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LE SNOBISME

Publié le 22/02/2012

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Analyse du sujet La principale difficulté de ce sujet était de cerner la notion de snobisme, sur laquelle reposait tout le devoir. Or cette notion ne va pas de soi, et il est possible que de nombreux étudiants n'aient pas saisi la différence à établir entre la distinction sociale naturelle et celle qui est affectée, cette dernière correspondant à la mentalité des snobs. Le texte de Proust pouvait même constituer un piège, dans la mesure où le lecteur ne s'attend pas a priori à ce que l'attitude condescendante d'une princesse puisse être qualifiée de « snob ». Elle correspondrait pourtant vaguement à cette étiquette, selon E. Carassus, moins sans doute selon Bourdieu. En tout cas, il faut la faire coïncider avec le snobisme existentialiste de Saint-Germain-des-Prés, ce qui n'est pas évident.

« Un snob semble se définir tout particulièrement par rapport aux autres.

Lorsqu'il se sent inférieur à certainesclasses, il veut compenser cela en exhibant ses talents (réels ou supposés), ce que montre E.

Carassus.

Sonambition est d'arriver aux plus hauts rangs par ses artifices, ce qui l'amène souvent à des attitudes provocatrices,dans son accoutrement (vêtements usés, ongles noirs...), comme le chante B.

Vian.

Lorsqu'il se sent « arrivé », ilaffiche une sérénité condescendante, comme celle du bourgeois décoré au théâtre (Carassus), ou de la princessede Proust.

Quoi qu'il en soit, il faut se définir par rapport à la hiérarchie sociale, comme cette vieille Anglaise quitremble à l'idée qu'elle aurait pu naître dans une couche inférieure (Benthey), qu'elle n'ose même probablementimaginer, étant donné l'aveuglement et l'ignorance que semblent lui donner ses privilèges. [ 2.

Les comportements en général ] Dans leur vie quotidienne, les snobs semblent vouloir se prouver sans cesse à eux-mêmes à quel point ils sontdifférents du reste de l'humanité.

Le goût pour la rareté est assez typique de cette mentalité : le snob de B.

Vianpréfère ne pas être à la mode plutôt que de ressembler aux autres, ses penchants artistiques sont très personnelset ses maladies préférées sont nécessairement celles que peu de gens contractent.

Il faut donc absolument qu'unsnob soit original : c'est presque une condition de survie.

Le mépris de l'argent est également une vieilleréminiscence aristocratique qui fait que la princesse de Luxembourg ne paie pas elle-même ses emplettes.

Ellepréfère faire exécuter cette tâche vile par un petit nègre habillé en Spirou, ce qui lui permet du même coup de fairesensation.

Mais, selon Bourdieu, la recherche de la rareté est naturelle chez les vrais êtres distingués : ils n'ontnullement besoin de tous ces artifices, puisque leur éducation les pousse vers la discrétion et l'éloignement duvulgaire. [ Conclusion ] Le snobisme semble donc une mentalité essentiellement orientée vers la distinction apparente vis-à-vis de ceux quisont jugés de condition inférieure.

Le snob est soit celui qui veut se hisser à une condition plus haute que la sienne,n'ayant de cesse de se faire apprécier des grands, soit celui qui s'estime déjà supérieur aux autres et s'emploie à leleur montrer par sa condescendance ou son mépris (morgue aristocratique), ou par sa provocation (le dandy).

Il està distinguer de celui qui, ayant conscience de sa supériorité sociale, n'a aucun besoin d'en faire état. Si l'étymologie sine nobilitate (sans noblesse) n'est pas réellement attestée par les dictionnaires, il reste que le mot« snob » désignait, dans l'argot des étudiants de Cambridge au milieu du XIXe siècle, ceux qui n'appartenaient pas àl'Université, et en particulier les cordonniers.

On pourrait faire le rapprochement entre ce mot et celui de « cuistre »qui désignait les cuisiniers pédants.

Si ce dernier mot français marque la raillerie à rencontre des prétentionsintellectuelles des petits, le premier englobe un très grand nombre de comportements sociaux et il est facile decomprendre que la langue française l'ait adopté aussi rapidement.

Ce mot semble pourtant aujourd'hui en perte devitesse, sans doute à cause du souci médiatique qu'ont les célébrités de feindre la simplicité, de se mêler à la foule,voire de « faire peuple ».

Mais le phénomène du snobisme, s'il se marginalise en apparence, a sans doute encore unbel avenir devant lui dans une société qui ne tend certainement pas vers l'égalité.. »

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