himalaya", dit un jour une dame devant Jouhandeau. Il ne lui appartenait pas seu lement, en effet de voir sa ville, dans un cadre fait pour elle, mais de l'y bâtir de ses mains, et tel Dieu le Père aux premiers jours du monde, de la nommer. Il lui donna le nom d'une petite fille, amie de sa soeur au couvent de la Croix, qui s'appelait Joséphine Chaminadour. Les habitants eux-mêmes, bon gré mal gré, reçurent le nom de Chantaumois, " du nom du fort Chantaume, qui dominait la ville. " -José Cabanis, Jouhandeau, Gallimard,
1959
«
Marcel Jo uh andeau.
Photo Lipnitzki Viollet.
Marcel Jouhand eau
(1888-1979) fut pen
dant tren te-sept
ans professeur au pen
sionnat Saint-Jean de
Pass y.
Ami de Gide ,
de Paulhan , de Mar
tin du Gard , qui ad
miraient sa pros
e, il fut un proche colla
borateur de La Nou velle Revue Fran
çaise.
Sensuel et ca
tholiqu e mystique ,
moraliste et débau
ché, il semble s'inté
ress er avant tout dans
son œuvre
à saisir les
âm es- et d'abord , avec un certain nar cissisme, la sienne propre.
Le livre
De Guéret à Chaminadour
C
harninadour , c'est le nom que Jouhandeau décide de donner
à une petite ville provinciale , réplique littéraire de Guéret,
le village où
il vit le jour et passa son enfance.
Aucune
géographie ne dessine ce lieu qui se contente de servir de cadre
à toute une série de portrait s, d'anecdotes , de contes brefs qui
petit à petit donnent naissance à
un univers littéraire très riche
sans que
jamais, pour autant , l'on assiste à un véritab le
développement narratif.
La brièveté du trait importe plus, les
habitants sont décrits dans leurs attitudes, leurs paroles ou leurs
manies
et Jouhandeau se défend de donner plus de cha ir à tel
personnage qu'à tel autre, de développer une anecdote plus
qu'une autre.
li s'interdit tout autant de juger ou d 'adopter un
point de vue quelconque sur les instantanés qu'
il nous livre.
Et
cela se remarque jusque dans la forme qu'il donne à son recueil :
aucun narrateur défini ne prend en charge ces courts récits ;
tantôt, la parole est laissée à l'
un des personnages, tantôt on a
affaire à
un ragot dont l'origine est incertaine, d'autres fois c'est
un témoin qui rapporte ce qu'il a vu ou entendu.
Quelquefois
pourtant apparaît un narrateur à la
première personne auquel on
aurait peut-être tort d'identifier trop vite Jouhandeau enfant...
Des êtres singuliers
L
a grand-mère Ginche qui, toute sa vie, n'a eu comme idée
fixe que
de survivre à so n époux ; l'abbé de Clomesnil
qu 'une sourde rivalité oppose au nouveau curé de la paroisse , la
Grande Sophie qui fait profes sion d'être malade et qui passe son
temps allongée sur son
lit: autant d'êtres singuliers qui peuplent
le monde de
Chaminadour.
Jouhandeau se plaignait de n'avoir
aucune imagination et de ne s'être servi que de souvenirs de son
enfance pour rédiger son recueil ; mais son écriture va plus loin
qu '
il ne veut bien l'admettre car à travers elle iJ exhibe- sans
jamais l'expliquer- la nature de ces liens mystérieux qui
permettent tant bien que mal aux hommes de vivre au sein d'une
même communauté..
»
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