Till l'Espiègle
Publié le 27/03/2013
Extrait du document
Écrivain belge de langue française, Charles De Coster (1827-1879) connut un premier succès grâce à un recueil de Légendes flamandes du XVIe siècle, puis, avant Till l'Espiègle, à un recueil de Contes brabançons.
«
«Qu'on arrache au duc
ses entrailles, qu'on lui
en fouette
le visage ( ••• )
Que le duc soit maudit ! A mort le meurtrier ! »
EXTRAITS -------~
Soetkin dit un jour à Claes:
-Mon homme, j'ai l'âme navrée : voilà
trois jours que Till a quitté la maison ; ne
sais-tu où il est ?
Claes répondit tristement:
- Il est où sont les chiens va
gabonds, sur quelque grande
route, avec quelques vauriens
de son espèce.
Dieu
fut cruel
en nous donnant un tel fils.
Quant il naquit,
je vis en lui
la joie de nos vieux jours, un
outil de plus dans la maison :
je comptais en faire un ma
nœuvrier,
et le sort méchant
en
fait un larron et un
fénéant.
-
Ne sois point si dur, mon
homme,
dit Soetkin ; notre
fils, n'ayant que
neuf ans, est
en pleine folie d'enfance.
Ne
faut-il pas qu'il laisse,
comme les arbres, tomber ses
glumes sur le chemin
avant
de se parer de ses feuilles, qui sont aux
arbres populaires honnêteté et vertu ? Il est
malicieux,
je ne l'ignore ; mais sa malice
tournera plus tard à son profit, si, au lieu de
s'en servir à de méchants tours, il l'emploie
à quelque utile métier.
Il se gausse du pro
chain volontiers, mais aussi plus tard il tien
dra bien sa place en quelque gaie confrérie.
Il rit sans cesse ; mais les faces aigres avant
d'être mûres sont un méchant pronostic
pour les visages à venir.
L'orphelin et la veuve, marchant sur
le bois
brûlé, vinrent au corps ; tous deux baisèrent
le visage de Claes avec larmes.
Till prit à la place du cœur, là où la flamme
avait creusé un
grand trou, un peu de
cendres du mort.
Puis s'agenouillant,
Soetkin et lui prièrent.
Quand l'aube parut blêmissante
au ciel, ils étaient encore là tous
les deux ; mais le sergent les chassa de peur
d'être puni à cause de son bon vouloir.
En
rentrant,
Soetkin prit un morceau de soie
rouge et un morceau de soie noire ; elle en
fit un sachet, puis elle y mit les cendres ; et
au sachet, elle mit deux rubans, afin que Till
le
pût toujours porter au cou.
En lui mettant
le sachet, elle lui dit :
- Que ces cendres qui sont le cœur de mon
homme, ce rouge qui est son sang, ce noir
qui est notre deuil, soit toujours sur ta poi
trine, comme
le feu de vengeance contre les
bourreaux.
- Je le veux, dit Till.
Et la veuve embrassa l'orphelin, et le soleil
se leva.
- Qui es-tu
? demanda le seigneur.
- Je suis
Till/' Espiègle,fils de Claes, mort
dans les flammes pour la
foi.( ...
)
- Qui est ce gros homme
? demanda Très
Long montrant Lamme
du doigt.
- Mon compagnon
et
ami, répondit Till : il
veut, comme moi, chan
ter sur ton navire, à belle
voix d'arquebuse, la
chanson de la délivrance
de la terre
def/ pères.
« Et il partit avec elle
en chantant sa sixième
chanson, mais nul ne
sait où
il chanta la dernière.»
C'est de la légende de
Till, ou, plutôt, de son
surnom
« Eulenspiegel »,
que vient le mot français «espiègle».
Le mot
allemand
eulenspiegel
signifie « chouette » et
«miroir».
Les premières
éditions de l'histoire de
Till portent d'ailleurs
au frontispice une
chouette qui se regarde
dans un miroir.
NOTES DE L'ÉDITEUR sédentaires, de l'aventurier oisif sur le
travailleur rivé
à sa tâche.
» Encyclopœdia
Universalis,
édition 1980.
Laffont et Bompiani, Dictionnaire des
personnages,
éditions Robert Laffont, 1984.
~< Eulenspiegel dépasse le niveau de la
farce : l'auteur se livre à une critique des
artisans, des citadins, du clergé, des
souverains et des universitaires de l'époque.
C'est la revanche du paysan gaussé et
méprisé, du pauvre sur les riches ; mais
comme le fripon prend aussi pour cible les
paysans, on ne peut
s'en tenir à cette
interprétation.
L'ouvrage proclame
généralement le triomphe de l'esprit de
liberté sur l'ordre établi, de l'individu
marginal sur la société, de l'errant sur les
« Rusé mais généreux, simple mais
caustique, parfois facétieux et bouffon
mais au fond amer,
il (Till) incarne les
aspirations
moral~s et politiques de ceux
de sa sorte, leur indignation et leur
humanité non exempte
d'héroïsme.»
Till est devenu vengeur,« mais son but
s'élargit, devient symbole spirituel de lutte,
Till devient un idéal humain, et
c'est en cela
que réside sa véritable signification.
»
1 coll.
Viollet 2, 3, 4, 5 dessins de M.
Langaskens, Office de Publicité, Bruxelles, 1938
L'adaptation musicale de Richard Strauss
fut unanimement reconnue :
« En musique,
l'adaptation la plus remarquable
est le
poème symphonique de Richard Strauss,
Les Joyeux Tours de Till Eulenspiegel
(1890), œuvre sarcastique qui s'en prend
aux conventions bourgeoises, où le héros
finit pendu, mais lègue son esprit en
héritage à l'Allemagne.
» Encyclopœdia
Universalis,
1980.
DECOSTER02.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Till Eulenspiegel ou Tyl Uylenspiegel, en français Till l'Espiègle, héros légendaire allemand du XIV e siècle.
- Charles De Coster: Till l'Espiègle (Résumé & Analyse)
- TILL EULENSPIEGEL. Personnage populaire allemand
- TILL EULENSPIEGEL. (résumé et analyse)
- Till Eulenspiegel - lengua y litteratura.