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Simonin, Touchez pas au grisbi !

Publié le 07/05/2013

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Simonin, Touchez pas au grisbi ! (extrait). Avec Touchez pas au grisbi !, Albert Simonin opère une petite révolution, en introduisant, pour la première fois, l'argot des truands français dans la littérature policière. Cet argot, dont il fera quatre ans plus tard un dictionnaire, le Petit Simonin illustré par l'exemple, paraît aujourd'hui en grande partie familier. En effet, des termes tels que « poulet «, pour désigner les policiers, ou « casquer «, pour « payer «, sont désormais passés dans la langue courante. Toutefois, ils participent dans ce texte à la construction d'un univers littéraire qui, l'effet de scandale passé, garde intacte son originalité, fondée en partie sur la délectation linguistique. Touchez pas au grisbi ! d'Albert Simonin [...] Dès les poulets décarrés, tout le monde a mis les adjas. Josy et Lola restaient sur la banquette, déponnées à zéro devant leur double Martel. J'ai demandé à Josy : -- Tu penses pas que Riton va maintenant rabattre dans le secteur pour vous emmener en java ? Vaudrait certainement mieux vous casser aussi. Elles l'ont admis. J'ai casqué leurs additions, comme un gentleman. Sous le comptoir, j'ai récupéré mon calibre, là où la mère Bouche me l'avait planqué, puis on a ripé. Dehors, un petit vent frisquet balayait la nuit claire, pleine d'étoiles. Ça rafraîchissait les idées. Josy à ma droite, toute gironde dans son manteau de skunks. Lola en opossum, à ma gauche, devaient me donner l'air d'un micheton prêt au régal. Un moment je suis resté en arrière pour allumer une pipe. C'était féérique ces deux frangines, leurs gambilles longues gainées quinze deniers, jouant dans la clarté de la lune. Pas besoin d'imagination pour se mettre en train. Le pétoulet centrifuge vous amenait tout seul à température ! Dans la rue de Vanves, personne ne nous filait le train. On a dû marcher jusqu'à l'avenue du Maine pour trouver un bahut convenable, une traction noire, toute neuve. Le chauffeur, avec sa tronche de gentil voyou pour petite commerçante, ne s'est pas gouré sur noszigues. comme Josy lui donnait l'adresse du « Mystific «, la taule où elles se défendaient toutes les deux, il a précisé lui-même : -- Entrée des artistes ! Pour la douce chaleur des cuisses, le modelé des hanches, les effluves inspirants, durant le parcours, je me suis trouvé gâté, entre ces deux mômes. Hélas ! le moment se prêtait peu à l'aveu de mes émois aux bergères ; elles n'avaient qu'une idée dans le trognon : rejoindre le Mystific, où Riton avait peut-être laissé une commission. Source : Simonin (Albert), Touchez pas au grisbi !, Paris, Gallimard, coll. « Carré noir «, 1953. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

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