Sonderbund

Sonderbund, alliance séparatiste constituée de sept cantons suisses, conservateurs et catholiques, le 11 décembre 1845. À l’origine d’une guerre civile, dite guerre du Sonderbund, l’alliance cantonale est défaite en novembre 1847 par les libéraux.

Par le pacte de 1815, chaque canton dispose dorénavant d’une plus grande autonomie politique et religieuse vis-à-vis de la Confédération. Au début des années 1830, alors que le courant démocratique bouscule les États européens (Révolution française de 1830, Révolution belge, etc.), les libéraux débordent les conservateurs sur la scène politique helvétique : douze des vingt-deux cantons, jusqu’alors conservateurs, ont démocratisé leurs institutions (la « régénération «). Radicalistes, ces libéraux défendent une politique démocratique, centralisée et anticléricale. Et, pour avoir obtenu la fermeture des couvents en Argovie (1841) et pris des positions hostiles aux jésuites, les radicaux aggravent l'inquiétude des cantons catholiques et conservateurs.

Aussi, en réaction, le canton catholique de Lucerne confie-t-il son enseignement secondaire aux jésuites (1844), ce qui est perçu comme une provocation par les radicaux — d'autant qu'ils ne disposent, au niveau confédéral, d’aucun moyen légal pour contrecarrer cette décision. En mars 1845, Lucerne est alors l'objet d'une tentative de subversion armée contre le gouvernement conservateur ; à cette agression stérile s'ajoute l'assassinat du chef des catholiques lucernois, Joseph Leu, en juillet 1845.

Devant l'escalade des tensions et afin d'assurer la défense de leur souveraineté, par la force si besoin, sept cantons catholiques — Lucerne, Uri, Schwyz, Unterwald, Zug, Fribourg et Valais — constituent secrètement une ligue défensive le 11 décembre 1845. Cette alliance, baptisée Sonderbund (« alliance séparée «) par ses adversaires, cherche des appuis auprès des États catholiques européens. Parallèlement, elle engendre immédiatement la désapprobation de la majorité des Suisses, également partisans de l'expulsion des jésuites de la Confédération.

Le 20 juillet 1847, la Diète helvétique, au sein de laquelle les radicaux sont majoritaires, adopte la dissolution du Sonderbund déclaré illégal. Le refus des ligueurs de se soumettre à cette décision déclenche une guerre civile, dite du Sonderbund, début novembre 1847. Une armée fédérale de 50 000 hommes recrutés dans les douze cantons « radicaux « est formée et son commandement est confié au général Dufour. En moins d'un mois, la guerre civile est achevée : les partisans catholiques moins nombreux et mal organisés sont vaincus. En plus de la dissolution effective du Sonderbund, les cantons catholiques doivent payer des dommages de guerre. Néanmoins, ils siègent à nouveau à la Diète dès la fin de l'année.

À la suite de cette crise, la Confédération helvétique adopte une nouvelle Constitution en 1848.