Sarmiento, Domingo Faustino

Sarmiento, Domingo Faustino (1811-1888), écrivain et homme d’État argentin, premier président civil de l’Argentine (1868-1874).

Né à San Juan de la Frontera, fils d’un combattant des armées de libération de José de San Martín, Domingo Faustino Sarmiento est obligé de passer une partie de son enfance au Chili. Lorsque Juan Manuel de Rosas prend le pouvoir, en 1835, Sarmiento et sa famille partent en exil, de nouveau au Chili, qui devient de fait sa seconde patrie.

Après avoir été commerçant et gérant de mines à Copiapó, il travaille comme enseignant et journaliste. Il prend la direction du journal El Mercurio et fonde peu après El Nacional. À l’occasion d’une visite du président Rosas au Chili, Sarmiento publie Facundo, Barbarie y Civilización (1845) : une attaque passionnée contre le système politique représenté par Rosas, qu’il considère comme l’expression même du despotisme et de l’arriération des caudillos provinciaux. Cet ouvrage devient vite l’un des classiques de la littérature argentine et sud-américaine.

Cependant, Sarmiento vit toujours au Chili. Il y dirige un institut de formation pédagogique à Santiago et étudie, durant trois ans, les systèmes d’enseignement américain et européen pour le compte du gouvernement chilien. Il lui faut attendre 1852, le régime de Rosas ayant été renversé à Monte Caseros, pour rentrer en Argentine.

En 1868, après avoir été ministre délégué de son pays aux États-Unis, au Pérou et au Chili (1864-1868), Domingo Faustino Sarmiento est élu président de la République argentine. Son gouvernement est placé sous le signe de la pacification politique, malgré quelques rébellions de caudillos locaux et les nombreux soulèvements d’Indiens qu’il réprime. Il encourage les projets visant à améliorer la communication et le transport intérieurs, l’instruction publique et l’immigration européenne ; pour la mise en place de cette politique, il initie de nombreuses concessions aux compagnies ferroviaires britanniques — ce que ses opposants lui reprochent.

Sur le plan militaire, l’intervention de Sarmiento est capitale dans l’achèvement de la guerre du Paraguay, dite « de la Triple-Alliance « (1865-1870).

Sarmiento est également l’initiateur du premier recensement national de 1869, qui permet de mieux connaître la réalité du pays — un pays qui est fêté lors de la première exposition nationale de Córdoba, laquelle présente les richesses argentines (y compris aux Argentins eux-mêmes) et attire les investissements européens. En 1874, au terme de son mandat, Nicolás Avellaneda (également un civil) lui succède.

La vocation pédagogique de Domingo Faustino Sarmiento est ancienne ; il a déjà pu la mettre en application durant son exil chilien et s’y consacre de nouveau à son retour au pays. En 1856, il est nommé directeur d’éducation par la municipalité de Buenos Aires. Il s’occupe également de ce secteur lorsqu’il est promu gouverneur de San Juan, en 1862. Admirateur des progrès accomplis par les États-Unis dans le domaine de l’instruction scolaire, Sarmiento cherche à appliquer les méthodes d’enseignement qu’il y a découvertes lors de ses séjours d’étude — plus encore lorsqu’il apprend, grâce au recensement de 1869, que près de deux tiers des Argentins sont analphabètes.

Son mandat marque donc une nette amélioration du système scolaire : le nombre d’élèves inscrits en primaire est multiplié par quatre et des centaines d’écoles, générales et techniques, sont fondées dans tout le pays.

À la fin de sa présidence, Sarmiento continue d’ailleurs d’exercer un rôle politique de premier ordre, tout en déployant ses efforts dans le domaine de l’instruction publique. La loi argentine de 1884 recueille l’essentiel de ses idées en matière d’éducation. Et lorsqu’il meurt au Paraguay, il travaille encore sur un projet de loi générale pour l’extension de l’instruction publique.