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Le personnage de JOSEPH K.

Publié le 22/02/2012

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Ecrivain tchèque d'expression allemande, Franz Kafka est né à Prague en 1883 dans une famille bourgeoise juive. Totalement écrasé par un père autoritaire, le jeune homme souffrira toute sa vie d'un sentiment d'infériorité et de culpabilité. De santé fragile, chétif, Franz Kafka fait des études de droit avant d'entrer sans enthousiasme dans une compagnie d'assurances. Profondément solitaire, inadapté, ne trouvant de consolations que dans la littérature à laquelle il se consacre avec fougue, Kafka rompra à plusieurs reprises fiançailles ou liaisons. Il puise cependant quelque réconfort dans son amitié avec Max Brod (1884-1968), lui aussi passionné de littérature. Atteint de la tuberculose à partir de 1917, Kafka fait de nombreux séjours en sanatorium. C'est au cours de l'un d'entre eux qu'il mourra, en 1924, à l'âge de quarante ans.

« y voir la triple influence d'un père oppresseur, de la tradition judaïque et d'une maladie interprétée comme la punitiond'une faute originelle.L'aspect implacable de la condamnation est encore accentué par un style dépouillé, précis et minutieux, qui réduit lemonde à une machine froide, efficace, d'une incompréhensible rationalité.

Il y a dans les oeuvres de Kafka quelquechose d'inévitable.

La monstruosité des situations est gommée par la banalité du décor et des personnages.Car ces situations démentielles ne sont en fait que des paraboles.

Elles décrivent la situation de l'homme, confrontéà un monde qu'il ne comprend pas et qui ne lui offre que la mort pour toute certitude.

Les oeuvres de Kafka sontd'abord autobiographiques, ce qui explique que le héros y soit désigné par une simple initiale ou par un nom prochede celui de l'auteur.

Mais au-delà de l'autobiographie, elles atteignent une dimension universelle, proposant de lacondition humaine une vision à la fois lucide et désespérée.L'influence du judaïsme se manifeste dans l'oeuvre de Kafka de différentes façons.Sur le fond, elle détermine un sentiment permanent de culpabilité.

La tradition juive se méfie des tentations dumonde, auxquelles elle préfère les enseignements de la loi divine.

Tout acte s'évalue donc plus ou moins en fonctionde cette loi.

C'est pourquoi les héros de Kafka ont tous des comptes à rendre à une autorité, autorité mystérieuseet redoutable qui peut représenter, à la fois, le père et Dieu.

La liberté dont ils jouissent est « conditionnelle » et iln'y a aucune échappatoire.Sur la forme, la tradition juive est riche en paraboles et en contes.

Outre la Bible, on peut citer des oeuvres commele Zohar (livre sacré de la Kabbale) ou Les Contes de Rabbi Nachman du philosophe religieux Martin Buber (1878-1965).

Bien qu'ils n'aient pas de vocation religieuse, les récits de Kafka, en tant que paraboles, s'inscrivent biendans cette lignée.Enfin, n'oublions pas la discussion et l'interprétation de textes, appelée pilpoul, dont les rabbins sont souventspécialistes.

On retrouve dans Le Procès, en particulier dans l'épisode de la cathédrale, une évocation très claire decette discipline. Si ses récits sont désespérés, il faut pourtant se garder d'imaginer un Kafka triste.

Max Brod a rapporté que, lorsdes lectures qu'il faisait de ses textes, Kafka éclatait de rire.

C'est qu'en effet, derrière les descriptions horribles sedissimule le sentiment profond d'une certaine absurdité.

Influencé par la vision mystique de Dostoïevski (1821-1881)et le pessimisme du penseur danois Kierkegaard (1813-1855), Kafka annonce la philosophie de l'absurde qui naîtra enFrance à partir des années 40, avec des auteurs comme Sartre (1905- 1980) et surtout Albert Camus (1913-1960),qui voit dans le sentiment de l'absurde une composante essentielle de la condition humaine.Outre Le Procès, Kafka a laissé des romans et des nouvelles parmi lesquels les plus fameux sont Le Château,L'Amérique et La Muraille de Chine, ainsi qu'un volumineux Journal.

C'est Max Brod qui, se refusant à suivre lesdernières volontés de son ami, en assura la publication.

En France, Kafka a été révélé à partir de 1933 grâce auxtraductions de l'écrivain Alexandre Vialatte (1901-1971). Succès et avatars Découvertes après guerre, les oeuvres de Kafka ont connu un grand succès et l'auteur lui-même fait l'objet auprèsde certains d'un véritable culte.

Son univers onirique et vaguement décalé a inspiré différents cinéastes.Il faut signaler en particulier la curieuse adaptation du Procès qu'Orson Welles a réalisée en 1962, avec AnthonyPerkins dans le rôle de K., Jeanne Moreau dans celui de Mlle Bürstner et Romy Schneider dans celui de l'infirmièreLeni.Citons, plus récemment, le film Le Château (1992) avec Jeremy Irons, dans lequel Steven Soderbergh plonge FranzKafka dans une intrigue policière tout droit sortie de ses livres.Sur le plan littéraire, on retrouve l'influence de Kafka dans certaines nouvelles du grand écrivain argentin Jorge LuisBorges (1899-1986), comme «La Bibliothèque de Babel » ou La Loterie à Babylone », dans le recueil Fictions.Enfin, il faut signaler le cas étonnant de l'écrivain italien Dino Buzzati (1906-1972), dont les thèmes et les procédéssont très proches de ceux de Kafka.

Cas étonnant car Buzzati, qui avait découvert Kafka vers vingt ans, affirmaitne l'avoir vraiment lu qu'à un âge avancé.

Du reste, par une certaine ironie du hasard, le recueil de nouvelles le plusconnu de Buzzati s'appelle...

Le K.Mentionnons aussi, comme une curiosité, la bande dessinée de Marc-Antoine Mathieu, Les Aventures de Julius-Corentin Acquefacques (1991).

Le personnage principal, vivant dans un monde carcéral et bureaucratique, estdiscrètement placé sous le patronage de Kafka.

En effet, son nom, Acquefacques, se lit phonétiquement « AKFAK »,c'est-à-dire Kafka à l'envers !. »

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