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taliban

Publié le 05/04/2013

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1   PRÉSENTATION

taliban, membre du mouvement islamique fondamentaliste d’Afghanistan qui a contrôlé la majorité du pays de 1996 à 2001.

Le mouvement des talibans a été fondé en août 1994 par le mollah Mohammed Omar, dans la ville de Kandahar, au sud de l’Afghanistan. Le nom de taliban, qui signifie « étudiant «, est censé faire référence aux origines du groupe, bien que la plupart de ses membres aient connu la guerre toute leur vie et n’aient été étudiants que le temps d’une formation religieuse rudimentaire.

2   UN MOUVEMENT NÉ SUR LES DÉCOMBRES DE LA GUERRE SOVIÉTO-AFGHANE

Le mouvement des talibans est issu du chaos et des incertitudes de la guerre soviéto-afghane (1979-1988), ainsi que des conflits internes qui l’ont suivie. Pendant les années 1980, l’Afghanistan est occupé par l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et dirigé par un gouvernement soutenu par les Soviétiques. La longue guerre qui a opposé l’Afghanistan à l’URSS a été essentiellement menée par les factions moudjahidines avec l’assistance militaire des États-Unis, le Pakistan fournissant également un soutien sous diverses formes, lieux de refuge et entraînement militaire notamment (voir guerre d'Afghanistan).

Après le retrait des troupes soviétiques en 1989, une guerre civile éclate entre les factions moudjahidines et le gouvernement central. Les Pachtounes, ethnie afghane majoritaire, dominait depuis longtemps les affaires du pays, mais, après le retrait des Soviétiques, c’est une coalition gouvernementale réunissant Tadjiks, Ouzbeks, Hazaras et autres groupes ethniques minoritaires qui s’installe au pouvoir. Les talibans, qui se présentent au départ comme émergeant des factions moudjahidines, sont essentiellement constitués de Pachtounes déterminés à reprendre le contrôle du gouvernement central à Kaboul. Ils sont entraînés et armés par le Pakistan, où vit également une population pachtoune numériquement importante. Les talibans se donnent une image de force nouvelle au service de la paix et de l’unité, et de nombreux Afghans, notamment les Pachtounes, les soutiennent dans l’espoir de trouver un répit après ces années de guerre.

3   LA PRISE DE KABOUL

À la fin de l’année 1994 et au début de 1995, les talibans se déplacent vers le sud et l’ouest de l’Afghanistan et prennent le contrôle de Kandahar et d’autres villes et bourgades, alors sous la domination de compatriotes pachtounes. Puis c’est le tour d’Herat et de la plupart des localités situées sur l’axe routier principal du sud et de l’ouest. En février 1995, les talibans atteignent les faubourgs de Kaboul, d’où ils sont délogés par les forces gouvernementales au mois de mars. En octobre, ils lancent une nouvelle offensive sur la capitale. Tout en faisant pleuvoir sur Kaboul bombes et fusées, les talibans poursuivent leur avancée et prennent le contrôle de l’est de l’Afghanistan, puis de la région centrale du pays. Ils continuent à soutenir le siège de Kaboul, la « Babylone «, par assauts intermittents, tout au long de l’année 1996, jusqu’à ce qu’ils parviennent à prendre la ville en septembre.

Les troupes gouvernementales s’enfuient, tandis que les Pachtounes reprennent le contrôle de la capitale. Peu après la chute de la ville aux mains des talibans, Mohammad Najibullah, dernier président du pays soutenu par les Soviétiques, et son frère Shahpur Ahmadzai, chef de la sécurité, qui avaient l’un et l’autre trouvé refuge dans l’enceinte des Nations unies à Kaboul en 1992, sont traînés à l’extérieur des locaux par les talibans avant d’être roués de coups, fusillés et pendus sur la place publique.

4   UN MÉLANGE DE TRADITION PACHTOUNES ET DE FONDAMENTALISME ISLAMIQUE

Après avoir repris le contrôle de Kaboul, les talibans créent un service gouvernemental qu’ils nomment « Ministère pour la prescription de ce qui est bien et l’interdiction de ce qui est mal «, afin de faire respecter les règles de conduite « vertueuses «. L’ordre moral imposé par les talibans repose à la fois sur le code tribal pachtoune, le pachtounwalli, et sur la charia — les règles édictées par ces deux instances pouvant être contradictoires sur certains points. Les chefs talibans proscrivent la musique, ferment les cinémas, brûlent les films et interdisent la consommation d’alcool. Les hommes sont contraints de se laisser pousser la barbe, selon la coutume de l’Islam traditionaliste. On les rassemble pour les fustiger, afin de les inciter à revenir prier dans les mosquées. Les femmes doivent se dissimuler de la tête aux pieds sous un long voile couvrant, le tchadri, qui possède pour seule ouverture un rectangle noir de tissage plus lâche au niveau des yeux ; celles qui ne sont pas convenablement vêtues sont battues. Les talibans ferment les écoles de filles, interdisent l’accès des hôpitaux aux femmes, qui n’ont pas le droit de travailler hors de chez elles. En conséquence, les hôpitaux perdent l’essentiel de leur personnel et les enfants des orphelinats sont laissés à l’abandon. Dans un pays où des centaines de milliers d’hommes ont été tués à la guerre, les veuves se retrouvent dans l’impossibilité de travailler, alors qu’elles représentent la seule source de revenu pour leur famille.

