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sigillographie

Publié le 13/04/2013

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1   PRÉSENTATION

sigillographie, étude historique des sceaux.

Les sceaux constituent depuis longtemps des objets de curiosité pour les collectionneurs. Comme les monnaies, ils ont commencé à faire l’objet d’une étude méthodique au milieu du XIXe siècle. Le terme sigillographie a été officialisé en 1872 par Émile Littré.

2   CARACTÉRISTIQUES DES SCEAUX

Les sceaux sont la marque authentifiant un acte écrit, public ou privé. Ils sont composés d’une galette de cire rattachée au document par placage ou par suspension. S’ils ont été employés par les civilisations de l’Orient ancien et par les Égyptiens, puis par les Romains, les sceaux n’ont pas été utilisés pendant les temps mérovingiens. À partir de Charlemagne, les actes scellés sont devenus la règle pour l’État, puis la pratique s’est diffusée dans l’ensemble de la société — familles nobles et bourgeoises, ecclésiastiques, corporations, municipalités —, tandis que l’usage étatique des sceaux a été codifié dans les chancelleries d’Europe : outre la taille des sceaux, leur forme (le sceau métallique, ou bulle, étant réservé aux empereurs et aux papes), la présence de contre-sceaux (une empreinte de petite taille sur le revers ; celui de Philippe Auguste était une simple fleur de lis) destinés à lutter contre les faussaires, la nature et la couleur des lacs rattachant le sceau à l’acte (lacs de soie pour les actes perpétuels des rois de France), tout est devenu élément signifiant d’authentification.

La sigillographie doit donc analyser à la fois les constituants du sceau, mais aussi les rapports entre ces constituants, ne serait-ce que pour vérifier l’authenticité du document. L’élément principal est cependant l’empreinte sur l’avers du sceau, empreinte réalisée à partir d’une matrice métallique gravée sur une bague ou placée à l’extrémité d’une tige de bois. Cette empreinte, propre à l’utilisateur, authentifie sa participation à l’acte, tandis que les lacs et la couleur de la cire en qualifient plutôt la nature. L’analyse des empreintes sigillographiques rappelle largement celle des représentations figurant sur les monnaies (voir Numismatique).

3   DIVERSITÉ DES SCEAUX

Plusieurs types de sceaux peuvent être identifiés. Le sceau de majesté représente le roi ou l’empereur assis sur son trône. Celui de Louis X, au début du XIVe siècle, montre le roi coiffé de la couronne à fleurs de lis, assis sur un trône aux accoudoirs en forme de lion, tenant sceptre en main droite et main de justice en main gauche, tandis que la légende circulaire désigne le « roi par la grâce de Dieu «. Les sceaux de majesté peuvent aussi représenter le roi couronné en buste. Enfin, certaines reines disposent aussi d’un sceau de majesté en forme de navette ; elles sont représentées sous un dais.

Plus répandu dans l’aristocratie, le sceau équestre représente le titulaire armé sur un cheval au galop ou, pour les dames, à l’amble. Ces représentations sont souvent précises : l’écu du titulaire est décoré de ses armoiries, et ses armes, ainsi que le harnachement du cheval, peuvent être analysés avec finesse. Le sceau de Jeanne de Châtillon, vers 1290, montre cette grande dame en pied, vêtue, sous une longue cape à la capuche relevée, d’une robe aux plis épais ; elle tient en main droite une fleur de lis ; à droite, les lis de France sur un écu et, à gauche, les armes des Châtillon, le tout dans la navette caractéristique des sceaux féminins.

Les sceaux ecclésiastiques, également souvent en ovale brisé ou en navette, représentent le titulaire debout et bénissant ; ceux des communautés ecclésiastiques et des confréries laïques utilisent, à partir du XIIIe siècle, des sceaux spécifiques. Ainsi, l’hospice des Quinze-Vingts a-t-il un sceau montrant Saint Louis, fondateur de cet établissement en 1254, guidant les aveugles vers l’hospice. Les juifs ont également leur sceau, frappé au début du XIIIe siècle, à Paris comme à Pontoise, d’un aigle sur fond de fleurs de lis.

Les métiers ont également leurs propres sceaux, représentant l’activité (la célèbre nave des marchands de Paris) ou, pour les communautés urbaines, les bâtiments emblématiques de la ville (Saint-Sernin ou le château comtal pour la ville de Toulouse, par exemple, les murailles et le beffroi pour Valenciennes). Le sceau héraldique, portant des armoiries, apparaît à partir du XIIIe siècle pour distinguer la corporation des individus qui la représentent : en 1332, le sceau des foires de Champagne est frappé des armoiries des comtes. Le sceau permet aussi à de petits seigneurs de s’identifier, tel celui des seigneurs d’Aire vers 1200 frappé du griffon, symbole christique et symbole d’immortalité. Plus largement, l’usage des sceaux se répand dans toute la société à partir du XIIIe siècle ; il traduit la diffusion du droit écrit dans l’ensemble de l’Europe chrétienne et signifie le recul des pratiques féodales du seul serment.

4   SIGILLOGRAPHIE ET HISTOIRE

La sigillographie est indispensable à la diplomatique médiévale et moderne, l’usage juridique du sceau ayant, avec la multiplication des actes simplement signés, régressé lentement à partir du XVIIe siècle, au moment où sont apparus les premiers formulaires officiels. La possession d’un sceau est longtemps resté un signe de prestige au sein de la noblesse.

Comme l’héraldique ou la numismatique, la sigillographie a connu un développement dans les domaines liés, d’une part, à l’histoire des paysages et des mœurs, et d’autre part, à l’histoire des représentations et des mentalités. Elle est désormais une approche obligée pour l’étude des sociétés anciennes.

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