TOURSKY
Publié le 06/09/2012
Extrait du document
Quelqu'un qui se voulait méprisant a dit un jour de ma poésie que c'était une poésie de chambre de passe; eh bien cela m'a fait énormément plaisir ... N'y aurait-il de poésie que dans les hôtels particuliers, les salons des grands couturiers et les parcs à la française ?
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l'homme quotidien est tm visage désolé, mal accordé à l'avenir et plus mal encore au présent.
Du moins est-ce nn visage vivant, qui ne se dérobe pas plus aux haisers véné· neux: de l'amour qu'aux: regards impassibles de Dieu.
Et le son tragique des poèmes de Toursky dément leur légèreté, leur fantaisisme un peu trop spectaculaire.
C'est d'une poésie grave et méditée que l'on se souvient après avoir, sur le moment, été surtout sensible au pittoresque du décor, à la bravoure de la démarche ; le pouvoir rayonnant des images de Toursky ne s'exerce pas sur-le-champ; il néces· site la collaboration du lecteur ; mais c'est en profondeur qu'il se développe et quiconque le subit ne peut plus en· suite s'y soustraire.
Car c'est d'évidence qu'est faite cette poé· sie concrète et discrète, une évidence dont chacun de nous ne se protège qu'au prix d'un mensonge courageux: et qui est celle de notre exil parmi les choses, qu'il faut aimer pour· tant, dans leur étrange beauté, puisqu'elles sont du voyagQ :
Cigarette sur cigarette,
Mort d'ennui, je grille mon jour.
Pas une histoire dans la tête,
Au cœur des os pas un amour.
Pas une image pour en faire
Quelque raison de parler haut.
Et quel désordre ...
A toi la pierre,
A moi la corde, à d'autres l'eau.
Compa.ç rouillés, routes perdues : On entend cogner sans raison,
Dans la cale des avenues,
Cette invendable cargaison.
Bâbord : la première
nuit blanche, Et je disais toujours demain ...
Tribord : le repos de ta hanche,
Le sommeil campeur de la main.
Un paresseux sans
yeux ni bouche
Blesse le temps, compte les coups,
Gardez la dernière cartouche,
Et que nul n'ait pitié de vous.
(Connais ta libertciJ.
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