Les talibans transmettent les lois et règlements qu’ils édictent via Radio Kaboul et par l’intermédiaire de camions équipés de haut-parleurs. Le meurtre, l’adultère et le trafic de drogue sont punis de mort. Les talibans autorisent également la lapidation des femmes accompagnées d’un homme avec lequel elles n’ont pas de relation de parenté. Parmi les autres règles appliquées figure l’amputation d’une main comme châtiment pour vol. Ces pratiques, réprouvées dans le monde entier, ont alerté un certain nombre d’organisations militant pour les droits de l’homme.

5   L’EXPANSION DES TALIBANS ET LA RÉSISTANCE AFGHANE

La victoire rapide des talibans à Kaboul en septembre 1996 leur ouvre la voie pour la conquête du reste du pays, et leurs soldats progressent vers le nord jusqu’aux places fortes des Tadjiks, Ouzbeks et Hazaras, dans les montagnes. Le président Burhanuddin Rabbani et le Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, qui ont pris la fuite lors de la prise de Kaboul, restent dans le nord du pays et continuent la lutte contre les talibans aux côtés d’autres factions. Cette résistance tente de s’organiser au sein d’une alliance entre les différents chefs de l’opposition islamique, dite Alliance du Nord, dirigée par le héros de la lutte contre l’occupant soviétique, le commandant Massoud. En novembre 1996, les talibans sont repoussés vers la capitale. Les affrontements sporadiques entre talibans et factions du nord, armés par les Russes et les Iraniens, aboutissent à une impasse au début de l’année 1997, la totalité du pays, à l’exception du nord, demeurant sous la coupe des talibans. Des milliers de réfugiés affluent dans les camps organisés par l’ONU, à l’extérieur d’Herat.

Malgré les préoccupations relatives au non-respect des droits de l’homme et à la situation des femmes notamment, les Nations unies et un certain nombre d’autres pays, dont les États-Unis, tentent de maintenir un dialogue diplomatique avec les talibans dans l’espoir de ramener la paix dans la région. Ce dialogue est rompu, en 1998, à la suite du refus des talibans d’extrader le terroriste présumé d’origine saoudienne Oussama Ben Laden, soupçonné d’être l’auteur des attentats d’août 1998 contre les ambassades américaines du Kenya et de la Tanzanie. Le Conseil de sécurité de l’ONU impose l’année suivante, pour les mêmes raisons, des sanctions économiques et commerciales à l’Afghanistan.

En septembre 2000, les talibans contrôlent la quasi-totalité de l’Afghanistan et renforcent leur emprise sur le pays, détruisant notamment les deux bouddhas géants de Bamyan, sculptés au début du viie siècle. Cette destruction, survenue en mars 2001, et ordonnée par le chef suprême des talibans, Mollah Mohammed Omar, dans le but de faire disparaître toute trace de civilisation antérieure à l’Islam, suscite une vive émotion dans l’opinion publique internationale.

6   L’EFFONDREMENT DU RÉGIME DES TALIBANS

À la suite de l’annonce d’un attentat-suicide perpétré contre le commandant Massoud le 9 septembre 2001, les troupes des talibans enregistrent de très fortes progressions face aux forces de l’Alliance du Nord. La mort du chef emblématique de la résistance au régime taliban vient fragiliser encore davantage une alliance que menacent les divisions ethno-religieuses et les ambitions personnelles.

Mais deux jours après l’assassinat du commandant Massoud, quatre avions de ligne détournés s’écrasent aux États-Unis, causant la mort d’environ 3 000 personnes. Le milliardaire islamiste Oussama Ben Laden est suspecté d’être à l’origine de ces attentats. Les talibans, qui l’abritent en Afghanistan, refusent de le livrer, tandis que George W. Bush cherche à mettre en place une coalition internationale contre le terrorisme. Les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite puis le Pakistan rompent alors leurs relations avec les talibans. Les bombardements américano-britanniques sur l’Afghanistan commencent le 7 octobre. Ils visent les installations de l’organisation Al Qaida de Ben Laden ainsi que les aéroports contrôlés par les talibans afin de s’assurer la maîtrise du ciel. Les avions américains pilonnent également les positions des talibans sur les lignes de front et dans les villes principales afin de permettre la progression de l’Alliance du Nord.

En quelques semaines, l’Alliance du Nord se rend maîtresse de la majeure partie de l’Afghanistan. Après avoir réussi à prendre le contrôle de la ville stratégique de Mazar-é Charif puis de la plupart des provinces du nord, elle entre dans Kaboul le 13 novembre. La reddition des talibans a ensuite lieu à Kunduz et finalement à Kandahar, le 6 décembre, la dernière ville où ils résistaient et où est censé se cacher le chef des talibans, le mollah Mohammed Omar.

La chute du régime des talibans marque l’espoir d’une ère nouvelle pour l’Afghanistan avec la mise en place d’un gouvernement de transition à la fin décembre 2001 et le déploiement à Kaboul d’une Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan (ISAF) mandatée par le Conseil de sécurité de l’ONU. Toutefois, les talibans restent présents et actifs en Afghanistan. Ils procèdent à des attaques régulières du pouvoir — chef de l’autorité intérimaire élu à la tête du pays en octobre 2004, Hamid Karzaï échappe notamment à un attentat en septembre 2002 — et mènent des actions de guérilla de grande ampleur, notamment pendant l’été 2005.

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